En circuit fermé
Il n’y a pas si longtemps, le Net était le repaire d’une contre-culture bien organisée autour de certains sites qui avaient pour mission de donner un point de vue différent sur l’actualité. Des jeunes, pour la plupart, s’appropriaient le Net pour y construire une presse alternative en porte-à-faux avec les médias traditionnels. Sur le Web, un petit groupe d’auteurs et de journalistes pouvaient espérer fourbir les armes face aux grandes entreprises de presse en créant, à peu de frais, un magazine d’information.
"Il n’y a pas si longtemps, les internautes savaient qu’ils étaient témoins de l’éclosion d’un nouveau média et plusieurs ont tenté leur chance, explique David Bruneau, rédacteur en chef du webzine Hystérie www.hystérie.qc.ca. Il était encore possible pour les jeunes éditeurs de penser, qu’un jour, la publicité prendrait le chemin du Web et qu’ils seraient là avant tout le monde pour profiter de la manne."
Mais David Bruneau constate aujourd’hui avec tristesse que nombre de ses compagnons d’armes ont abandonné la partie. "Depuis un an ou deux, il y a une diminution du nombre de webzines et de la fréquence des mises à jour des magazines électroniques indépendants. L’une des causes est la multiplication du nombre de portails. Ces sites sont généralement détenus et gérés par un média, et proposent sur le Net un contenu déjà connu du public. Les nouveaux internautes se sentent ainsi déjà familiers avec "cet Internet-là", un Net commercial qui n’est ni autonome ni indépendant."
Ce qui est perçu par plusieurs comme un hold-up du Net par les médias traditionnels aura donc fait déchanter presque toute une génération d’idéalistes du Web. Et ce qui n’a pas aidé la cause des webzines, c’est que la "manne publicitaire" attendue n’a jamais véritablement fait résonner les tiroirs-caisses du Net québécois. "Les médias traditionnels et les grandes entreprises se sont ajustés à la tendance américaine qui perçoit le Net comme un moyen de commercer plutôt que de communiquer, poursuit Bruneau. Les portails québécois ne sont souvent que des sites qui fournissent un contenu dans le but d’attirer les internautes vers des occasions d’achat et vers de l’exposition publicitaire…"
Les mots dits
Selon son rédacteur en chef, Hystérie ne survit à l’hécatombe que parce qu’il fait "partie des publications qui carburent aux idées et au plaisir d’avoir la chance de posséder son propre média".
Pour David Bruneau, comme pour tous ceux qui continuent d’afficher leurs idées dans des webzines indépendants, le Net représente toujours cette formidable occasion de pouvoir s’exprimer sans censure. Et un Net indépendant a plus que jamais son importance alors que la concentration des médias ne fait que s’accentuer de jour en jour. "Parce qu’ils n’appartiennent ni à des holdings ni à d’immenses conglomérats, les webzines peuvent proposer des points de vue originaux et indépendants, dit David Bruneau. Par exemple, ce n’est probablement pas TVA qui va faire un reportage objectif sur les dangers reliés à la concentration de l’information quand elle vient juste d’acheter Trustar!"
Hystérie n’a évidemment pas l’ambition de faire compétition aux grands médias. Publié à toutes les deux semaines par une petite équipe de collaborateurs, Hystérie propose quelques textes d’opinion et d’analyse de l’actualité et des médias dans un format original et parfois savoureux. Pour se faire entendre, Hystérie pratique, par exemple, "le terrorisme pacifique". Ils envoient par courriel et par télécopieur leurs articles aux entreprises et aux institutions qu’ils critiquent dans leur publication. "Nous ne savons pas encore si cette pratique a un impact réel, mais nous sommes certains que c’est mieux que de rester silencieux."
Exposition multimédia à l’UQAM
Un collectif de finissants au bac en multimédia de l’UQAM s’est donné le mandat "d’explorer et de repousser les limites cybernétiques et multimédiatiques" avec son projet intitulé Rites. Il s’agit de quatre installations multimédias sous le thème du totem, qui tentent, chacune à sa façon, d’aborder l’interactivité de façon inédite. L’événement se déroulera les 26 et 27 janvier, de 12 h à 14 h et de 17 h à 22 h, à la salle Marie-Gérin-Lajoie de l’UQAM. Entrée gratuite.
Les HTMlles: festival de cyberart
Mise sur pied par Studio XX, un regroupement de dames éprises de numérique, la troisième édition de ce festival au féminin se tiendra cette année à la Cinémathèque québécoise du 1er au 6 février. En plus de présenter plusieurs oeuvres et installations créées par des artistes d’ici et d’ailleurs – dont Isabelle Hayeur, Mitsiko Miller et Eva Quintas -, la Cinémathèque sera l’hôte de soirées de discussion portant sur l’utilisation du Web en tant que médium artistique actuel. On se renseigne au 845-7934, ou au www.studioxx.org (S.O.C.)