«La méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et (…) l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme.»
– Extrait du préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme
Ce qui dérange, dans cette photographie, c’est la vision concrète d’un rapport de force inégal. Ici, le policier dit à sa victime: «Je suis l’ordre, et tu es le chaos.» L’ordre, c’est le pouvoir plus la matraque.
Pour le pouvoir en place, ces jeunes contestataires de l’ordre établi, souvent sans revenus, la plupart, sans avenir, sont des déchets sociaux. On les garrotte avec des attaches de plastique comme des sacs à ordures et on les traque pour les réduire au silence. Mais un jour, bientôt, le dépotoir va déborder. La puanteur qui en émanera alors plongera le monde entier dans la consternation.
Ces jeunes gens, rivés au sol, ne font pas qu’écrire un nouveau chapitre à l’imposant ouvrage de la brutalité policière: ils symbolisent la défaite – provisoire – de la pensée et de la libre opinion. C’est le triomphe de l’obscurantisme. Notre société ne tolère absolument pas la dissidence; et les grands principes égalitaires, dans les faits, ne valent que pour les chartes des droits et libertés.
La réalité des jeunes se vit dans la rue. À son contact, ils sont rapidement confrontés aux inégalités sociales, à la marginalisation et à l’intolérance. Mais c’est également dans la rue qu’ils trouveront les moyens de changer leur condition. La rue génère la conscience des vraies choses: c’est le berceau de la justice, et le lieu de son expression.
Or, il se trouve que l’ordre et la justice font rarement bon ménage.