Cette semaine, je vous le jure, j’aurais bien aimé vous entretenir, pour une fois, de sujets constructifs. Comme la venue possible, dans la région de Montréal, d’une usine de puces informatiques.
Vous n’en avez pas entendu parler? C’est vrai qu’on en a peu fait état, contrairement au clone de Disneyworld que les «faillis» d’Olympia & York comptent ériger dans le Vieux-Port. Ça, c’est constructif! Un Super Splash comme projet social.
Non, le truc aux puces, ce n’est pas grand-chose, seulement un investissement de deux milliards de dollars, qui créera plus de mille emplois dans une industrie de pointe.
Il aurait été plus constructif de parler de ce qui va bien plutôt que de ce qui va mal, comme l’ami lecteur le réclame souvent. Mais non. Il faut encore que je m’acquitte de sales besognes.
Alors sortez votre désinfectant, vos pesticides, vos insecticides et de la mort-aux-rats _ surtout la mort-aux-rats. On va faire un gros ménage.
À vos chiffons! Et n’oubliez pas vos masques, parce que ça empeste.
Une éthique éthérée
La démocratie municipale est mal en point. Les révélations rendues publiques par la journaliste Isabelle Hachey de La Presse donnent la nausée: votes achetés, usurpation d’identité, création de partis bidon pour diviser l’opposition, financement illégal à la limite du blanchiment d’argent… Des caisses occultes, sapristi! Le tout érigé en système dans plusieurs villes de la région. Ce n’est pas le Pérou (le vrai, celui du président Fujimori), mais presque.
Ajoutez à cela les histoires de conflits d’intérêts, de financement douteux du parti du maire, et de contrats municipaux accordés sans appels d’offres, et vous vous retrouvez dans la vase jusqu’au cou. Pas besoin d’être un crack en calcul différentiel pour comprendre que deux plus deux font cinq chez plusieurs élus municipaux.
L’éthique éthérée du parti de Pierre Bourque n’a rien d’illégal. Elle est carrément immorale. Les mours démocratiques de l’administration en place ont la légèreté d’une poussière. C’est pour cela qu’il n’y a plus de vraies consultations publiques sur plusieurs grands projets à Montréal, au mépris de l’intérêt des Montréalais.
À commencer par les fusions municipales. Pierre Bourque a répété à deux reprises la semaine dernière qu’il ne voyait pas la nécessité de tenir un référendum sur la fusion des villes de l’île. Peut-être que le projet «Une île/une ville» est la voie à suivre. Fort probablement, même. Mais à lui d’en convaincre les citoyens.
En refusant de consulter les citoyens pour une réforme aussi importante, Pierre Bourque attise les soupçons des banlieusards face à ce projet. Avant, ils soupçonnaient Bourque de manigancer dans leur dos. Maintenant, ils en ont l’intime conviction.
L’heure du ménage a sonné!
Madame Blancheville
Qui devrions-nous appeler pour chasser la saleté? Mais, madame Blancheville, pardi! Elle vient de Sainte-Adèle, ville qui – ô ironie – a donné naissance à Séraphin.
Il y a deux ans, Monique Deslauriers était candidate à la mairie de Sainte-Adèle. Des soupçons pesaient sur l’opacité de la campagne de son adversaire, notamment sur ses copinages financiers. Étant donné que dans notre système électoral municipal, personne n’a de comptes à rendre à personne, le bonhomme en question n’a pas jugé bon de répondre aux questions de madame Deslauriers.
Monique Deslauriers a donc écrit au premier ministre pour lui faire part de ses questionnements. Elle a reçu un accusé de réception… des mois plus tard! Ce n’est pas tout à fait du mot à mot, mais ça allait dans ce sens: «Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez… Le gouvernement a à cour le citoyen…» Chabadabada.
Depuis, Monique Deslauriers milite pour qu’il y ait davantage de transparence dans le système municipal, avec le Mouvement pour la démocratie dans les villes. Pour le moment, sa campagne n’a pas changé grand-chose. Le gouvernement du Québec a statué que les villes de 10 000 habitants devront se soumettre aux diktats du directeur général des élections, c’est tout.
Un coup de plumeau sur la commode du salon.
Mais pourquoi en serait-il autrement? N’est-ce pas le gouvernement provincial qui impose illégalement, au mépris de ses propres lois, la construction d’une gigantesque ligne électrique, en mentant effrontément à la population?
Dans l’exemple démocratique, on fait mieux. Beaucoup mieux.
Absence non motivée
C’est un peu de votre faute. Combien d’entre vous ont voté en novembre dernier, à Montréal? Autour de 40 %.
Le maire et son équipe ont été élus par moins d’un Montréalais sur dix. Ailleurs, c’est pire. Dans la majorité des municipalités, on n’organise des élections que tous les huit ans! Et quand il y en a, la participation populaire ne s’élève guère au-dessus de la marque des 30 %.
Vous n’allez pas voter; alors d’autres s’en sont occupés pour vous.