Société

La culture à Radio-Canada : La chasse est ouverte

La Vie d’artiste et De bouche à oreille ne reviendront pas l’an prochain. Afin de remplacer ces émissions, Radio-Canada part à la chasse aux idées…

Radio-Canada met la hache dans ses émissions culturelles. En début de semaine, les équipes de La Vie d’artiste (vendredi à 19 h) et De bouche à oreille (dimanche à 16 h) ont appris que leurs émissions ne reviendraient pas l’an prochain. Pour l’instant, les productions de Christiane Charette et Monique Gignac, soit Christiane Charette en direct et Jamais sans mon livre, ne seraient pas touchées. «Ce n’est sans doute une surprise pour personne», remarque Marie Gendron, directrice des relations publiques et des relations avec la presse pour la société d’État.
Elle fait référence au fait que, l’an dernier, Radio-Canada avait voulu retirer De bouche à oreille de l’horaire. Devant la levée de boucliers du milieu culturel, la société d’État était revenue sur sa décision. Cette fois, il n’y aura pas d’appel. La décision est finale. «Nous avons demandé aux différentes équipes de nous présenter d’autres projets», ajoute madame Gendron. Mais à l’interne, certains employés avouent sentir un vent d’improvisation. «Ils ne semblent pas avoir de plan pour l’an prochain, de nous dire l’un d’entre eux. On dirait qu’ils ne réalisent pas qu’ils n’ont plus d’émissions culturelles.»
À Radio-Canada, on nous assure qu’il y en aura une à l’horaire l’an prochain. Quoi? On n’en sait rien. Le cauchemar recommence.
C’est connu, les émissions culturelles sont le talon d’Achille de Radio-Canada qui n’a jamais réussi à concocter une formule gagnante. Va-t-on se tourner vers le privé? C’est fort possible. «Nous avons lancé des pistes un peu partout dans le milieu culturel, à l’intérieur et à l’extérieur de la boîte», dit Marie Gendron.
Tout le monde sait que Radio-Canada mise beaucoup sur un éventuel Réseau des arts pour se refaire une réputation sur le plan culturel. Or, nous sommes le 23 mars, la date limite des dépôts de projets devant le CRTC est le 31 mars, et le projet de Radio-Canada n’est toujours pas finalisé. Jean Barbe et Jocelyn Barnabé, respectivement chef de pupitre et
réalsateur-coordonnateur de La Vie d’artiste, seraient impliqués dans la création d’une programmation pour le Réseau des arts. Quant aux réalisateurs qui gravitent autour de La Vie d’artiste, ils misent beaucoup sur ce Réseau mais sont très déçus de la disparition de
leur émission.
Avouons-le: on ne pleurera pas sur le sort de De bouche à oreille. Le magazine hebdomadaire avait plusieurs défauts, dont celui de distiller un ennui profond. Par contre, on s’explique mal qu’une émission aussi originale et novatrice que La Vie d’artiste, qui termine sa quatrième saison, ne soit pas au nombre des intouchables de Radio-Canada. Surtout que ses cotes d’écoute tournaient autour de trois cent cinqante mille téléspectateurs, un vrai miracle pour ce type d’émission. «La Vie d’artiste avait fait son temps», explique Marie Gendron, qui dit que la société d’État serait intéressée à développer un concept qui toucherait au multimédia. Pour l’instant, tout ça semble bien flou.

humoristes: so-so-so-solidarité
Dimanche soir dernier, les humoristes se sont conduits comme des policiers. Quand un agent de la paix est pris en défaut, ses confrères font bloc autour de lui et présentent une image d’unité inébranlable. Même comportement au Gala des Olivier où on voulait nous montrer que la sortie de Daniel Pinard contre l’humour cheap de certaines émissions n’avait pas ébranlé la belle solidarité des humoristes. On n’avait rien vu d’aussi touchant depuis les accusations pour agression sexuelle à l’endroit de Gilbert Rozon.
Toute la soirée, les humoristes ont voulu nous convaincre qu’ils s’amusaient ferme. Chaque fois qu’une caméra montrait un humoriste dans la salle, il se tapait les cuisses avec exagération et riait aux éclats. Or, les humoristes ne sont pas tous de bons comédiens. Derrière le sourire figé de certains honorables représentants de l’humour, il y avait le regard absent de celui qui se demande si le massacre va bientôt finir. Car le Gala des Olivier était sans dote la soirée de télé la plus ennuyante de l’année. Il n’y a rien de moins drôle qu’un humoriste platte. Et dimanche, il y avait des dizaines d’humoristes plattes qui défilaient derrière un micro pour réciter des textes tous plus médiocres les uns que les autres (un seul numéro passable, qui aurait dû être peaufiné: celui sur les radios qui carburent aux blagues de cul).
Personne, ni même Pierre Légaré, ce grand intellectuel, ni Claude Meunier, ce génie vivant, ni Yvon Deschamps, l’ancêtre sur son piédestal, n’a réussi à exprimer une remarque spirituelle. Zzzzzzzzzzzzzzzzz…
Quand le public choisit une artiste en année sabbatique comme humoriste de l’année, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche, non?
L’humour québécois se porte-t-il si mal? Cette semaine, c’est au tour de l’émission Enjeux de poser la question (le reportage, que je n’avais pas vu au moment d’écrire ces lignes, est en reprise sur les ondes de RDI dimanche à 15 h). Chose certaine, le débat, aussi pertinent soit-il, est en train de dégénérer parce que des gens confondent mépris envers les homosexuels et jokes de blondes. Que voulez-vous, la nuance n’a jamais été un sport national au Québec.

Coup d’oeil
Médias
Le nom de Cinar est presque devenu une honte nationale et on commence à comprendre que la fraude était presque une religion pour les dirigeants de cette entreprise qui a déjà été baptisée le «Disney du Nord».
La semaine dernière, l’émission Médias présentait une entrevue exclusive avec l’avocat Marc-André Blanchard. Son client, Claude Robinson, se bat depuis des années pour qu’on lui reconnaisse la paternité des illustrations à l’origine de la série Robinson Sucroë, produite par Cinar. L’avocat explique que son client a été l’un des premiers à alerter la GRC et à découvrir l’emploi de prête-noms par Cinar. On le décrivait comme un acharné légèrement hurluberlu. Aujourd’hui, on constate qu’il n’avait pas tort. À ne pas manquer, en reprise, le samedi 25 mars, à 19 h 30, sur RDI.