Société

Bust : Le magazine des filles

Dans l’univers du magazine féminin, la subversion est un phénomène plutôt rare. Aux États-Unis, la publication la plus intéressante du genre est Bust, un fanzine mis sur pied en 1993 par Marcelle Karp et Debbie Stoller.

Dans l’univers du magazine féminin, la subversion est un phénomène plutôt rare. Il y a deux ans, on vous parlait de Reluctant Hero, un mensuel torontois fabriqué avec des bouts de ficelle et porté à bout de bras par son éditrice. Aux États-Unis, la publication la plus intéressante du genre demeure Bust, un fanzine mis sur pied en 1993 par Marcelle Karp et Debbie Stoller. La première a été productrice télé pour les réseaux de télé Lifetime, Fox et HBO ainsi que journaliste pour Spin, Details et Jane; la seconde écrit dans George, Ms. et The Village Voice en plus de tenir une chronique dans le magazine Shift.

Bust est un magazine littéraire où l’on retrouve de courts essais sur l’univers féminin. Pas celui des superwomen capables de recevoir dix convives après une journée de travail dans l’une des plus grandes firmes d’avocats de Manhattan et ce, après avoir donné elles-mêmes le bain à leurs quatre enfants!

Non, Bust se présente comme «the magazine for women with something to get OFF their chests». C’est une publication qui s’adresse aux filles ordinaires non dépourvues d’humour puisque, comme l’écrivent ses créatrices, il a été conçu pour celles qui n’ont pas peur des mots commençant par la lettre f: feminism, fuck, fashion…

Le premier numéro de Bust, qui comptait vingt-neuf pages photocopiées et brochées à la main, a été distribué à cinq cents exemplaires. Le second numéro tirait à deux mille copies. Grâce au bouche à oreille, la publication a rapidement gagné en popularité. Résultat: aujourd’hui, Bust est un vrai magazine avec une vraie grille graphique et un site officiel sur Internet. Son tirage, trente-deux mille copies, prouve toutefois qu’il n’a rien perdu de sa marginalité.

La réalisation de Bust repose sur la contribution volontaire de ses artisans: journalistes, designers et photographes ne sont pas rémunérés pour leur travail. La plupart des articles sont signés de pseudonymes puisque leurs auteures écrivent aussi pour la presse plus traditionnelle. Cet anonymat leur permet une plus grande liberté d’expression, disent-elles.

Il faut dire qu’on ne tourne pas autour du pot dans Bust. On y parle aussi bien de l’insertion d’un tampon que du flux menstruel; et l’on parle avec franchise de problèmes de poids, de mode, ou de sujets plus sérieux comme l’avortement, les relations père-fille, etc. Courtney Love y a même déjà signé une chronique dans laquelle elle faisait l’apologie des «mauvaises filles» (c’était avant sa période Versace).

Bref, si vous êtes allergique au mouvement pro-filles mis de l’avant par les médias aujourd’hui, tenez-vous loin. Ce magazine n’est pas pour vous. Par contre, si vous recherchez des propos différents et un ton plus critique, ce magazine pourrait vous faire passer de bons moments.

En vente dans certaines maisons de presse spécialisées.

À lire aussi: The Bust Guide to the New Girl Order, un recueil des meilleurs articles du magazine (en vente dans les librairies anglophones).

À visiter: le site Internet du magazine: www.bust.com.

René Homier Roy se vide le coeur

Invité à l’émission La Face cachée de la une (Télé-Québec, mercredi 21 h 30), l’animateur de C’est bien meilleur le matin, René Homier-Roy, en a profité pour critiquer la qualité de la presse quotidienne montréalaise. Ses propos font écho à la situation que nous décrivions il y a quelques semaines: contrairement à Toronto, où l’arrivée du National Post a créé un climat compétitif entre les quotidiens, Montréal n’a pas un véritable quotidien national de qualité.

Les propos, très justes, de René Homier-Roy pourraient inspirer le nouvel éditeur adjoint de La Presse, Marcel Desjardins, dans ses nouvelles fonctions.

«Le National Post est mon journal préféré, a déclaré René Homier-Roy. Il est dynamique et remarquablement bien écrit, et sa facture est formidable. Il fait honte à un journal comme La Presse. La Presse devrait être – dans sa forme comme dans son contenu – LE journal national. (…) La Presse, qui est à mon avis un journal mou, devrait être le reflet de ce qu’on s’imagine être. Or, si l’on ressemble à La Presse, je suis très désespéré. Pourquoi n’y a-t-il pas à Montréal une volonté de tenter le genre d’aventure du National Post? La famille Desmarais n’est pas exactement dépourvue, pas plus que monsieur Black. Pourquoi La Presse est-elle encore imprimée comme elle l’est, sur des rotatives? C’est inacceptable!

Quand je vois le tirage de La Presse baisser, ça me blesse, ça me scandalise et ça m’enrage. Parce que c’est un journal qui pourrait être formidable. Mais il y a un grave manque de vision.»

Homier-Roy a poursuivi en soulignant l’absence de journalisme d’enquête et la trop grande place accordée dans nos journaux aux relationnistes et porte-parole de toutes sortes. Bref, une critique bien sentie qui devrait alimenter la réflexion dans les bureaux de la rue Saint-Jacques.

Powerful Media

Bonne nouvelle pour les newsjunkies qui ne sont pas encore en état d’épuisement complet: un nouveau (un autre!) site Internet risque de vous tenir éveillé toute la nuit, du moins si l’on en croit la rumeur qui entoure l’annonce de sa création.

Powerful Media, une nouvelle compagnie créée par le cofondateur du magazine satirique Spy, Kurt Anderson (également auteur du roman Turn of the Century, une des sensations de la rentrée littéraire aux États-Unis) et par Michael Hirschern, ex-éditeur du magazine Spin, va lancer un site Internet le printemps prochain.

Le site en question n’a pas encore de nom officiel mais on sait qu’il offrira de l’information sur l’industrie du divertissement, les médias, le journalisme, le monde littéraire, etc. On y trouvera également des reportages signés par certaines des meilleures plumes du milieu, des journalistes recrutés dans les salles de rédaction du Wall Street Journal, Spin, Variety, Brill’s Content, etc. À surveiller.