Société

Le Gala des Olivier : Gala gaga

Dimanche soir prochain, deux femmes s’affronteront au petit écran. Sur les réseaux de télé américains, Whoopi Goldberg, actrice hyper-drôle, brillante et caustique, animera la traditionnelle soirée des Oscar, en direct de Los Angeles. Une soirée glamour où l’on commentera autant la tenue vestimentaire des stars que la qualité des films en nomination. Un must. Le 21 mars, à 20 h 30 heures, à CTV.

À TVA, le mème jour, à 19 h 30, l’humoriste Lise Dion animera les Olivier, premier gala de l’humour québécois. Organisée par l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour (lobby puissant s’il en est un), commanditée par Labatt Bleue et Rona, cette soirée vise à souligner publiquement le travail de nos humoristes. Il fut un temps où l’humour était récompensé lors du Gala de l’ADISQ. Mais voilà, ce n’est plus suffisant pour cette industrie gonflée à bloc, mais dont la qualité, avouons-le, laisse souvent à désirer.
Des trophées, baptisés en l’honneur d’Olivier Guimond, seront donc remis à ceux et celles qui ont le plus fait rire les Québécois (malheureusement, Jean Charest et Gilles «casque de bain» Duceppe ne sont pas en nomination). Question de remettre le plus de prix possible, on a créé des catégories légèrement tirées par les cheveux comme le Meilleur personnage humoristique, la Meilleure imitation ou le Meilleur monologue. C’est comme si, au cinéma, on remettait des prix pour la Meilleure scène d’amour ou le Meilleur dialogue. En d’autres mots, on étire la sauce. Les Québécois ne sont-ils pas sursaturés de voir défiler les humoristes au petit écran? Qui a le goût de rater les Oscar pour voir encore François Morency, Claudine Mercier, Yvon Deschamps et compagnie? On les voit à longueur d’année! On n’est plus capable!

Au Québec, dans les années 60 et 70, l’humour servait d’exutoire à une génération trop longtemps brimée par l’Église. Au début des années 80, les gens se précipitaient dans les petites salles enfumées, les cabarets, les auditoriums de cégeps et d’universités, où il se disait et se passait des choses subversives. Aujourd’hui, l’humour est une business, une institution. Entre une joke sur les hémorroïdes et un long monologue sur les souvenirs insipides d’un adolescent boutonneux, on remercie ses commanditaires, on plogue son auberge ou son papier de toilette, et on passe à autre chose. Bref, l’humour n’est plus un besoin essentiel.

Avions-nous besoin d’un gala télévisé pour le souligner?

Le Kosovo
Il n’y a pas que le Salon du livre qui se déroule à Paris. Il y a aussi la reprise de la conférence visant un accord sur l’autonomie de la province serbe du Kosovo. Et voilà que le service de l’information de Radio-Canada s’est enfin décidé à sortir l’artillerie lourde pour faire la lumière sur cette crise complexe qui retient l’attention internationale depuis longtemps déjà.

Lundi soir dernier, l’équipe du Téléjournal et du Point présentait une émission spéciale d’une heure sur la question. Rappel historique, portrait, analyse des enjeux militaires, entrevue avec des spécialistes, cette excellente émission, animée par Stéphan Bureau, nous permettait de mieux comprendre ce conflit qui peut nous paraître terriblement compliqué. Jeudi et vendredi soir prochains, le Réseau de l’information prend le relais en diffusant deux grands reportages sur la question. Kosovo, la dernière bataille serbe, un reportage de la BBC, retrace entre autres les origines du conflit, et présente les enjeux qui sont sur la table. Kosovo: la poudrière, réalisé par une équipe de France 3, se penche sur les affrontements entre Kosovars albanais et Kosovars serbes, et s’interroge sur la possibilité de résoudre ce conflit sans l’intervention militaire de l’OTAN. À ne pas manquer, jeudi 18 mars et vendredi 19 mars à 20 h. RDI.

Femmes, le mauvais genre?
Il s’est dit et écrit beaucoup de stupidités sur les femmes en général, et les féministes en particulier, depuis la fameuse affaire Rozon. Dans un étrange revirement de situation difficile à expliquer, le mouvement des femmes se retrouve soudainement au banc des accusés. Faut le faire, non?
Question de se replonger dans des lectures intelligentes qui suscitent la réflexion, pourquoi ne pas acheter le dernier numéro de la revue Manière de voir, publiée par l’équipe du Monde diplomatique. Femmes, le mauvais genre? est un recueil de textes qui abordent différentes questions relatives aux femmes. Parmi les sujets traités: l’absence des femmes dans les domaines scientifiques, le partage des tâches, et la prostitution, un sujet chaud en Europe ces temps-ci. Une chercheuse du CNRS se demande, entre autres, comment il est possible de permettre aux individus de «vendre» leur corps, alors qu’en Europe, il est interdit de vendre son sang et ses organes. Question intéressante. La présence des femmes en politique et la déchirante question de la parité sont également au centre des préoccupations des intellectuelles européennes. Parmi les auteures, on trouve deux universitaires québécoises, Francine Descarries et Christine Corbeil, de l’UQAM, qui signent un papier sur la maternité et le féminisme. Tous les textes sont courts, concis, et l’ensemble du numéro nous fait faire un bon tour d’horizon de la situation des femmes en Europe. Un magazine à conserver.