Société

4 jeudis : Le débarquement de diètes

Quand on a la santé, mieux vaut la conserver, surtout au prix qu’elle coûte.

Dans la foulée de la version québécoise de son nouvel ouvrage Je mange, je maigris et je reste mince, Michel Montignac, le célèbre inventeur de la méthode amaigrissante du même nom, s’est vu rouvrir les ondes du Québec, histoire d’ajouter quelques brebis à son troupeau bien garni. L’heure est au bilan: sept millions de ses livres vendus et autant de perdues, 24,95 $ par livre, 265 dollars pour trois heures trente de consultation dans un de ses centres, 85 $ pour l’ouverture d’un dossier, etc. Le monde est vaste et gros.

Il lui est déjà vendu.

Prenez le fort sympathique et brillant Daniel Pinard: lui qui fuit comme la peste les pressions que la commandite indirecte exerce sur ses émissions, le voilà qui a consacré à deux reprises l’essentiel de son Ciel mon Pinard à la méthode Montignac.

Balayant toute réserve quant à l’efficacité des régimes Montignac, Pinard se range parmi les témoins qui ont enfin vu la lumière, et le bout de leurs pieds. Il a, dit-il, lui-même perdu un excès pondéral considérable en suivant le régime. Voilà un argument de poids.

Pourtant, du même souffle, Pinard nous ramène la méthode à un slogan archaïque et peu dispendieux, hérité de nos grands-mères: pour maigrir il faut bannir les quatre vieux P: pain, patates, pâtes, pâtisseries. Et pour rester mince? Adhérer à la religion des nouveaux «P» en attendant que la liposuccion soit remboursée par l’assurance-maladie: publicité, piastre, pognon, plogue.

Montignac pourtant ne semble faire que des heureux. À l’exception de ses concurrents. Diététistes, nutritionnistes, Weight Watchers, charlatans ou vrais médecins qui se disputent les gros du marché ne laisseront pas ce J-A Défossé de la diététique filer avec toute la caisse. Ils ont trouvé une réplique amusante. Le régime Montignac cause un excès de protéines qui peut provoquer des calculs rénaux chez ceux qui ne sont pas gros. Cette fois-ci, l’argument est… mince. Pourquoi des «pas gros» se mettraient-ils au régime? Par déviance et nostalgie: Montignac est une méthode largement employée par des baby-boomers qui, sans être gros, veulent l’impossible. Demeurer mince… comme à vingt ans. Effectivement, j’en connais des masses.

Après le pneu, les yeux.
Grassouillets, bien enveloppés et autres dodus se consolent souvent de leur apparence physique et des jugements esthétiques cruels en travaillant sur leurs belles âmes. Et les yeux, c’est bien connu, sont le miroir de l’âme. Depuis quinze ans, les myopes gardent l’âme légère et évitent de s’écorcher le bout du nez en se faisant simplement opérer la cornée. Cette fois-ci, ce sont les optométristes (lisez vendeurs de lunettes) qui trouvent à y redire. Ils rappellent que, faute d’être dangereuse, l’opération ne sera pas définitive.

En effet, à défaut de devenir myope, vous serez quand même presbyte tôt ou tard, en vieillissant. Argument limpide. Pourquoi subir le stress d’une opération, alors qu’un jour nous aurons tous besoin de lunettes? Achetez nos belles montures immédiatement, chers patients! Pardon, chers, très chers clients. Heureusement qu’on prend soin de nous.

Deux petits «motons» qui jouent du tam-tam et tripent au Mexique en creusant des trous déterrent par hasard un bout de potiche et le mettent dans leurs poches. Malchance, c’est un morceau du patrimoine national. L’un des freaks se fait arrêter par quelques policiers corrompus. Vlan! On le fout en prison tête première. La famille s’émeut, le Québec aussi. Le Canada plaide, la famille paie. Il sort de prison. Les freaks sont contents. «Il y a bien des gens à Montréal qui ont envie d’entendre notre histoire», dit l’un d’eux. «Che Guevara et Castro ont déjà été incarcérés dans la prison où j’ai été détenu», dit l’autre. Heille man! C’est-tu assez au boutte…