Debout! : René Charest
Société

Debout! : René Charest

Vous trouvez que le monde ne tourne pas rond? Participez à son redressement! Toutes les deux semaines, afin de vous inspirer, nous vous présentons un activiste qui remue ciel et terre pour changer les choses et améliorer la vie.

René Charest
37 ans
Coordonnateur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), qui regroupe 57 organismes communautaires.
Sa cause: l’itinérance

Militant anti-pauvreté depuis le milieu des années 80, René Charest parcourt autant les ruelles de Montréal que les couloirs du pouvoir politique. Il lutte au sein du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) depuis 1992, un organisme qui fête ses vingt-cinq ans d’existence et qui se porte à la défense des droits des sans-abri et des groupes qui les soutiennent.

Avec l’arrivée de la saison estivale, les chiffres semblent inutiles pour prouver que le nombre de sans-abri grimpe sans cesse. Jeter un oeil à l’extérieur suffit. «Depuis dix ans, la population itinérante qui fréquente les centres d’hébergement de Montréal a doublé pour atteindre près de trente mille personnes. C’est pourquoi des groupes communautaires se forment ou se renforcent de plus en plus pour venir en aide à ces gens dans le besoin.» Les politiciens constatent aussi l’urgence d’agir et investissent des sommes ici et là – trop souvent avec la volonté de faire du capital politique sur le dos des itinérants, regrette le militant.

Un dossier chaud bouscule actuellement le travail de René Charest: la montée de l’intolérance face à l’itinérance. «Nous travaillons très fort pour défendre les itinérants contre les forces policières, les résidants et les commerçants qui deviennent de plus en plus agressifs à leur égard. Des groupes de citoyens se forment actuellement et n’ont qu’un but: évacuer toute trace de marginalité de l’espace public. Ils se plaignent fréquemment auprès des policiers pour qu’ils balaient des rues les itinérants. Je n’ai jamais vu une telle intolérance depuis que je milite. C’est notre principale préoccupation à l’heure actuelle.»

En plus d’appuyer une panoplie de groupes qui oeuvrent auprès des sans-abri, René Charest défend trois revendications sur toutes les tribunes. «Nous voulons obenir le revenu minimum garanti pour aider les personnes pauvres. Il est urgent par ailleurs d’assurer une accessibilité plus large aux services de santé pour les personnes itinérantes qui sont souvent discriminées en raison de leur statut. À l’heure actuelle, elles voient leur durée de séjour à l’hôpital écourtée injustement et sortent des établissements encore malades. C’est inacceptable. Enfin, nous désirons que soit développé le logement social, un loyer plus modique pour les personnes seules.»

Sa vision du militantisme
«Le militantisme, lance d’emblée René Charest, c’est une façon de comprendre le monde tout en essayant de le transformer.» C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il privilégie le travail de terrain. «Il faut se connecter à la réalité et voir le quotidien de la rue pour bien analyser les problématiques de la pauvreté. C’est ce qui distingue le militant du décideur qui, lui, ne fait que jouer la game politique et prendre des décisions parfois peu adaptées à la réalité. Dans mon cas, j’arrête de travailler dans mon bureau vers 16 h. Je sors alors dans la rue pour aller voir des itinérants et des travailleurs de rue afin de savoir comment la journée s’est passée. Pour moi, c’est aussi important d’obtenir cette information que de rencontrer les gens du ministère une fois tous les deux mois.»

D’après René Charest, un des défis majeurs du militantisme réside dans la mobilisation populaire. «Dans mon cas, les personnes itinérantes que je défends sont absentes lorsque vient le temps de faire l’intervention politique en leur faveur. C’est une population difficile à rassembler. Pour pallier cette lacune, je veux former des comités d’itinérants qui pourraient expliquer leur situation et se défendre. C’est primordial de réussir à cumuler des appuis afin de lutter pour une cause.»

L’itinérance a existé, existe et existera toujours, semble-t-il. Décourageant alors, le métier de militant? «Pour être un militant réaliste, il ne faut pas avoir une conception courte du temps et crire en la pensée magique qui veut que tout pourrait changer du jour au lendemain. C’est faux. Il faut voir à long terme. Changer des courants sociaux et améliorer le sort des personnes pauvres, c’est très long. Être militant, c’est être persévérant.»

Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM):
879-1949