Société

Le magazine Dads : Papa a raison

Les nouveaux pères ont maintenant leur magazine, Dads. Une publication qui suggère que passer une journée avec papa demeure une fête, un événement inhabituel. Mères de tous les pays, agenouillez-vous…

Le nouveau père est à la mode. Il est souvent invité à la radio et à la télévision où il aime bien s’épancher sur le bonheur d’être père. Quand il est plus connu – acteur, chanteur, écrivain, etc. – , il n’hésite pas à se faire photographier en compagnie de ses rejetons. C’est bon pour son image.

Le nouveau père suscite l’étonnement. On le félicite de savoir changer une couche, on s’émeut qu’il sache où trouver le pyjama du petit dernier, et on tombe carrément à la renverse quand on apprend qu’il sait cuisiner des purées.

Le nouveau père est la nouveauté sociologique de l’heure. Voilà sans doute pourquoi une poignée d’hommes ont décidé de lancer Dads, «the lifestyle magazine for today’s father».

Ce nouveau magazine, que l’on retrouve dans toutes les boutiques de journaux, s’adresse aux pères âgés de vingt-cinq à cinquante ans, des hommes qui ont souvent grandi sans la présence de leur père (bonjour, Guy Corneau!) et qui n’ont pas nécessairement envie de répéter les mêmes «erreurs» que leur géniteur. «Les hommes sont différents des femmes, écrit le rédacteur en chef du magazine, lui-même père de deux enfants. Comme ils n’ont pas eu de modèles positifs et ont très peu de ressources – contrairement aux femmes qui peuvent échanger avec leur mère, leurs soeurs ou leurs amies -, nous avons créé Dads pour eux.»

Sur le plan visuel (présentation, typographie, mise en pages, ordre des chroniques, etc.), Dads ressemble à n’importe quel autre magazine: un mélange équilibré de conseils pratiques, d’articles de fond, de rubriques et de chroniques plus légères. C’est la formule classique.

Côté contenu, on a décidé d’y aller mollo. Pas question d’effaroucher papa en lui parlant de la propreté du petit dernier, des dangers de la salmonellose ou des théories de Penelope Leach (une des grandes «gouroutes» de l’éducation des enfants).
Rappelez-vous, les pères sont différents. Et si on se fie à Dads, ils sont plus intéressés par les concepts abstraits qe par le quotidien de la vie de famille.

Dans le premier numéro du magazine, ils pourront donc lire une chronique amusante où l’on demande à trois pères comment ils réagiraient devant les situations suivantes: votre enfant veut a) se faire percer un trou dans le nez; b) avoir sa propre carte de crédit; c) poser un loquet sur sa porte de chambre. Bien entendu, les réponses des trois pères sont très, très cool, et surtout, tout droit sorties d’un manuel de psychologie parentale. Du genre: «Mon rôle n’est pas d’être leur ami mais d’imposer une certaine discipline, blablabla…»

Passons vite sur la page santé, où l’on parle principalement de vasectomie et de Viagra (à venir: cancer du côlon et problèmes de prostate?); laissons de côté les conseils sur le golf et la double page consacrée aux joies du B.B.Q, et passons tout de suite au contenu des articles plus longs. Des exemples: être romantique quand on a des enfants, la terrible période des deux ans, le racisme chez les jeunes, comment voyager avec son enfant, guide de visite de Disneyworld, comment élever des garçons (un sujet d’actualité), etc., etc.

Bref, à première vue, si on fait exception de certaines rubriques, ce magazine pourrait tout aussi bien s’adresser aux mères. J’écris «pourrait», car en y regardant de plus près, certains détails indiquent que le rôle du père est encore perçu comme une exception. En effet, une petite chronique conseille aux pères des jeux à faire quand il pleut et que maman n’est pas là (ce qui implique que si maman était là, on n’aurait pas à se creuser les méninges pour occuper les enfants). Un autre article descend en flammes le personnage du père présent et compréhensif (comprendre: téteux) de la série télévisée Once and Again. Bref, le ton général de Dads suggère subtilement que passer une journée avec papa demeure une fête, un événement inhabituel.

Autre constatation: à part quelques pubs d’autos, les éditeurs de Dads ont vendu très peu d’espace publicitaire. Quelques pubs d’apareils électroniques mais aucune pub de parfum ou de vêtements pour hommes, le pain et le beurre habituels des magazines comme GQ ou Esquire. C’est un signe que les publicitaires ne croient pas, du moins pour l’instant, à l’avenir de ce magazine et à son concept.

Surprenant? Non. Les publicitaires ont compris que les hommes se définissent de plusieurs façons et que leur rôle de père en est un parmi tant d’autres. Même chose pour les femmes. Mais ça, c’est une autre histoire…

Une version «hard» de Fox sur le Net
De plus en plus, on développe une programmation télé exclusive à Internet. On pense à pseudo.com ou encore, à canalweb en France. Jusqu’à maintenant, les grands réseaux de télévision utilisaient le Net comme vitrine pour faire la promotion de leur programmation. Cela pourrait changer. À compter de septembre prochain, selon le New York Times, le réseau américain Fox, reconnu pour sa programmation à la qualité parfois douteuse, va diffuser des émissions exclusivement sur Internet. Toohotforfox.com présentera donc des émissions jugées trop dures pour la télé conventionnelle comme When Good Pets Go Bad ou World’s Scariest Police Chases, des reality shows sensationnalistes que le réseau s’était engagé à ne plus présenter. L’absence de réglementation sur Internet va-t-elle créer une télévision à deux vitesses? À suivre.

Sex and the City
Les fans de la meilleure série de l’année savent sans doute que de nouveaux épisodes débutent ce week-end sur la chaîne câblée HBO. Ici, il faudra attendre le 28 juillet prochain avant que la chaîne Bravo! ne présente cette troisième saison tant attendue. Pauvre Canada!

Coup d’oeil
Queer as Folk
C’est l’une des séries les plus attendues de l’année. Produite en Angleterre pour Channel 4, cette dramatique raconte la vie de trois homosexuels vivant dans le quartier gai de la ville de Manchester. Ce trio d’enfer est composé de Stuart (beau et bien dans sa peau), Vine (mal dans sa peau et aimant Stuart en silence) ainsi que Nathan, quinze ans, fraîchement sorti de la garde-robe. Aucun sujet n’est tabou dans Queer as Folk: la sexualité débridée, la paternité chez les gais, les relations familiales difficiles, l’acceptation du milieu professionnel, tout ça est traité de façon adulte mais sans gants blancs. Queer as Folk n’est pas une émission éducative ni une campagne de sensibilisation. C’est une émission de télé qui a soulevé la controverse car on y montre des gais s’embrassant sur la bouche et baisant… gaiement. À voir dès le lundi 5 juin à minuit sur Showcase et en version française dès le 4 août sur Séries +.

Jean-Louis Trintignant à Montréal
L’acteur Jean-Louis Trintignant (de passage à Montréal récemment) sera l’invité de l’émission littéraire Jamais sans mon livre, ce dimanche à 15 h sur Radio-Canada. À ne pas manquer puisque c’est la seule émission de télévision à laquelle il ait accepté de participer. À noter que Jamais sans mon livre sera de retour l’an prochain, le dimanche à 16 h, avec une reprise qui, pour l’instant, est prévue pour le lundi soir, à 23 h. Une bonne nouvelle pour les amateurs de cette excellente émission qui sait parler livres sans être ronflante.