Les couples «sérodiscordants» : Ménages à trois
Société

Les couples «sérodiscordants» : Ménages à trois

Jean et Mathieu forment un ménage à trois, mais le troisième partenaire est un indésirable dont ils préfèrent ne pas parler dans la chambre à coucher: le VIH.

On contracte encore le VIH «par amour». Puisque l’incidence de la transmission du VIH semble s’être stabilisée, et que le taux de mortalité due au sida a chuté, les personnes séropositives vivent de plus en plus longtemps et en santé. Il y a donc davantage de chances que se forment de ces couples «sérodiscordants».

«Dans un couple, le conjoint en santé se demande parfois, consciemment ou non: "Est-ce que ce ne serait pas plus simple si je devenais moi aussi séropositif?"», souligne Bruno Péres-Delouya, responsable des ateliers chez Séro Zéro.

«Le succès relatif de la pharmacothéraphie a permis la réduction de la mortalité causée par le sida d’environ 80 % depuis cinq ans. À tort ou à raison, on parle de plus en plus du sida comme d’une maladie chronique», écrit René Lavoie dans l’album-souvenir du mensuel gai Le Berdache. Lavoie est directeur de Action Séro Zéro, un organisme de prévention du VIH-SIDA auprès des hommes gais et bisexuels fondé en 1990. Est-ce à dire que vivre avec un séropositif, c’est comme vivre avec une personne atteinte de sclérose en plaques? Pas si vite.

Séro Zéro a donc décidé d’ajouter à ses activités, un nouvel atelier pour les couples sérodiscordants. Cet atelier s’adresse aux deux membres du couple, et a pour but de répondre à leurs questions, d’apaiser leurs inquiétudes, et de faire le point sur les difficultés relatives à ce type de ménages.

«La plupart des couples viennent nous voir en dernier recours. Mais nous ne faisons pas des thérapies pour sauver un couple, prévient Bruno Péres-Delouya. Nous sommes là d’abord pour favoriser la communication dans le couple. Car le principal problème, c’est que les partenaires ne parlent pas du virus. Ils évitent le sujet en pensant que c’est mieux pour l’avenir de leur couple. Comme si le fait de s’interroger sur la transmission du virus signifiait l’impossibilité de vivre ensemble.

«Au préalable, il faut que les deux partenaires se protègent comme il faut. Par contre, après avoir enfilé un condom, il reste parfois une crainte, fondée ou non, d’infecter l’autre. Il faut donc que les conjoints communiquent leurs craintes et identifient leurs besoins. Mais souvent les gens ont de la peine à exprimer leurs besoins à l’autre partenaire. C’est alors que nous intervenons.»

Bruno Péres-Delouya croit aussi que plusieurs «cofacteurs de risque» (comme l’alcool, la drogue, l’isolement et la dépression) contribuent à la propagation du virus en poussant les gens à ne pas se protéger durant une relation sexuelle. C’est pour cela que Séro Zéro donne aussi des ateliers, en français et en anglais, sur l’estime et l’affirmation de soi pour les hommes gais et bisexuels.

Ateliers Séro Zéro
Info: (514) 521-7778 poste 25