Les cyclistes délinquants : Tasse-toi, mononcle!
Société

Les cyclistes délinquants : Tasse-toi, mononcle!

Si la majorité des cyclistes conduit prudemment, certains se moquent carrément des règles de la sécurité routière. Selon la Société d’assurance automobile du Québec, les cyclistes sont responsables de 60 % des accidents impliquant un vélo et une auto. Y a pas de quoi rire…

Feux rouges brûlés, zigzags entre les voitures, rodéos sur les trottoirs: décidément, certains cyclistes ont de bien curieuses façons de nous rappeler que l’été est à nos portes. «Pourtant, comme les automobilistes, ils ont des droits et des obligations, et ils s’exposent à des amendes s’ils enfreignent le Code de la route, affirme le lieutenant Louise Bonneau de la section Sécurité routière de la SPCUM. Aux yeux de la loi, les cyclistes sont considérés comme des usagers de la route à part entière.»

Chaque année, l’arrivée du temps plus doux entraîne une augmentation des comportements délinquants chez les cyclistes _ comme chez les automobilistes. Les autorités le savent et se passent le mot. «Au printemps, histoire de commencer la saison du bon pied, nous essayons d’être particulièrement vigilants en ce qui concerne les infractions», dit Louise Bonneau.

Jean-François Pronovost, directeur général de Vélo Québec, déplore cette façon de faire. «Je suis conscient que les policiers ont d’autres chats à fouetter et ils fonctionnent avec des ressources limitées, mais pour agir efficacement, il faudrait faire en sorte d’appliquer le Code de la route durant tout l’été et pas juste au début.»
L’an dernier, le bilan avait été particulièrement lourd. Sur le territoire de la CUM, le nombre de blessés graves dans les accidents impliquant une automobile et un vélo a connu une augmentation de 35 %, passant de 51 en 1997 à 69 en 1998. Et la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) affirme que, dans 60 % des cas, c’est le cycliste qui est responsable de l’accident.

Sans nier le problème, Jean-François Pronovost tient toutefois à apporter un bémol aux statistiques. «Je ne remets pas en cause le fait que le comportement des cyclistes peut être parfois délinquant. Mais les rapports d’accidents sont généralement peu loquaces en ce qui concerne la responsabilité: il est donc difficile de déterminer qui est coupable. De plus, le nombre d’accidents peut varier énormément d’une année à l’autre. De façon générale, on a constaté que, depuis une quinzaine d’années, le nombre d’accidents tend à diminuer, alors que la pratique du vélo, elle, augmente. Dans l’ensemble, les comportements s’améliorent», note-t-il.

Faut-il tirer sur les messagers?
Reconnus pour la témérité de leur conduite, les quelque trois cents messagers à vélo qui sillonnent quotidiennement les artères du centre-ville sont souvent pointés du doigt _ littéralement _ par les automobilistes exaspérés. À tort, selon Stéphane Funaro, fondateur de l’Association des messagers à vélo de Montréal. «Les messagers à vélo ne respectent peut-être pas le Code de la route, mais ils savent pour la plupart où ils s’en vont, et ne sont que très rarement impliqués dans des accidents. Selon moi, les cyclistes qui posent problème sont ceux qui prennent le trottoir en guise de piste cyclable et qui font n’importe quoi, n’importe où. Ils sont dangereux parce qu’ils ne savent pas conduire.»

À ce titre, Stéphane Funaro souligne que les policiers, habitués aux frasques des messagers à vélo, ferment souvent les yeux sur les infractions qu’ils commettent. «En trois ans de travail, je n’ai reçu que trois contraventions, et chaque fois, les policiers n’étaient pas familiers avec le centre-ville.»

Prévenir pour guérir
Afin de réduire le nombre d’accidents, tous s’entendent sur les bienfaits de la prévention.

À la SPCUM, on mise davantage sur la sensibilisation des jeunes du niveau primaire. «Plus l’éducation est faite tôt, plus les comportements sécuritaires seront ancrés dans les habitudes», affirme Louise Bonneau.

Pour sa part, Vélo Québec, qui lance annuellement des campagnes de sensibilisation grand public, vise quant à lui à rejoindre les cyclistes, mais aussi les automobilistes. Jean-François Pronovost souligne que pour faire bouger les choses, tous les usagers de la route doivent accepter de modifier leurs habitudes. «Après un accident avec un vélo, la première chose que dit l’automobiliste, c’est: "Je ne l’avais pas vu!" Les automobilistes ne s’attendent pas à voir un vélo dans la rue avec eux.C’est pourtant leur place!»

Mais, du même souffle, il affirme qu’il n’y a pas de solution magique au problème des cyclistes délinquants. «Nous travaillons présentement à relier les pistes cyclables entre elles pour former un véritable réseau, ce qui devrait améliorer considérablement la sécurité des déplacements. Mais les pistes cyclables ne règlent pas à elles seules le problème des cyclistes délinquants pour autant.»

Vélo Québec a déjà proposé un cours d’initiation au vélo, histoire de donner de l’assurance aux gens peu familiers avec les exigences de la conduite en ville. «Étonnamment, ça n’a pas été très populaire. J’imagine que les gens concernés ne veulent pas piler sur leur orgueil_» Mais il souligne également que les cyclistes n’ont pas le monopole de la conduite dangereuse. «Il ne se passe pas une journée sans que je voie un automobiliste passer à un feu rouge au coin de chez moi. Et les conséquences d’un accident sont alors d’un tout autre ordre.»
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Le Code de la route et les cyclistes

Selon le Code de la route, les cyclistes doivent:_ arrêter aux feux rouges et aux stops;_ rouler dans le sens de la circulation, à l’extrême droite de la chaussée; _ circuler à la file indienne lorsqu’ils font partie d’un groupe;_ emprunter la piste cyclable lorsqu’il y en a une.Le Code de la route interdit aux cyclistes:_ de rouler entre deux files de voitures circulant sur des voies contiguës;_ de circuler sur les trottoirs, à moins que les règlements ne l’autorise;_ de transporter un passager, à moins que la bicyclette ne soit munie d’un siège adéquat;_ de rouler avec un baladeur. Pour dépasser un cycliste, les automobilistes doivent:_ ralentir, si un véhicule vient en sens contraire, et attendre que la voie soit libre;_ laisser un espace suffisant pour que le cycliste puisse éviter les obstacles, comme une bouche d’égout, par exemple. Source: Maîtriser le volant (guides Tecnic)