Les dernières années du vingtième siècle auront consacré la liberté des femmes. Pas partout, pas tout le temps, pas pour n’importe qui. Mais au Québec, comme en Occident en général, elles ont réussi à percer certains secteurs traditionnellement fermés, telle la politique, par exemple. Ironiquement, l’exercice du pouvoir par les femmes rappelle à tous qu’elles ne sont pas des magiciennes, ni des modèles de vertu. Cela en décevra certains, et nous force tous à remettre en question cette déclaration entendue chez les grands penseurs, comme dans la rumeur publique, selon laquelle le prochain siècle serait féminin…
En attendant, les marchands de chaussures, de vêtements, de maquillage et autres bébelles à la mode font des fortunes avec les fillettes qui veulent être jolies, sexy, féminines et plaire à tout prix; et ce, de plus en plus jeunes. Où est donc, diront certaines féministes, leur liberté? C’est oublier que le culte des apparences, elles ne l’ont pas inventé; elles ne font que regarder autour d’elles.
La plus grande liberté, elles la trouveront dans un des gains les plus importants des femmes au vingtième siècle: celui de l’instruction. Les filles sont plus nombreuses que jamais à fréquenter les universités et, lentement mais sûrement trouveront leur place dans la société.
Quand Simone de Beauvoir disparaissait, il y a treize ans, après avoir affirmé l’un des plus beaux paradoxes de la pensée moderne («On ne naît pas femme, on le devient»), les Spice Girls berçaient leurs poupées et rêvaient de devenir des stars, souhait qu’elles ont réalisé en popularisant un slogan tout aussi discutable que la profondeur de leurs chansons, le Girl Power.
Si bien des femmes ne veulent plus de ce pouvoir, elles refusent quand même de jeter le bébé avec l’eau du bain et de clouer au pilori toutes celles qui gagnent leur vie avec leur corps, leur apparence, leur féminité. C’est sans doute le grand défi qui nous attend pour le prochain siècle: cesser de hiérarchiser les valeurs, les genres, les rôles sexuels. L’égalité des hommes et des femmes deviendra-t-elle une chimère, au même titre que plusieurs idéaux déçus du vingtième siècle; ou sera-t-elle enfin une réalité?