Société

Images d’une fin de siècle : Après nous, le déluge

par Nicolas Bérubé

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«L’environnement? Regarde dehors, y en reste encore en masse», disait avec ironie Richard Desjardins dans un de ses monologues. Malheureusement, certains ont compris le message au premier degré. Le gouvernement, par exemple: à force de reléguer les questions environnementales au dernier chapitre du dernier dossier de la dernière filière, on va finir par croire qu’il nous ment quand il affirme en faire une de ses priorités.

C’est à contrecoeur que le gouvernement aborde publiquement les dossiers environnementaux. Et il ne s’y met vraiment que lorsqu’il est obligé de le faire, comme ce fut le cas lors de la sortie de L’Erreur boréale, le brûlot du tandem Desjardins-Monderie. Dans ces moments-là, nos élus sont les meilleurs amis de la Terre. Mais pendant les onze autres mois de l’année, l’environnement est comme un vieux papy qui dort dans la plus belle chambre de leur cinq et demi sans payer de loyer, et qui les empêche de s’éclater aussi fort qu’ils le voudraient.

L’environnement est devenu une relique, un bibelot que l’on sort pour les grandes occasions, pour montrer aux convives qu’on est très heureux d’avoir la responsabilité d’un héritage aussi grandiose.

«Vous savez, papy fait courir les foules. Si, si, des milliers d’Européens viennent le voir chaque année pour le prendre en photo. C’est fou, non?»

Faire des profits n’est plus suffisant: aujourd’hui, la question est de savoir qui fera les profits les plus gros, les moins taxés, les plus «performants». Ce sont les chiffres du prochain trimestre qui comptent, rien d’autre. Résultat: on pille les ressources naturelles sans se soucier des conséquences que cela aura dans dix, vingt, ou cinquante ans. Comme dans une course en formule 1, la machine doit donner des résultats immédiats: on ajuste le moteur au quart de tour, on mise sur l’aérodynamisme de la carrosserie, on invite Chrétien à s’asseoir aux premières loges…

Et on croise les doigts pour qu’aucun citoyen ne vienne bloquer la piste.