Caméras et justice : La Cour en direct
Société

Caméras et justice : La Cour en direct

La semaine prochaine, pour la première fois au Québec, on autorisera la présence d’une caméra dans une cour de  justice.

Le 15 mars, pour la première fois au Québec (et la seconde fois au pays), on laissera entrer une caméra de télévision dans une cour de justice. Depuis le milieu des années 90, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec a fait pression auprès des instances judiciaires afin d’ouvrir les cours de justice au public. Elle a finalement réussi à convaincre le juge en chef de la Cour d’appel du Québec, qui a donné son accord pour mener deux expériences pilotes: l’une à Québec, l’autre à Montréal.

Le 15 mars, à 14 heures, la chaîne d’information continue LCN diffusera donc le début d’un procès présidé par le juge Beaudoin qui, pour l’occasion, lira un résumé de la cause afin que le public sache de quoi il est question. En gros, il s’agit de l’audition d’un pourvoi dans le cas de deux hommes reconnus coupables de meurtre à la suite de l’incendie d’une piquerie à Québec. Ce crime, commis en 1996, serait à l’origine de la guerre que se livrent les Hell’s Angels et les Rock Machine.

Attention, ne vous attendez pas à assister à une séance de crêpage de chignon comme dans l’émission Divorce TV. La cour d’appel est, selon plusieurs, l’un des endroits les plus ennuyants au monde, l’instance où l’on discute de points de droit entre avocats. Bref, ceux qui s’attendent à un remake du procès O. J. Simpson seront déçus.

En fait, en se contentant de cette cause, la FPJQ et les médias québécois adoptent l’approche du pied dans la porte et souhaitent que l’expérience leur permette un jour d’accéder à la cour criminelle. Pour l’instant, les négociations se poursuivent avec le juge Michaud afin de répéter l’expérience à Montréal. On parle entre autres de l’appel de Maurice «Mom» Boucher, mais comme il faut l’accord de toutes les parties, rien n’est réglé.

Avis aux intéressés: le 15 mars à 13 h, RDI présentera une émission spéciale sur cette première dans le cadre de Québec en direct. On pourra également voir ces images historiques dans les bulletins de nouvelles du jour. Enfin, l’émission Médias (Radio-Canada, 11 h 30) prépare également un topo pour son émission du 19 mars.

Madame télé-réponse Bell

Les journalistes les plus paranoïaques aiment bien imaginer les relationnistes et autres faiseurs d’image en train de manigancer pour mieux les manipuler. La tournée médiatique de madame Télé-Réponse Bell est la preuve vivante que, à l’occasion, les relationnistes n’ont même pas besoin de lever le petit doigt pour que les journalistes tombent dans le panneau.

À peine quelques mois après que Bell eut «vendu» ses téléphonistes à une filiale américaine, voilà qu’on nous présente la «voix» de nos boîtes vocales ou, si vous préférez, la comédienne qui prête sa voix au système d’enregistrement des boîtes vocales Bell. Interviewée dans les journaux, à la radio et à la télévision, parfois par les mêmes personnes qui avaient crié haut et fort leur indignation face à la vente des téléphonistes, la dame a eu droit à la même «run de lait» qu’un nouvel auteur ou qu’une chanteuse en promotion. Et tout ça gratuitement! Mes félicitations à Bell.

Coup d’oeil

Les Franc-tireurs

Il y a deux semaines, Luc Boulanger et Mathieu Chantelois s’en prenaient dans nos pages aux émissions humoristiques qui font des blagues sur les gais. La semaine prochaine, Daniel Pinard en rajoutera, en clamant haut et fort son homosexualité aux Francs-tireurs et en fustigeant à son tour l’homophobie latente des émissions comme Piment Fort, animée par Normand Brathwaite. Attention, c’est de la dynamite, nous dit-on. Mercredi 15 mars, 21 h. Télé-Québec. En reprise, vendredi 17 mars, 19 h 30.

Quadra

Jean-Claude Lord, le père de Jasmine, nous revient avec Quadra, une série à la prémisse invraisemblable: un jeune homme devenu quadraplégique à la suite d’un vol à main armée accepte que l’auteur du crime devienne ses bras et ses jambes jusqu’à la fin de ses jours. Si vous êtes capable de passer outre à cette incroyable proposition, sachez que la suite ne s’améliore pas: pour expier son crime, Guy devient le souffre-douleur de sa victime, Marc, qui décide de se venger en l’humiliant (donne-moi à manger, ferme la fenêtre, vide-moi les intestins, etc.). La famille du jeune homme est choquée (on se demande pourquoi) mais accepte néanmoins cet arrangement pour le moins tiré par les cheveux. Devinez quoi? Au fil des jours, la famille s’attache à Guy, ce bum au coeur tendre, qui devra éventuellement faire face à la justice. Qui livrera un vibrant plaidoyer en sa faveur? Je vous le donne en mille….On se croirait dans General Hospital: du mélo avec un grand M.
Mais que les fans de Lord se rassurent, le réalisateur n’a pas délaissé la fesse pour autant: les scènes de vestiaires de poupounes de Jasmine ont cédé la place aux scènes de bar de danseuses où le méchant Guy se réfugie parfois pour écumer sa rage. En fait, aucun cliché ne nous est épargné. Parmi les plus tenaces: une scène d’amour sous la pluie (ou les fantasmes de wet t-shirt de monsieur Lord), la baignade ô combien émouvante du quadra en état d’apesanteur dans une piscine et, surtout, la description de l’Est de Montréal comme s’il s’agissait d’un quartier chaud de South L.A. Ce n’est pas à Radio-Canada que devrait être diffusée Quadra mais sur Canal Z, sous la section phénomènes inexpliqués.
En fait, si l’on transposait la métaphore de Quadra au monde de la télévision, on serait en droit de se demander ce que les téléspectateurs québécois ont bien pu faire à Jean-Claude Lord pour qu’il continue à nous faire payer de la sorte avec ses séries. À sa décharge, rappelons que cette histoire, qui ne ient pas debout deux minutes, est tirée d’un roman de Jean-Claude Boult que le cinéaste a adapté.
Pas de doute, dans quelques années, on retrouvera les cassettes de Quadra sur la même tablette que Réseaux et Radio, dans la filière «grave erreur de jugement».
La série débute mercredi 15 mars, à 21 h, sur Radio-Canada.