C’était l’anniversaire de Toby. Le propriétaire du chat avait réuni quelques jeunes enfants pour souligner l’événement, dans la cour arrière de sa demeure. Tous ont eu droit à un gros morceau de gâteau. Pour Toby, un boni: une variante de la traditionnelle bascule. Son maître l’a saisi par la queue. Il l’a fait virevolter un peu. Devant les enfants médusés, il lui a ensuite fracassé à plusieurs reprises le corps contre un conteneur de métal. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien du malheureux animal.
Un acte de cruauté comme celui-là porte aussi un autre nom: délit mineur. C’est du moins ce qu’à décrété la couronne lorsque des accusations ont été portées contre le tortionnaire, il y a de cela un peu plus d’un an. Il n’y a donc pas eu de sentence. «Les animaux ne sont pas reconnus par la loi comme des êtres vivants mais comme des biens, au même titre qu’une voiture, une table ou une chaise» déplore Pierre Barnotti, directeur de la SPCA, organisme mandaté par le ministère de la justice pour intervenir auprès des animaux maltraités.
Le code criminel prévoit une amende maximale de 2 000 $ ainsi que six mois d’emprisonnement pour quiconque serait reconnu coupable de mauvais traitements INTENTIONNELS envers un animal. Car il faut prouverpression que les professeurs font tout pour se mettre au niveau des jeunes, qu’ils ne font pas assez d’efforts pour élever le niveau et exciter les jeunes sur le bonheur et les folies de la langue.»
On dit souvent que les jeunes parlent moins bien que leutôt, ils sont rarement portés à la connaissance du public. Difficile, en effet, d’attraper le fautif sur le fait. Quelques carcasses de chats dépiautés, de poules éviscérées et autres animaux estropiés découvertes çà et là sont habituellement les seuls témoins du malin plaisir que prennent certains à faire souffrir plus petit que soi. Un plaisir qui dépasse l’entendement: déplacement d’une agressivité refoulée, pur sadisme ou véritable psychopathie? Même les plus éminents spécialistes de la psyché humaine ont du mal à trancher. «Différentes pathologies peuvent expliquer de tels actes de cruauté… mais des individus parfaitement sains d’esprit s’en prennent aussi aux animaux», remarque le Dr Frédéric Millaud, psychiatre à l’institut Philippe-Pinel. Il ajoute que la cruauté dénotée chez certains jeunes enfants qui agressent les animaux augmente les risques de développer des comportements violents à l’âge adulte, en précisant qu’il faut éviter d’en tirer des généralisations hâtives.
Dans l’esprit de Pierre Barnotti, toutefois, aucun doute ne subsiste: «Il y a une relation directe entre la cruauté envers les animaux et la violence contre les humains. La grosse majorité des enfants battus sont issus de maisons où on a d’abord battu un animal.» Et, comme plusieurs parents qui s’en prennent à leurs enfants, les batteurs d’animaux ignorent tout des principes de base de l’apprentissage. «Parce qu’ils n’arrivent pas à se faire comprendre de leur animal, ils traduisent leur insatisfaction en le molestant plus ou moins gravement», explique le Dr André Dallaire, vice-doyen aux études à la faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Pourtant, souligne-t-il, c’est l’évidence même: quand on attend quelque chose d’un animal, il faut d’abord le lui avoir enseigné!
D’autant plus que nos attentes sont parfois très élevées, voire irréalistes. On veut le chien… mais on ne veut pas les jappements. On veut le chat… mais on ne veut pas abîmer nos beaux divans importés d’Italie. Dans ce dernier cas, le problème se règle facilement: on ampute le félin de sa dernière phalange (ce en quoi consiste l’opération de «dégriffage»). Bref, on cherche autant que possible à humaniser nos animaux, en oubliant parfois qu’ils ne sont, justement, que des animaux.
Les bêtes sur quatre pattes ne sont par ailleurs pas les seules à payer très cher les attentes qu’elles suscitent et déçoivent par la suite. La mode est présentement aux perroquets, ces si jolis bibelots vivants qui font tellement exotique dans un appartement… «Mais les perroquets ne devraient pas être des animaux domestiques», s’indigne Johanne Vaillancourt, pourtant elle-même propriétaire, par la force des choses, de 38 perroquets. Cette behavioriste aviaire a en effet ouvert un refuge où elle accueille «des perroquets complètement névrosés, ce que risquent de devenir à peu près 99,9 % de ceux qu’on élève aujourd’hui dans les animaleries».
Pour en faire une histoire courte: on les arrache à leurs parents dès qu’ils sortent de l’ouf pour les nourrir à la main; on leur coupe les ailes pour faciliter leur apprivoisement (ou leur asservissement, c’est selon…); on vante ensuite les charmes de ces «petites boules d’amour débordantes d’intelligence» à des individus remplis de bonne volonté, mais bien mal informés… et le drame commence. On a oublié de mentionner qu’un perroquet de taille moyenne peut avoir une portée de voix de trois km, entre autres désagréments. Alors, les propriétaires se lassent et vendent leur compagnon ailé à la première animalerie venue. Coco pourra ainsi passer dans les mains d’une vingtaine de maîtres différents au cours de sa longue vie (une soixantaine d’années, en moyenne). À moins qu’il n’y en ait un qui perde les pédales, rendu fou par les cris stridents: le volatile risque alors de connaître le même sort que Toby le chat. «Ça arrive plus souvent qu’on pense», soupire Johanne Vaillancourt en évoquant les dizaines de perroquets aux yeux crevés, aux ailes fracturées et aux becs cassés qui se sont succédé à son refuge.
Animaux de laboratoire
Il avait été très aimable, le président du Comité de protection des animaux de l’Université Laval. Ce professeur de biologie donne, dans cette même université, des cours pratiques et théoriques sur l’utilisation des animaux de laboratoire: considérations d’ordre moral et éthique, méthodes d’entretien des animaux d’expérimentation, modèles de prédilection… Bref, la personne à qui parler lorsqu’on aborde un dossier aussi délicat. «Je vous rappelle dès que j’ai le temps de vous parler, Mme Elie, aujourd’hui.
L’engrenage
Tous les tueurs en série américains capturés durant le siècle possèdent un passé de cruauté animale. Gavin Mc Guire torturait des chats, Jeffrey Dahmer débuta à quinze ans en crevant les yeux de lapins.
Le FBI considère que l’abus et la torture d’animaux par des enfants en bas âge constitue un pas très signifiant dans l’escalade qui mène l’adulte au meurtre et au viol.
Forte de ses statistiques et à la suite d’une étude indiquant une relation directe dans une centaine de cas entre violence animale et violence familiale, la police écossaise a lancé un programme de détection et de prévention. Les résultats du programme se sont avérés plus complexes qu’on ne pourrait le croire et utiles dans plus d’un domaine. On a ainsi constaté que les abus sur les animaux perpétrés par de jeunes enfants pouvaient souvent indiquer leur propre abus par des adultes. Qu’il s’agissait d’un signe annonciateur de graves maladies mentales.
Ignorer ce genre d’attitude, ne pas la dénoncer se fait à notre propre péril. (F.D.)