"On ne croit pas en quelque chose en particulier. On n’a pas de dogme. On se garde un côté scientifique… On ne part pas en peur."
Le cofondateur de l’Association sciences de l’étrange et phénomènes inexpliqués (ASEPI), une organisation sans but lucratif, n’entend pas à rire avec le paranormal et les ovnis. Voilà 28 ans que ça enfièvre Serge Lachapelle et il a la certitude que ces types de manifestations sont bien réels. Et pas question d’être perçu comme un hurluberlu ou un fanatique sectaire. "Je crois qu’on est intègre et qu’on va le rester."
Au bout du fil, il demeure posé. Sans laisser entrevoir le moindre doute, il nous détaille les circonstances d’une visite extraterrestre qu’il dit avoir vécue voilà quelques mois. Au volant de sa voiture, il roule sur la 640, au nord de Montréal. Puis, soudainement, c’est le choc. "J’ai vu deux ovnis traverser le ciel au-dessus de moi." Malheureusement, il ne disposait pas d’un appareil photo. "Depuis ce temps-là, mon vieux 35 mm, je le traîne partout."
Sans attendre, il contacte la tour de contrôle de l’aéroport de Mirabel. On n’a rien remarqué, rien détecté. Ce n’est que partie remise pour M. Lachapelle. Pourquoi l’aéroport de Mirabel? Parce que, nous explique-t-il, si les contrôleurs reçoivent plusieurs appels pour un même événement, ils transmettent les données recueillies à la base militaire de North Bay, en Ontario. Mais, ce fameux samedi soir, il était le seul témoin connu.
Colliger
L’ASEPI compterait une quinzaine de membres sur le territoire québécois, principalement dans la région de la métropole. Ils se sont donné pour mission de démystifier l’insolite, dans la mesure du possible. Donc, si vous avez besoin de parler, vous n’avez qu’à raconter votre histoire sur le site Internet: www.chez.com/asepi. "Systématiquement, on va les rencontrer… Si je ne peux pas y aller personnellement, je vais m’assurer que quelqu’un ira."
Dès lors, "l’enquêteur" recueille le témoignage, tente de vérifier les dires, de trouver d’autres témoins, etc. "Si on peut l’expliquer scientifiquement, tant mieux. Si on ne peut pas, au moins, on l’a constaté." Mais plus que tout, fait valoir M. Lachapelle, l’important est de tendre l’oreille. "On s’intéresse aussi au côté humain de l’affaire." Il semblerait que les "non-croyants" soient particulièrement déstabilisés lorsque témoins de ce qui est, a priori, inexplicable.
Un exemple d’investigation: le 24 juillet, un homme a filmé un ovni au-dessus de Montréal. L’enregistrement n’était pas fameux mais le cinéaste avait pris soin de bien noter la date et l’heure. Évidemment, M. Lachapelle était un peu fébrile et aurait aimé prouver la venue de visiteurs d’un autre monde. "On a fini par démontrer que c’était la nouvelle station spatiale (MIR)!" Meilleure chance la prochaine fois.
Au fait. Quelles sont les compétences des membres de l’ASEPI? "On n’est pas des professionnels. On est des amateurs qui se passionnent pour ça." Photographe, expert en vidéo, astronome… M. Lachapelle met d’ailleurs en doute la crédibilité et l’honnêteté de tout individu qui affirmerait le contraire. "Ah oui! Où as-tu pris ton cours? demanderait-il. Il n’y a personne qui peut prétendre: "Je suis un expert [en la matière].""
Nous aurons remarqué qu’il est plus question d’ovnis que de paranormal. C’est que M. Lachapelle demeure néanmoins un peu perplexe avec les histoires de fantômes ou de possession. Pour lui, "quelque chose de paranormal, c’est quelque chose qu’on ne comprend pas encore". Du moins, jusqu’à ce qu’on le convainque du contraire.
Explicable
Président de l’Association science et phénomènes insolites (SPI), Patrick Tremblay est un autre de ces "maniaques" de l’anormal qui tentent de faire éclater la "vérité". "Bien souvent, le phénomène est explicable", lance-t-il d’emblée.
Il semble que plusieurs prétendent avoir vu des bolides de l’espace ou autres bizarreries. Mais très peu de ces cas se révéleraient véridiques. "Il y a beaucoup de gens qui vont confondre des phénomènes astronomiques avec des événements "ovni"… Quand c’est une lumière dans le ciel, ça peut être n’importe quoi."
Toutefois, M. Tremblay certifie que ça ne l’empêche pas d’étudier consciencieusement les messages qui lui sont transmis par l’entremise de son site Web, www.multimania.com/pearchive/SPI/ ou par téléphone. "Malheureusement, la plupart ne nous appellent pas, ils gardent ça pour eux." C’est donc une perche tendue. Un jour, peut-être, pourra-t-il réaliser un rêve et prouver que nous ne sommes pas seuls…