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Les maisons intelligentes : Home Web Home
C’est un petit pavillon anglais situé à Watford, un quartier résidentiel au Nord de Londres. Une maison comme les autres? Pas tout à fait car ici, tout s’anime au moindre clic de souris: chauffage, arrosage du jardin, surveillance de la porte d’entrée. Visite d’une des premières maisons Internet au monde.
Joël Matriche
D’apparence, c’est une habitation comme les autres, sans architecture futuriste ni parti pris technoïde. Un peu plus cossue, peut-être: un grand jardin, cinq chambres, trois salles de bain et une installation hi-fi et vidéo que jalouserait Steven Spielberg. Mais à l’usage, c’est un véritable condensé de technologie, un cottage ancré dans le coeur du réseau Internet et qui ne doit rien à la science-fiction.
«Nous voulons montrer dans quelle mesure Internet est lié à notre vie de tous les jours; à quel point le réseau bouleverse notre façon de vivre, de travailler et d’apprendre; et jusqu’où peuvent aller ses possibilités par rapport à une habitation» explique, les neurones débordant d’enthousiasme, Patrick Braun, vice-président de Cisco Systems pour l’Europe. «Mais le plus important est que les technologies employées sont déjà commercialisées; nous ne faisons que les utiliser toutes en même temps. Il ne s’agit donc pas d’une maison du futur, de l’an 2000 ou de l’an 3000: elle peut être achetée ici et maintenant.»
Pour réussir pareil tour de force, Cisco (un des leaders mondiaux en matière de technologie Internet) s’est allié à plusieurs sociétés (B.T., Compaq, DVD Plus, Fujitsu, Axis Communications) et, surtout, à un important promoteur britannique: Laing Homes. «Il est possible que Laing ne construise plus, à l’avenir, que des maisons Internet, lance Braun. Dix ont été construites, six sont déjà vendues.» Le prix? Un peu moins d’un million de dollars canadiens. «C’est vrai que c’est cher, confesse le manager de Cisco. Mais nous sommes ici dans un quartier résidentiel et les loyers de Londres n’ont jamais eu la réputation d’être démocratiques. Il faut aussi compter avec un équipement informatique particulièrement up to date, des écrans plats dans tous les coins, un système audio et vidéo haut de gamme, une installation de vidéoconférence sophistiquée… L’infrastructure réseau ne coûte, elle, que quelques milliers de dollars et les prix devraient baisser dans les mois qui viennent.»
Le paradis des gadgets
Au centre du système, des accès Internet à haut débit (ligne ISDN, en attendant une connexion ADSL) mais aussi une sorte d’ordinateur portable, le WebPad, qui fait office de télécommande multi-usages et qui permet de contrôler à distance (de la pièce à côté, ou de l’autre bout du monde) tous les appareils électriques: de la bouilloire au système d’arrosage en passant par la centrale d’alarme, l’éclairage, le chauffage et même. le frigo. «Il est possible de scanner tous les aliments qui entrent et sortent du garde-manger, et d’avoir ainsi une liste de commissions continuellement à jour. Celle-ci peut être automatiquement transmise à l’épicier, lequel s’empressera de venir vous livrer.» Et si un bon vieux coup de téléphone reste malgré tout nécessaire, on se rabattra sur le «combiné Internet»: il permet de joindre quelqu’un à n’importe quel endroit sur la planète pour le prix d’une communication locale.
Grâce à soixante-dix prises dispersées dans l’habitation, l’imagination du maître de maison et l’épaisseur de son portefeuille sont ses seules limites.
Du bout de son index, l’heureux propriétaire peut accueillir le visiteur qui trépigne à la porte d’entrée sans se lever de son fauteuil, commander le chauffage de la salle de bain à partir de son bureau, surfer sur le Web en se servant de l’écran du téléviseur (une merveille qui coûte quinze mille dollars), puis télécharger des fichiers MP3 ou entamer une vidéoconférence avec le cousin qui a fait fortune dans la Silicon Valley.
Disponible au Canada?
Au-delà du gadget (il est plus rapide de tourner la vanne du radiateur que de jongler avec les touches du WebPad), force est de reconnaître que la gestion du chauffage, de l’éclairage et du système d’alarme n’a probablement jamais été aussi perfectionnée. Les économes, eux, se réjouiront d’une moindre consommation d’énergie (surveillance continue sur PC) tandis que les plus prudents se pâmeront devant les détecteurs de fumée capables de couper l’arrivée du gaz en cas d’excès de monoxyde de carbone. À moins qu’ils ne s’agacent d’être réveillés au beau milieu de la nuit parce que le système anti-intrusion a remarqué qu’une porte était restée ouverte. et le fait savoir bruyamment.
Verra-t-on semblable vaisseau atterrir un jour à Montréal? La multinationale américaine entend en tout cas intensifier l’expérience en Grande-Bretagne et affirme être «ouverte à toute proposition qui émanerait d’un promoteur étranger».
Caractéristiques
Internet Home: un impressionnant condensé de technologies
* Soixante-douze ports de communication disséminés dans l’habitation.
* Des centaines de mètres de câbles.
* Un routeur Cisco 1750 desktop.
* Quatre lignes RNIS fournissant huit canaux de communication.
* Téléphones IP (téléphonie sur Internet, permettant n’importe quelle liaison pour le prix d’une communication locale).
* Quatre PC Compaq.
* Deux écrans plats Fujitsu.
* Quatre webcams.