Société

Mon XXIe siècle : Hélène Jutras

Auteure de Le Québec me tue et Anima

«Ma vision du XXIe siècle? J’y mettrais plein de bémols; mais dans un rêve, j’aimerais qu’on puisse dire ce qu’on pense. Tout le monde a peur de se faire poursuivre ou de perdre son emploi en fâchant des gens. Il faut oublier le politically correct! C’est une mode américaine et, même si on n’en parle plus vraiment ici, nous nous faisons écraser par ce genre de censure.Si on l’éliminait, une partie de nos dirigeants ne seraient plus au pouvoir. Prenez par exemple le premier ministre, qui serait obligé de jouer cartes sur table, de nous le dire s’il ne peut rien faire en cas de crise, et d’arrêter de faire croire qu’il a une solution pour tout. Ce serait rafraîchissant de l’entendre avouer qu’il a perdu le contrôle, comme dans le domaine de la santé, par exemple.Au Québec, il y a en plus ce que j’appelle la «susceptibilité nationale». On dirait que critiquer la façon dont la souveraineté se discute, ou émettre des commentaires sur les gens au pouvoir, ça ne se fait pas. Une plus grande liberté, et un plus grand respect de cette liberté permettraient de faire avancer bien des débats, comme celui sur la légalisation du pot. Et on arrêterait aussi de toujours faire des montagnes avec rien. De nos jours, les gens s’offusquent à la moindre petite chose; il y a même des artistes comme ça – j’en connais! Les gens qui se prennent au sérieux, je ne suis pas capable!»