La porno made in Québec : Le gland bleu
Société

La porno made in Québec : Le gland bleu

Chaque année, au Québec, trente mille nouveaux films de cul envahissent nos vidéoclubs. C’est un record national!

Si les Québécois regardent beaucoup de productions trois X, ils ont longtemps été reconnus pour jouer un rôle passif au sein de l’industrie. Le Québec laissait aux magnats du pays de Larry Flint le soin de produire presque toutes les vidéos qui se retrouvaient en circulation dans la province. À l’occasion, les Québécois se tournaient également vers les quelques productions de Toronto et de Vancouver pour compléter leur collection, mais ils n’en fabriquaient pratiquement pas.
Depuis, flairant la bonne affaire, des entrepreneurs locaux ont fait de Montréal la plaque tournante de la production canadienne. Selon Jean-Pierre Gagnon de la Régie du cinéma, le tiers des productions canadiennes seraient tournées ici, et ces chiffres ne cessent d’augmenter.
«Le Québec a longtemps joué le rôle résigné du voyeur au sein de l’industrie de la vidéo porno, explique Sophie Riopelle, journaliste qui couvre les tribulations de la scène trois X pour l’hebdomadaire Allô Police. Mais on sent vraiment un nouvel essor de l’industrie. Ces entreprises locales viennent de connaître un boum, et ont le vent dans les voiles.» Dans les faits, près d’une vingtaine de productions ont été tournées au Québec en 1999. C’est trois fois plus qu’en 1997.
Bien que les maisons de production québécoises soient encore minuscules dans l’ombre du tout-puissant géant américain, elles occupent une part de plus en plus importante du marché. Mais la compétition à laquelle doit faire face la production locale est de taille. Nos voisins du sud investissent parfois jusqu’à cinq cent mille dollars pour le tournage d’une seule production, le plus souvent en 35 mm. Au Québec, la majorité des films pornos sont tournés en VHS ou en super VHS avec un budget dépassant rarement dix mille dollars.
Qu’importe.
«Ce que les consommateurs de porno veulent voir à l’écran, ce sont des gens qui leur ressemblent. On présente une saveur locale, des acteurs qui pourraient être leurs amis, des connaissances ou des gens qu’ils pourraient coiser sur le trottoir, explique Luc Desmarais, directeur de Priape Vidéo, une compagnie de production montréalaise. Dans l’univers des fantasmes de films pornos, les Québécois ont compris qu’ils pouvaient prendre les rênes d’un certain créneau, et ils ont commencé à le faire avec brio.» _