Société

Les documentaires internationaux : Ô Canada!

Si personne n’arrête le gouvernement Chrétien, bientôt, il n’y aura plus de documentaires internationaux made in Canada. Les nouvelles exigences du Fonds canadien de la télévision ne sont pas seulement ridicules: elles sont en train de boucher toutes nos fenêtres sur le monde!

Si personne n’arrête le gouvernement Chrétien, bientôt, il n’y aura plus de documentaires internationaux made in Canada.

Les nouvelles exigences du Fonds canadien de la télévision, dont j’ai déjà parlé dans cette chronique, ne sont pas seulement ridicules: elles sont en train de boucher toutes nos fenêtres sur le monde.

Obsédés par la feuille d’érable, les hauts fonctionnaires délieront les cordons de la bourse à condition qu’un documentaire canadien A) soit tourné au Canada, B) traite d’un sujet ou d’un personnage canadien.

Or, pour certaines petites boîtes, la part du Fonds représente 20 % du budget de production. Quand les producteurs se plaignent que cette démission du fédéral les empêche de produire, ils se font répondre: «On ne vous empêche pas de tourner vos documentaires, vous n’avez qu’à trouver l’argent ailleurs.» Oui, mais où? Chez les télédiffuseurs? La plupart sont étranglés financièrement ou alors, quand ils ont de l’argent (on pense à TVA), ils se foutent du documentaire international comme de leur première chemise.

Résultat: si ça continue, on ne pourra plus voir le monde d’un point de vue québécois ou canadien (paradoxal, non?). Il faudra se contenter de documentaires produits à l’étranger. Et après, on peste contre la mondialisation…

Macumba International est au nombre des petites compagnies dont l’avenir est incertain. À l’origine de l’excellente série Vivre en ville et de documentaires primés comme Le Dernier Combat de Salvador Allende, Macumba prépare une nouvelle série, Extremis, sur ce qui cloche dans le monde à l’aube d’un nouveau siècle. Or, cette série pourrait ne jamais voir le jour si l’on ne trouve pas le financement adéquat.

À la fin du mois de janvier, un regroupement d’associations de cinéastes, d’auteurs, de réalisateurs, et de maisons de production a fait circuler une lettre intitulée «Urgence documentaire». Dans cette missive, les signataires demandaient à rencontrer les membres québécois du conseil d’administration du Fonds canadien de la télévision. Jusqu’à ce jour, leur lettre est restée sans réponse; mais comme les membres du C.A. du Fonds se rencontrent ces jours-ci, on espère bien que les choses vont avancer un peu. Un dossier à suivre.

Sex and the city
Depuis deux semaines, le canal Séries + diffuse Sexe à New York (samedi, 21 h), une traduction de l’excellente série Sex and the City, produite par HBO et diffusée au Canada sur les ondes de Bravo! (vendredi, minuit; samedi, 23 h).

Cette comédie de situation raconte les déboires sexuels de quatre célibataires à New York. Ces quatre femmes dans la trentaine évoluent dans des cercles privilégiés: la narratrice est journaliste et ses copines sont avocate, relationniste et directrice d’une galerie d’art. On les voit rarement travailler, leur vie étant une suite de soirées mondaines et de 5 à 7 chic où les sacs Prada côtoient les tenues Versace et les chaussures Manolo Blahniks.

Avant d’être une émission de télévision, Sex and the City est avant tout une chronique publiée dans le New York Observer par la journaliste Candace Bushnell, également collaboratrice au magazine Vogue.

Candace Bushnell est une «sexcolumnist», une fonction qui n’existe pratiquement pas dans les journaux québécois, plutôt portés sur les courriers du coeur. Seule exception: Josey Vogels, qui signe la chronique My Messy Bedroom dans l’hebdomadaire anglophone Hour.

Le recueil des chroniques de Bushnell, déjà offert en anglais, vient de paraître en français chez Albin Michel. Traduit à la parisienne dans une langue qui n’a pas grand-chose à voir avec le contexte de Manhattan, il permet tout de même d’apprécier le portrait des moeurs sexuelles peint par la journaliste.

Sex and the City décortique un sujet vieux comme le monde: les relations hommes-femmes et la recherche du partenaire idéal. Bushnell le fait avec beaucoup d’intelligence et de piquant.

La lecture de ses chroniques vous fera davantage apprécier l’excellente adaptation télévisuelle qu’on en a faite, la qualité de l’écriture et l’ingéniosité de la réalisation qui font de cette série un véritable petit bijou.

Sex and the City, Albin Michel, 284 p.

Changement de cap chez Bazzo
Plusieurs auditeurs l’ont remarqué, Indicatif présent (en direct tous les jours à 9 h 05 sur 95,1 FM) a changé de ton. L’émission quotidienne animée par Marie-France Bazzo est moins légère, plus sérieuse. On y aborde des dossiers plus sociaux et le citoyen, le mot à la mode ces temps-ci, semble être au coeur des préoccupations de l’équipe.

«Ce changement remonte à septembre, mais c’est vrai que depuis le retour des Fêtes, on le remarque davantage, explique Danielle Leblanc, réalisatrice de l’émission. Indicatif présent en est à sa cinquième année, nous sentions le besoin de nous renouveler.»

Résultat: moins de chroniques, des entrevues plus longues, et beaucoup de débats sur des sujets à caractère social. «Nous ne délaissons pas la culture pour autant», précise toutefois Danielle Leblanc.

Le changement de studio y serait-il pour quelque chose? En effet, depuis la grève des techniciens, l’équipe de Bazzo occupe un studio situé près de la salle des nouvelles radio de Radio-Canada. La grève est terminée mais Indicatif présent a choisi d’y rester.

Autre changement, l’animatrice ne se gêne pas pour exprimer sa dissidence. Un exemple: à l’annonce d’un éventuel financement des équipes de hockey par le ministre de l’Industrie et du Commerce John Menley, Marie-France Bazzo a littéralement encouragé ses auditeurs à protester. Sur les ondes de la radio publique, il faut le faire, non? Bazzo a également accordé beaucoup de temps aux manifestations de Seattle, un sujet qui lui tenait visiblement à coeur.

Enfin, depuis hier (mercredi), Indicatif présent accueille un nouveau chroniqueur dans ses rangs. Régulièrement, l’activiste Philippe Duhamel viendra livrer sa chronique Revendicatif présent, une sorte de mode d’emploi de la contestation destiné aux citoyens qui veulent faire entendre leur voix sur différents sujets. Citoyens et citoyennes, debout!

Coup d’oeil
Daniel Bélanger à la radio

Dans le cadre de la série De drôles d’histoires à voir et à écouter, c’est au tour de Daniel Bélanger de nous dévoiler ses talents de scénariste. Le 21 février, l’auteur-compositeur-interprète nous présentera une «histoire d’orage, un soir de hasard, avec trois personnages qui n’ont rien en commun». Cette performance radiophonique mettra en vedette Gabriel Gascon, Mario Saint-Amand et les musiciens de Bélanger, qui agira à titre de directeur musical.
Curieux? Vous pouvez assister à la performance, qui aura lieu au Club Soda (réservations: 597-3800), ou l’écouter, en direct à 20 h, sur la Chaîne culturelle, 100,7 FM.