Société

La semaine des 4 jeudis : Buena vista social coke

Son élégante mère étant probablement dans l’impossibilité de retrouver à temps son siège de toilette de voyage en cuir blanc égaré entre ses pots de confiture sans pectine et ses Peak Freans aux abricots, c’est Anne, la princesse à moustache, qui inaugura les Jeux panamémachins dans la belle ville de Winnipeg, bien connue pour ses brasseries.
Anne loves horses, elle aime les chevaux qui le lui rendent bien. Peut-être est-ce pour cela qu’elle hennit avec un accent de rosse son discours tout en anglais et que personne ne se donna la peine de traduire. «Bèonne chiance», dit-elle tout de même, songeant subitement qu’elle visitait un pays supposément bilingue.
La «chiance», tu parles…

Dans ces jeux où Cuba fait figure de bloc de l’Est miniature, glorifiant dans le sport les politiques de son dictateur sénile, on fait défection et on se drogue à fond.

C’est à vous donner des nostalgies de l’époque des Staline et Brejnev. De ces temps bénis où les nageuses est-allemandes se cachaient leurs testicules dans l’anus et où l’on pouvait échanger une paire de jeans contre une demi-douzaine de Lada vert pomme.
Fidel, qui négocie justement des accords bilatéraux sur le trafic de la drogue avec les Amerloques, ne fait pas très sérieux.

Comme il se doit dans le sport, les meilleurs donnent l’exemple. Avant eux, durant la même semaine, quelques dieux du stade, dont les coureurs Denis Mitchell et Linford Christie, se sont fait virer des pistes jusqu’aux Olympiques. C’est un bien pour un mal. Ils pourront tranquillement se faire des biceps aux stéroïdes sans craindre le contrôle. Toutefois, la qualité douteuse de ces cochonneries synthétiques qu’avalent nos sportifs laisse perplexe. Pourquoi mettre en danger sa santé avec d’étranges substances venues de la médecine vétérinaire, fabriquées pour que les vaches donnent plus de lait, les cochons plus de bacon, alors que tant de produits naturels aux vertus éprouvées restent disponibles sur le marché?

Javier Sotomayor, lui, l’a compris. Soucieux de sa santé, le grand Cubain n’a recours qu’à des produits cent pour cent naturels pour offrir une performance soutenue. Quoi de mieux, en effet, qu’une bonne vieille ligne de coke – Tutti Frutti – pour se sentir plus léger quand vient le temps de sauter des barres.

Après une semaine de Jeux panamélapins, la question n’est plus de savoir qui se drogue, mais plutôt qui est assez nigaud pour se faire prendre. Les haltérophiles tombent sans surprise, tous les records mondiaux du lever de poids ont été annulés il y a quatre ans pour cause de défonce générale. La pression sur monsieur Sotomayor et sur les athlètes cubains doit être particulièrement grande. Sotomayor roule en Mercedes. L’île ne possédant pas de Sibérie frisquette, on ne sait pas dans quel paradis du paludisme Fidel expédiera ses perdants. Espérons seulement qu’il n’est pas assez cruel pour les condamner à faire les G.O. dans un hôtel cinq étoiles rempli de Québécoises frétillantes en manque de cul…

Il y a de cela une dizaine d’années, quelques spécialistes universitaires américains du sport avaient mené un lourd sondage sur les vertus et les mérites du sport et de l’exercice physique sur la moralité des jeunes Américains. Ces chercheurs, fort sérieux, s’attardèrent particulièrement aux valeurs véhiculées en Amérique par les athlètes professionnels.

Quelles étaient les valeurs perpétuées par les sportifs de haut calibre?

Le dépassement de soi, la persévérance? Rien de tout cela.

La triche, l’opportunisme, la compétitivité excessive, l’enrichissement vite fait figuraient parmi les réponses les plus populaires.

Aux Jeux pandansmamanaméens, la partisanerie nationale se répand comme une drogue violente dans le sang bleu des Canadiens pure wool. Dans la grande tradition des spectacles de lutte, Yunnan, un boxeur immigré, embrasse l’unifolié qu’il a emmené dans le ring malgré l’interdiction. Ian Miller, des compétitions équestres, se sacre Capitaine Canada, rien de moins. Mais, à ce chapitre, puisque les Jeux pananjensaisrien sont malheureusement télévisés, ce sont les commentateurs qui battent des records de mauvaise foi.

La cycliste canadienne a perdu? Ben, c’est parce qu’elle n’était pas à son avantage sur le plat.
Le hockeyeur canadien se dopait? Ben, c’est parce qu’aux États-Unis, tout le monde le fait.
Donovan Bailey ne court pas bien? Ben, c’est parce qu’il a une p’tite foulure.

Deuxièmes au hand-ball? Ben, c’est parce que les filles n’ont pas reçu assez d’argent.

Aux Jeux banananéens, le Canada a récolté les médailles comme on attrape des morpions: en jouant sans faire attention.

Il n’y a pas de quoi pavoiser pour ces victoires remportées dans ces jeux de seconde zone où une république de bananes devance, au chapitre des médailles, l’un des sept pays les plus industrialisés du monde. Viva Fidel!

Entre deux compétitions de nage synchronisée, Claude Charron nous a fait visiter la maison de Gabrielle Roy. Il a dû y avoir de l’émotion dans les poulaillers lorsque la commentatrice nous a appris qu’elle avait chialé en lisant son Bonheur d’occasion. Moi, je considère que la lecture de Gabrielle Roy fait partie des principaux facteurs de dépression nerveuse au Canada.

J’ai vu au moins dix fois le ballon Goodyear durant les pauses qui menaient à la pub.

Et j’ai vu une pub du nouveau Lysol spécialement recommandé pour désinfecter les poignées de porte. Ce qui nous ramène au bol de toilette de cuir blanc de la reine Élisabeth qui, craignant les bactéries et les furoncles, ne daigne nulle part ailleurs poser séant. Et donc, à la princesse Anne, à Fidel et ainsi de suite.