Société

L’affaire Robert-Guy Scully : Qui sait quoi?

ROBERT-GUY SCULLY a reçu une subvention de 1,2 million de dollars d’un organisme de propagande fédérale pour produire une émission diffusée à RDI. Daniel Gourd, directeur des programmes de Radio-Canada, dit qu’il n’en savait rien. Pourtant, cette subvention est passée par les coffres de BCE Media, dont le président est… le frère de monsieur Gourd!

La semaine dernière, le quotidien Le Devoir nous apprenait que Le Canada du millénaire, une série hebdomadaire d’entrevues produite et animée par Robert-Guy Scully et diffusée sur les ondes de RDI, recevait une subvention de 1, 2 million de dollars de BCE Media. Le Devoir expliquait que cette somme ne provenait pas des coffres de BCE Media (qui subventionne déjà la série), mais plutôt du Bureau de l’information du Canada, un organisme de propagande fédérale créé en 1996 afin de contrer la propagande souverainiste. Les téléspectateurs n’étaient pas en mesure de le savoir puisque le nom du BIC n’apparaissait pas au générique de l’émission.

Au lendemain de la publication de cette nouvelle, le directeur de l’information de Radio-Canada, Claude Saint-Laurent, annonçait le retrait de l’émission. La politique journalistique de Radio-Canada oblige les producteurs indépendants à divulguer la liste des commanditaires de leurs émissions, chose que Robert Guy Scully avait omis de faire dans le cas du BIC.

RDI et Radio-Canada affirment qu’ils n’étaient pas au courant de l’arrangement pris entre BCE Media, le BIC et l’Information essentielle inc., la maison de production de Robert-Guy Scully.

Mais nous avons appris que, jusqu’à tout récemment, l’un des recherchistes de Robert Guy Scully était Vincent Gourd, le fils de Daniel Gourd, directeur des programmes de Radio-Canada. Quant au président de BCE Media, la compagnie qui recevait la subvention de 1,2 million de dollars du BIC, il se nomme Alain Gourd et il est… le frère du directeur des programmes de Radio-Canada!

Le directeur des programmes de Radio-Canada était-il au courant de la subvention cachée du BIC? Daniel Gourd n’a pas voulu nous parler; mais le directeur des communications de Radio-Canada, Marc Sévigny, a affirmé que monsieur Gourd n’était «absolument pas au courant de cette subvention». Il faut croire qu’on ne se parle pas beaucoup dans la famille Gourd…
Vérification faite auprès de l’ombudsman de Raio-Canada, rien n’oblige un cadre de la société d’État à divulguer ce genre d’information. En d’autres mots, si Daniel Gourd avait été mis au courant de la subvention, par son frère, il n’aurait pas été tenu d’en avertir le directeur de l’information de Radio-Canada.

Du moins, sur le plan professionnel. Sur le plan personnel, c’est une autre histoire…

L’info pour les jeunes
À compter de l’an prochain, RDI (le Réseau de l’information) diffusera une émission d’information quotidienne destinée aux jeunes de neuf à douze ans. L’objectif de cette émission est d’expliquer l’actualité aux enfants.

Le projet a été développée par Ève Tessier-Bouchard, journaliste à l’émission Médias, qui a visité plusieurs écoles afin d’étoffer son projet. Elle a donc pu constater que l’actualité n’est pas toujours bien comprise par les jeunes et parfois même par leurs professeurs. Un exemple: la bande de Gaza. «Plusieurs enfants croyaient qu’il s’agissait d’une bande de malfaiteurs dirigée par un chef, Gaza…», explique Ève Tessier-Bouchard.

L’émission, d’une durée de 15 minutes, sera diffusée six jours par semaine à 18 h. On y commentera la manchette du jour (pourquoi le premier ministre Chrétien a gaffé en confondant Jérusalem Ouest et Jérusalem Est, par exemple), et l’on souhaite que l’émission soit regardée en famille. Le samedi, on présentera des reportages réalisés par les jeunes.
Ce nouveau concept – qui existe, sous une forme différente, dans d’autres pays de la francophonie – répond à l’une des exigences imposées par le CRTC lors du renouvellement de la licence de RDI (qui a augmenté son tarif de dix sous par abonné du câble).

