«Où sont-ils, cette nuit, les décideurs, les statisticiens, les fonctionnaires et les politiciens? Ils dorment sûrement et peut-être même qu’ils rêvent à une autre façon remarquable de rationaliser les soins de santé et d’économiser sur le dos des malades afin que les sphères administratives du régime de santé récupèrent tout cet argent; car, sachez-le, l’endroit où l’on a assisté à la plus forte augmentation de personnel dans le réseau de la santé, c’est au palier administratif: on a créé au Québec dix-huit régies régionales, alors qu’en Ontario, il y en a dix pour une population qui est le double de la nôtre.
Le ministre de la Santé affirmait récemment que la qualité des soins était très bonne, qu’un sondage démontrait que la population était satisfaite des soins reçus à l’hôpital, que le seul problème résidait dans l’accessibilité à ces soins de santé.
Mais voilà, le problème se trouve justement sur le plan de l’accessibilité: les gens qui ont accès aux soins sont satisfaits, d’accord; mais a-t-on interrogé ceux et celles qui attendent plusieurs mois pour être opérés d’un nodule ou d’une tumeur, ou pour recevoir des traitements de radiothérapie pour un cancer?
À mon avis, la qualité des soins est un tout, et l’accessibilité aux soins de santé fait intégralement partie de cet ensemble, elle en est indissociable. Comment peut-on dire que la qualité des soins est bonne si l’on ne peut y accéder? Ce serait comme de dire aux pauvres et aux sans-abri qu’ils n’ont pas de raison de se plaindre, car Montréal est une ville où l’on mange et où l’on se loge bien. En effet, selon un sondage mené auprès des clients fréquentant les restaurants et les hôtels de Montréal, on a démontré une grande satisfaction quant à la qualité des repas et des chambres. Démagogie, direz-vous? Je n’en suis pas si sûr.»
– Extrait de 24 heures à l’urgence (Québec Amérique), du docteur Robert Patenaude