Rentrée américaine
Société

Rentrée américaine

C’est au tour des réseaux américains de lancer leur nouvelle grille d’automne. Au programme, une télé pensée et conçue en fonction d’un marché prépubère: l’angoisse des ados fait vendre. Les nouveaux visages du petit écran sont tellement jeunes qu’à côté d’eux, les vedettes de Friends font figure de vieux croûtons.

Au beau milieu des pubs de Gap et de Clearasil se cachent toutefois quelques titres prometteurs comme The West Wing, une série dramatique qui se déroule à la Maison-Blanche, sous la présidence d’un démocrate interprété par Martin Sheen (un autre qui se recycle au petit écran), leader dévoué dont la vie personnelle a tendance à influencer les décisions politiques.

Comme dans Spin City, qui nous dévoilait les rouages de l’univers municipal new-yorkais, The West Wing nous montrera les coulisses de la vie quotidienne au 1600, avenue Pennsylvanie. Gageons que ce sera bourré d’allusions et de références toutes plus croustillantes les unes que les autres. C’est écrit par le scénariste de Sportsnight (grand succès l’an dernier), et produit par un producteur d’ER. Les mercredis, à 21 h, à CTV. Début 21 septembre.

On dit qu’Action (début 16 septembre, à 21 h, à Fox) pourrait bien être le successeur de The Larry Sanders Show. Avec comme toile de fond le merveilleux monde du cinéma, cette série met en vedette Jay Mohr (Jerry Maguire) dans le rôle d’un producteur angoissé dont l’ex-femme vient d’épouser un gros canon d’Hollywood. C’est, paraît-il, drôle, mordant et bien écrit.

Edward Zwick et Marshall Herskovitz ont connu un grand succès d’estime avec Thirtysomething dans les années 80. Bizarrement, aucune de leurs séries suivantes n’a trouvé son public. Pourtant, My So-called Life et Relativity étaient bien faites et originales. Or, elles ont été annulées au beau milieu de la saison. Est-ce le sort qui attend Once and Again, une série qui vise un public plus vieux, et qui raconte le quotidien (travail, enfants, amour) d’un groupe de quadragénaires? À voir avant qu’on ne la retire des ondes. Début 21 septembre, 22 h, à CTV.

Vie et mort d’une série
Dans son édition du 6 septembre dernier, The New Yorker présente un excellent texte sur les différentes étapes qui ont mené à la mise à mort de Mulholland Drive, la nouvelle série de David Lynch. Rappelons les faits: après avoir réalisé un ambitieux pilote au coût de sept millions de dollars, Lynch apprend qu’ABC annule la série. On attribue alors cette décision à l’impact négatif de la tuerie de Littleton, au Colorado. Mais la réalité semble être plus nuancée. Le journaliste Tad Friend, qui a suivi la production du pilote, raconte les différentes tractations, les angoisses et les doutes qui ont ponctué le développement de cette série qui promettait d’être encore plus bizarre que Twin Peaks.

Disons-le tout de suite, David Lynch est loin d’être Monsieur compromis. En fait, il est plutôt du genre à vouloir faire sa petite affaire tout seul. Alors, quand les patrons d’ABC (qui est, rappelons-le, une propriété de Disney) ont commencé à lui poser des questions sur les motivations de ses personnages (des nains à grosse tête, des policiers ténébreux et des jeunes femmes hystériques), le réalisateur de Blue Velvet n’a pas aimé.

Le pilote est passé par toutes sortes de contrôles: on s’est engueulés sur la portion du petit écran qu’occuperait une crotte de chien (on s’est entendus pour un huitième); ABC a demandé à ce que seuls les méchants personnages soient vus en train de fumer (allant même jusqu’à exiger qu’on les entende tousser d’une sale toux grasse!); bref, on a voulu encadrer l’oeuvre échevelée d’un artiste un peu fou dans le cadre étouffant du political correctness. Résultat: Lynch s’est vu dans l’obligation de charcuter son propre pilote pour se faire dire que, finalement, le réseau n’était plus intéressé, le produit final ne ressemblant plus au concept original qu’on leur avait vendu!? Dégoûté, David Lynch jure qu’on ne l’y reprendra plus. Une belle leçon de production télé!

Zone libre
Vendredi dernier, le magazine télévisé Zone libre (Radio-Canada, 21 h) présentait un excellent reportage sur l’attrait que constitue Montréal pour les grands studios américains qui cherchent à couper les coûts de production devenus faramineux. On a beaucoup parlé de la colère des techniciens d’Hollywood. Par contre, on n’a pas parlé des représailles qu’exercent les États-Unis à leurs frontières. En effet, quelques équipes de production d’ici ont été refoulées (en Ontario et en Colombie-Britannique), les douaniers leur refusant la permission d’aller tourner avec une équipe canadienne. C’est arrivé entre autres à une équipe de la maison de production Pixcom qui allait tourner un documentaire animalier chez nos voisins du sud. L’Association des producteurs de films du Québec étudierait la question… À suivre.

Zapping
Pour les fans de nouvelles technologies, The Passionate Eye présente Road Stories for the Flesh Eating Future, un documentaire en deux parties consacré à la révolution digitale. Le film (qui tente d’innover en proposant un montage au rythme différent) nous invite à suivre le couple montréalais Arthur et Marilouise Kroker dans l’antichambre du prochain millénaire, à la rencontre de concepteurs et d’intellectuels qui ont déjà les neurones bien ancrés dans le cyberespace. Pour technomaniaques. Lundi 13 et mardi 14 septembre, à 22 h, à CBC Newsworld.

À lire en complément, le dernier numéro de la revue Scientific American, consacré à notre avenir bionique. Au sommaire: Comment la technologie changera notre vie au cours du prochain millénaire?; un dossier sur les sens artificiels et synthétiques, et l’inévitable (et importante) réflexion sur les derniers développements génétiques et leur implication. Your Bionic Future, en kiosque jusqu’à la fin novembre.

Les vacances sont terminées et vous ne les avez pas vues passer? Évadez-vous quelques minutes en regardant Un été au grand hôtel, un documentaire au ton parfois mordant sur la vie au chic hôtel Normandy, ce palace de Deauville, sur la côte normande, qui est rapidement devenu le lieu de ralliement des gens riches et célèbres. Dimanche 12 septembre, à 21 h 30. Télé-Québec.