

2 Frères : Les lois de la rue
Jeudi dernier, TVA diffusait le dernier épisode de 2 Frères, une minisérie de huit épisodes qui a été sans contredit le must de l’automne à la télé.
Nathalie Collard
Jeudi dernier, TVA diffusait le dernier épisode de 2 Frères, une minisérie de huit épisodes écrite par Michel D’Astous et Anne Boyer, le tandem qui signe également les textes du téléroman Le Retour.
Comme son nom l’indique, la série racontait l’histoire de deux frangins. L’aîné, Gabriel, dix-neuf ans, quittait la ferme paternelle pour aller étudier le journalisme à Montréal. Il y retrouvait sa mère et son jeune frère Zacharie, quinze ans, un ado tout ce qu’il y a de plus normal.
À mille lieues des paillettes et des histoires sans queue ni tête de Diva, 2 Frères s’intéressait à la vie de deux garçons ordinaires et racontait, avec beaucoup de justesse, la descente aux enfers du plus jeune.
Victime de taxage par une bande de délinquants, Zacharie est devenu, à force d’intimidations et de menaces, membre du gang qui l’a malmené.
Vols, taxage, alcool et drogue, le cercle vicieux de la délinquance l’a aspiré sans que son entourage, occupé ailleurs, ne s’en aperçoive.
La minisérie 2 Frères a sans doute terrorisé bien des parents. Pourtant, elle n’avait rien de sensationnaliste. La description du mode de fonctionnement du gang sonnait vrai.
Il faut dire que les auteurs avaient embauché deux recherchistes pour alimenter leur travail d’écriture. La première, France Lessard, devait s’assurer que le vocabulaire et la tenue vestimentaire des jeunes soient crédibles. La seconde, France Paradis (la miss Météo de C’est bien meilleur le matin), a enquêté sur le terrain. Ex-travailleuse de rue, elle a passé plus de deux mois à rencontrer des jeunes, des enseignants, des parents, des victimes de taxage et leurs tortionnaires afin de brosser un tableau réaliste de la situation.
Elle s’est également rendue dans la polyvalente du quartier Rosemont qui a servi de cas-type aux auteurs de la série. Ce qui l’a le plus frappée? «Ma rencontre avec l’escouade antigang de la police de la CUM, dit-elle. Jusque-là, j’avais une vision partielle de la situation. Là, on m’a expliqué en détail la formation des gangs de rue, leur organigramme, les moments-charnières dans la vie d’un membre de gang, le fonctionnement du taxage, etc. C’était très impressionnant.»
Les résultats de la recherche, combinés au talent d’écriture des auteurs, à la très bonne réalisation de Louis Choquette et au jeu remarquable des acteurs (dont Élise Guilbault et Benoit Langlais), ont donné un excellent résultat. Avec un budget modique de 435 000 dollars, la série 2 Frères a été sans contredit le must de l’automne à la télé. Et si tout se passe bien, on devrait voir la suite dès l’automne prochain.
Gala des prix Boomerangs
Mercredi soir dernier avait lieu au Spectrum la cinquième édition des prix Boomerangs, créés il y a cinq ans par les Éditions Info presse. À titre de comparaison, disons que les Boomerangs sont l’équivalent des prix Gémeaux pour le milieu du multimédia.
Des événements de ce type sont fascinants pour plusieurs raisons.
La première, c’est que le milieu du multimédia québécois est en émergence. On assiste donc à la naissance d’une communauté. La seconde, c’est qu’on découvre le visage de ceux et celles qui travaillent à créer les sites Internet et les publicités que nous voyons tous les jours sur nos écrans d’ordinateurs. L’occasion est rare car les gens du multimédia ne sont pas sorteux. Il faut les comprendre: ils surfent, s’envoient des courriels, chattent et peuvent même se voir via leur web-cam, alors pourquoi sortir?
Les médias aiment bien caricaturer les gens du multimédia. On les surnomme «geeks» et on les dépeint presque toujours comme des nerds à lunettes. Or, cette perception n’est pas très loin de la réalité. En effet, il y avait quelques beaux spécimens de nerds à lunettes la semaine dernière au Spectrum. Les filles, quant à elles, étaient plutôt rares. Mais ce qui frappait surtout, c’était l’âge moyen de l’auditoire: jeune, très jeune, si on le compare aux vieux bonzes qui font la pluie et le beau temps dans le milieu de la télé. Bizarrement, la remise des prix ne reflétait pas vraiment l’audace qui aurait dû caractériser le travail de ces jeunes créateurs. La plupart des créations couronnées par le jury penchaient plutôt vers un conservatisme un peu désespérant. Emmanuelle Garnaud, animatrice de l’émission Planète Pub (TQS) et maître de cérémonie de la soirée, croit pour sa part que les publicités interactives en nomination manquaient d’originalité.
«J’ai été très déçue, lance-t-elle. Sur le plan créatif, il y avait peu de surprises. La production était terne. Je crois que cela s’explique entre autres par le fait que la plupart des publicités interactives sont réalisées par des gens du multimédia, et non par des créatifs publicitaires.» Bref, on s’attendait à quelque chose de plus flyé. Le message est lancé: il faut oser davantage.
Pour voir les productions couronnées d’un Boomerang:
www.infopresse.com
Pour voir les publicités interactives qui se font ailleurs:
www.microscope.com (site américain)
www.horizont.net (site allemand)
Salonmag.com
On vous l’a déjà dit, Salon est de loin l’un des meilleurs webzines offerts sur le Net. Politique, culture, médias, voyages, groupes de discussion, c’est un rendez-vous quotidien incontournable.
Lundi dernier, on apprenait que la compagnie Rainbow Media, détenue en partie par NBC / General Electric, avait acquis 10 % des actions de Salon. Rainbow Media, qui détient entre autres une participation dans le Madison Square Gardens, est également propriétaire du Independant Film Channel et de Bravo, une chaîne câblée aux États-Unis. Le partenariat entre Rainbow et Salon va se traduire par des échanges de publicités. Les journalistes et chroniqueurs de Salon seront également appelés à travailler à News 12 New Jersey, détenu en partie par Rainbow.
La mauvaise nouvelle: Salon perdra peut-être un peu de son indépendance. La bonne nouvelle: les gens de Salon vont développer un projet d’émission de télé hebdomadaire qui devrait être en ondes dès l’an prochain sur la chaîne Bravo! À surveiller.
Coup d’œil
– Info continue
Le 14 décembre, c’est l’entrée en ondes de la nouvelle radio d’information continue, anciennement CKVL, au 690 AM (en français) et au 940 AM (en anglais). Des nouvelles, des conférences de presse en direct, des émissions spéciales… Pour ceux qui ne peuvent pas passer la journée devant la télé, à regarder RDI.
– Opération SalAMI
Au lendemain de la conférence de Seattle, ce documentaire montre comment des citoyens ordinaires se sont préparés à une opération de désobéissance civile en vue d’une conférence sur la mondialisation qui avait lieu à Montréal le 25 mai 1998 . Très à propos. Jeudi 9 décembre, à 20 h. En reprise le 10 décembre à 15 h. Télé-Québec.
– Souverains anonymes
Les prisonniers de Bordeaux accueillent Malika Oufkir. Fille du Général Oufkir, assassiné par Hassan II en 1972, elle et sa famille ont été détenues pendant dix-huit ans au Maroc. Un échange qui risque d’être intense. Samedi 11 décembre à 14 h 30 sur CIBL 101,5 FM.