L’émission s’inscrit également dans un contexte plus large. Non, le ministère de l’Éducation n’a pas l’intention de transformer nos enfants en petits Normand Lester; mais, dès l’automne prochain, à moins d’un revirement de situation, le MEQ va instaurer sa fameuse réforme. Le nouveau programme éducatif, qui s’inspire fortement de l’approche en viueur dans les écoles alternatives, va proposer aux jeunes un apprentissage par projets. Ces projets vont s’inspirer de neuf «domaines d’expérience de vie» (dixit le jargon gouvernemental) parmi lesquels figurent l’environnement, la santé, la formation personnelle-professionnelle et l’entrepreunariat ainsi que… l’éducation aux médias.
Le programme d’éducation aux médias a été élaboré par l’équipe du CREM, le Centre de ressources en éducation aux médias dirigé par Michel Pichette.

Le programme est ambitieux. Entre autres projets possibles, les jeunes pourraient par exemple avoir à réaliser un journal ou une émission de radio qui intégreraient différentes matières comme l’histoire, le français, la géographie. On comprend donc que l’expertise du CREM risque d’être fort utile auprès du corps enseignant. En d’autres mots, les profs vont devoir se lever de bonne heure!

Pour l’instant, le programme d’éducation aux médias est à l’étape de lecture finale au MEQ. Quant à l’émission d’information destinée aux jeunes, RDI s’est engagée à la présenter durant au moins trois ans, mais pourrait bien la diffuser sur une période de sept ans, si tout va bien.

Inside.com
Ça y est, on peut désormais visiter le méga-site inside.com développé par la compagnie Powerful Media. Inside.com se veut LA référence dans l’industrie du divertissement. L’entreprise a d’ailleurs repêché quelques-uns des meilleurs journalistes couvrant ce secteur, des plumes issues des médias traditionnels comme Variety ou The Wall Street Journal.

On retrouve dans Inside.com une foule d’informations sur les médias, la télévision, l’industrie de la musique et de l’édition. Par exemple, lundi matin, on pouvait lire les dessous de la négociation entre le réseau NBC et les comédiens de la sitcom Friends qui viennent d’obtenir 750 000 dollars US par épisode pour la prochaine saison. On peut également consulter les cotes d’écoute des émissions de la veille. insi que la liste des meilleurs vendeurs en musique et en littérature. Le Hollywood Stock Exchange (une bande qui défile en tout temps au haut de l’écran) nous informe de la valeur marchande des gros noms d’Hollywood. Bref, c’est avant tout un site destiné aux gens du milieu ainsi qu’à ceux qui s’y intéressent de très près.

Le coût de l’abonnement est de 19,99 dollars US par mois; mais, pour marquer le lancement du site, on vous propose une période d’essai gratuit d’un mois qui comprend également l’envoi quotidien d’un courriel détaillant les informations importantes de la journée dans les domaines qui vous intéressent particulièrement.

coup d’oeil
C’est mercredi prochain qu’on pourra voir pour la dernière fois le super-sympathique Michael J. Fox dans l’excellente sitcom Spin City. Plus tôt cette année, l’acteur a annoncé qu’il quittait la série pour se consacrer à sa fondation, dont l’objectif est d’amasser des fonds pour la recherche sur la maladie de Parkinson, maladie dont il est atteint. C’est l’acteur Charlie Sheen qui le remplacera l’an prochain. Les personnages secondaires de Spin City sont savoureux, mais c’est la présence de Fox qui faisait lever le tout. Dommage. Mercredi 24 mai, 21 h 30. ABC.

Une bd à la radio!
L’émission Un dimanche à la radio présente cette semaine Histoire du conteur électrique, une bande dessinée de Fred (père de Philémon) adaptée pour la radio par Marie-Hélène Copti, une mordue de bd qui chronique à l’occasion sur le sujet à l’émission Macadam Tribu.

C’est l’histoire d’un vieil homme privé de télé qui se met à écouter les histoires que lui raconte la lune. Il devient l’émetteur de la lune auprès des humains, ce qui n’a pas l’heur de plaire au directeur d’un réseau de télé qui voit ses cotes d’écoute chuter. Le bonhomme, incarné par le comédien Paul Buissonneau, proposera entre autres à la lune d’introduire des publicités dans ses récits. Bref, vous aurez compris qu’il s’agit d’une critique en règle du meveilleux médium qu’est la télé.

Au nombre des comédiens participant à cette adaptation pour le moins originale: Marcel Sabourin, Danièle Panneton et Patrice Dubois. À ne pas manquer, sur les ondes de la chaîne culturelle, 100, 7 FM, le 21 mai dès 12 h 30.