Société

Le Grand Prix de Montréal : Une histoire de cul

Il n’y a pas que les pilotes qui déplacent de l’air pendant le Grand Prix: les danseuses et les escortes aussi roulent au max. Des prostituées américaines viennent même arpenter nos rues pour remplir leur bourse… et vider celles des touristes. À vos marques? Prêts? Party!

Les retombées économiques du Grand Prix se font sentir partout… même dans l’industrie du sexe!

Le week-end dernier, les travailleuses du sexe de Montréal ont réalisé des affaires d’or grâce à Jacques Villeneuve et compagnie. Tellement, qu’au lieu de faire la chasse aux scalpers, comme ils le font habituellement, les policiers ont choisi de patrouiller les abords du circuit Gilles-Villeneuve pour arrêter… les prostituées!

«L’an dernier, la majorité des scalpers ont écoulé leurs billets au prix coûtant, nous n’avions donc aucune raison de créer un mandat particulier pour contrer les revendeurs, explique le commandant André Bouchard, de la section de la moralité et des stupéfiants de la SPCUM. Nous avons donc mis nos priorités ailleurs.»

C’est ainsi qu’au cours des semaines qui ont précédé le Grand Prix, les policiers ont procédé à une trentaine d’arrestations de clients, afin de mettre un frein à la recrudescence anticipée de la prostitution. Des flics en uniforme et d’autres en civil ont également assuré une présence près du circuit. Il faut dire que les péripatéticiennes montréalaises avaient du renfort… «Chaque année, pendant le Grand Prix, on voit débarquer des filles de Buffalo, de New York, de Toronto et d’Ottawa, poursuit le commandant Bouchard. Elles viennent ici pour faire de l’argent…»

À Montréal, bien que les responsables des agences d’escortes se fassent peu loquaces lorsque vient le temps de parler de leurs activités, tous avouent avoir accéléré leur vitesse de croisière le week-end dernier. «On a fait de très bonnes affaires, surtout grâce aux nombreux appels des touristes», note mon interlocuteur, à l’agence Fantasme XXX. Samedi dernier, dans les petites annonces du quotidien anglophone The Gazette, plusieurs des pubs de services spécialisés étaient accompagnées d’icônes de drapeaux ou de voitures de course, et annonçaient des «Spéciaux Grand Prix».

Les clubs de danseuses ont aussi vu leurs affaires filer à fond la caisse. À la porte du célébrissime Wanda, dôme du touriste voyeur, on y faisait la queue pendant longtemps. À l’intérieur, on avait doublé le nombre de danseuses sillonnant les lieux: il n’y en avait pas trente, mais soixante et ce, durant toute la fin de semaine. «On savait bien que l’on ne dansait pas pour la clientèle régulière, explique Marie-France. Les gens avaient beaucoup plus de sous qu’à l’habitude. On le voyait juste aux montres et aux souliers que portaient les clients.»

Et, de conclure Jean-Guy Fugère, chef de pupitre de la section sportive du Journal de Montréal: «L’homme a toujours été fasciné par deux choses: les femmes et les chars. Les écuries ont tout compris: elles engagent depuis longtemps des "juments" (sic) pour suivre les pilotes en compétition. Ces femmes sont là tant pour satisfaire les fantasmes du public que les besoins du personnel technique de l’écurie. Les pilotes, eux, n’ont pas besoin d’elles. Ils ont des "racing poupounes" qui les suivent partout. Même si tout ce phénomène est essentiellement européen, c’est à Montréal que les filles sont les plus visibles.»

Montréal, ville ouverte.