Société

Serge Mailloux à CIBL : Il sera une fois dans l’Est…

Il fut un temps (lointain) où CIBL, la radio communautaire de l’Est de la ville, était une véritable pépinière de talents. Or, depuis quelques années, il se dégage des modestes studios du boulevard Pie-IX une vague odeur de réchauffé. Cette période grise pourrait bien tirer à sa fin avec l’arrivée de Serge Mailloux à la direction de la programmation. Psychotronique célèbre s’il en est un, Mailloux est un gars imaginatif et débrouillard. Saura-t-il transposer cette créativité dans l’univers ultra-démocratisé de CIBL, là où chaque choix doit être discuté et approuvé par un comité d’au moins dix personnes? La question le fait sourire. «C’est vrai que nous avons été victimes d’une certaine stagnation, reconnaît-il. Mais CIBL va redevenir une radio en développement. Les nouveaux projets d’émissions seront les bienvenus tout au long de l’année, et notre grille pourra changer d’une saison à l’autre. On veut également redonner de l’importance à la création radiophonique. Avec nos nouvelles installations, on aura les moyens d’attirer les créateurs dans nos studios.»

En effet, grâce à une subvention gouvernementale d’environ 185 000 dollars, CIBL a pu procéder à la numérisation de ses installations. Exit les équipements qui ne tenaient que par un bout de ruban adhésif. Les nouveaux studios sont à la fine pointe de la technologie, de quoi ramener le sourire aux lèvres des pauvres producteurs qui faisaient des miracles avec les moyens du bord.

Bon, la quincaillerie est là, mais il faut y mettre du contenu, maintenant. Or, au premier coup d’oeil, la nouvelle programmation ne casse rien. Oui, il y a le retour de certaines valeurs sûres comme l’émission du matin Quand le soleil dit bonjour à Larue. La case-horaire de 18 h est, quant à elle, consacrée aux émissions de format magazine. On y retrouvera avec bonheur Les Psychotroniques, le jeudi, ainsi que, le mardi, Des jeunes qui ont de la gueule, une émission conçue par un groupe de jeunes du quartier Hochelaga-Maisonneuve qui parleront de leurs préoccupations. Parmi les nouveautés, Syndrome pour la musique ou SPM (joke de filles…), une heure consacrée à la musique de femmes (merci Lilith Fair), le vendredi, à 9 h.

«C’est notre grille d’automne, précise Serge Mailloux. Ma nomination est toute fraîche, j’ai l’intention de développer de nouveaux projets au cours des prochains mois.» À surveiller. CIBL 101, 5 FM. (Pour consulter l’horaire complet de la station: www.cibl.cam.org)

Retour sur la rentrée
Excellent début pour Jamais sans mon livre, le nouveau magazine littéraire de Radio-Canada. Enfin révolu le ton pompeux et les phrases du genre: «Qu’avez-vous pensé du dernier Christian Bobin "chèreu" Françoise…»

Quel bonheur de voir trois visages allumés parler de livres avec autant d’enthousiasme. À les entendre, on devine que leurs livres n’accumulent pas la poussière sur la table du salon, mais qu’ils traînent, racornis et annotés, dans le fouillis d’un sac à dos. Les puristes diront sans doute qu’on «zappe» vite d’un sujet à l’autre. Peut-être, mais il y a beaucoup de sujets à couvrir, et peu de temps pour le faire. Quant à l’animation tricéphale, elle peut provoquer une certaine cacophonie (on l’a vu lors du passage de Marc Coiteux dimanche dernier, alors que Maxime-Olivier Moutier ne cessait de parler en même temps que son invité, une erreur de débutant qui se corrigera rapidement); mais dans l’ensemble, la chimie entre les trois animateurs est bel et bien palpable. Bref, un rendez-vous dominical à inscrire à son agenda (les dimanches, à 15 h, Radio-Canada).

Lorraine Pagé en tournée
S’il fallait nommer la personnalité de la rentrée médiatique 1999, la palme reviendrait sans aucun doute à Lorraine Pagé, ex-présidente de la CEQ, qui avait attiré l’attention des médias, l’an dernier, pour une banale affaire de vol de gants. Dès l’annonce de son acquittement par un juge de la Cour supérieure (acquittement qui fait l’objet d’un appel par la Couronne), le téléphone cellulaire de l’attachée de presse de la CEQ s’est mis à sonner pour ne plus s’arrêter. Voyant qu’il serait impossible de répondre aux nombreuses demandes d’entrevues, la CEQ a donc organisé une conférence de presse, dont on a pu voir des extraits dans tous les bulletins de nouvelles.

Ce qui n’a pas empêché Madame Pagé d’aller faire un tour chez Paul Arcand, Nathalie Petrowski, René Homier-Roy, Marie-France Bazzo, Jean-Luc Mongrain, à La Face cachée de la une, à La fin du monde…, ainsi qu’à CHRC et à CJAD. C’est ce qu’on appelle un blitz médiatique, comparable aux opérations charme de Céline. Dans le cas de Madame Pagé, l’exercice avait un but précis: mettre un point final à l’affaire des gants et (qui sait?) utiliser les médias pour exercer une certaine pression sur la Couronne afin qu’elle ne revienne pas à la charge. C’est raté.

Zapping
* La preuve qu’un bon concept d’émission repose souvent sur une idée toute simple. Dans Histoire de chansons, les créateurs nous racontent la petite histoire qui se cache derrière un texte ou une musique. Dans la première émission, dont le thème est la passion, Jean-Pierre Ferland confie que T’es belle a été écrite pour les 40 ans de sa blonde «parce que j’étais cassé, et que je ne savais pas quoi lui offrir pour son anniversaire». Quant à Daniel Lavoie, il nous explique que Je pensais pas était, à l’origine, destinée à Louise Forestier. L’autre qualité de cette série présentée sur Musimax (les mardis, à 21 h; début 21 septembre): on n’entend pas les questions de l’intervieweur, seulement les réponses de l’artiste; les témoignages sont entrecoupés des observations anthropologiques de Serge Bouchard sur le thème choisi. Sympathique.

* Au lendemain de la nomination d’Adrienne Clarkson au poste de gouverneure générale, la presse canadienne-anglaise s’est déchaînée. Parmi les (nombreuses) méchancetés écrites au sujet de l’ex-journaliste, la chronique de Jan Wong du Globe & Mail est un exemple de «bitcherie» dont l’équivalent est impensable dans la presse d’ici. Madame Wong souligne entre autres que dans sa demeure torontoise, Madame Clarkson a accroché des photos où l’on peut la voir nue, sur un mur qui mène ses invités de la salle à manger à la salle de bain. Wong parle aussi abondamment du fait que Madame Clarkson, qui a toujours souligné l’importance de la famille dans sa vie, a pratiquement abandonné ses deux filles, qui ont choisi d’être adoptées par la deuxième femme de leur père alors que leur mère s’envolait pour Paris à titre de déléguée de l’Ontario. Les couteaux volent bas.