Société

Canaux spécialisés : Vidéotron à la rescousse!

Si l’on se fie à la loi de l’offre et de la demande, un produit existe parce que des gens l’achètent. Si personne ne mangeait de Doritos au fromage Nacho, la compagnie Frito Lay arrêterait d’en produire sur-le-champ. Même chose pour les produits de luxe. Si personne n’achetait de sacs Vuitton à dix mille dollars, Vuitton fermerait boutique.

Si l’on se fie à la loi de l’offre et de la demande, un produit existe parce que des gens l’achètent. Si personne ne mangeait de Doritos au fromage Nacho, la compagnie Frito Lay arrêterait d’en produire sur-le-champ. Même chose pour les produits de luxe. Si personne n’achetait de sacs Vuitton à dix mille dollars, Vuitton fermerait boutique.
Cette logique ne s’applique toutefois pas au domaine des arts et de la création. Les poètes, les écrivains et les sculpteurs ne cessent pas de créer parce que personne ne veut acheter leur création. Certains écrivains vendent beaucoup de livres et gagnent bien leur vie, d’autres vendent très peu de livres et tirent le diable par la queue. Après tout, ils ne peuvent pas forcer les gens à lire leur prose!
Dans le milieu de la télévision, c’est différent. On peut forcer les gens à acheter un produit, même s’ils n’en veulent pas. C’est ce que vient de signifier le cablôdistributeur Vidéotron en annonçant que, dès le 1er juillet, les Québécois qui voudront s’abonner aux chaînes spécialisées (c’est-à-dire au service Télémax) devront obligatoirement payer pour les quatre nouvelles chaînes lancées cette année, soit Canal Évasion, Séries+, Historia et Z. Vous avez bien lu, obligés. Et ce ne sera pas gratuit. À l’heure actuelle, il en coûte 8,39 $ pour s’abonner à Télémax, un bouquet de chaînes spécialisées qui comprend entre autres LCN et MusiquePlus. À compter du 1er juillet, le coût de l’abonnement (qui n’inclut pas le tarif de base de 23,17 $) grimpera à 10,38 $. C’est 1,99 $ de plus pour quatre chaînes qui n’intéressent pas grand monde puisque seulement 17 % des clients de Vidéotron s’y sont abonnés.
En fait, les gens étaient tellement peu attirés que Vidéotron a prolongé la période d’essai gratuit d’un mois et a diminué le prix de l’abonnement de deux dollars. Vous savez quoi? Les téléspectateurs n’ont toujours pas embarqué. Voilà pourquoi Vidéotron impose ces chaînes aujourd’hui.
C’est ce qui s’appelle survivre grâce à un respirateur artificiel.
C’est commesi vous entriez dans une librairie acheter le dernier livre de Dany Laferrière et qu’on vous forçait à prendre un roman de Machin Truc. Vous n’en voulez pas? Vous n’avez pas le choix. Pas de Machin Truc, pas de Laferrière.
C’est la télévision totalitariste.
Le porte-parole de Vidéotron, Jean-Paul Galarneau, tient à minimiser l’impact de cette décision. «Cette nouvelle formule touchera seulement les nouveaux abonnés qui choisiront Télémax, c’est-à-dire deux à trois mille personnes, tout au plus. Les abonnés qui choisissent le numérique, eux, ne seront pas obligés de prendre les quatre nouvelles chaînes. Même chose pour ceux qui choisissent uniquement le service de base.» En d’autres mots, tant pis pour ceux qui choisissent Télémax.
Le problème, c’est que le CRTC a accordé une licence à des canaux spécialisés sans chercher à savoir s’il y avait un véritable besoin pour le contenu proposé par ces chaînes. Aujourd’hui, nous voilà obligés de les faire vivre malgré nous. Car en plus des redevances du câble, ces chaînes bénéficient aussi de subventions à la production. Au total, ça fait pas mal d’argent pour un produit dont personne ne veut.
Quelle serait la solution? La télé à la carte? Pas sûr. Imaginez que seuls les canaux les plus regardés soient assurés de survivre. Qu’arriverait-il de télévisions plus pointues comme Bravo et Télé-Québec? Ces chaînes sont très peu regardées mais leur existence est nécessaire car elles proposent une programmation différente et de qualité. Voilà le mot clé: qualité. C’est le critère qui devrait guider le CRTC lorsqu’il accorde des nouvelles licences. C’est facile de créer une nouvelle chaîne, n’importe quel bozo capable d’aller chercher du financement peut le faire. Le défi, c’est de bâtir une programmation variée, intéressante et surprenante. Pas des séries cheap et des reprises des reprises des reprises.
En attendant, un conseil pour ceux qui ne veulent vraiment pas des quatre nouvelles chaînes: abonnez-vous à Vidéotron avant le 1er juillet.

Scully parttwo
Après avoir appris que la série Le Canada du millénaire était subventionnée par le BIC (Bureau d’information du Canada) via la compagnie BCE Média, voilà qu’on apprend que Les Minutes du patrimoine, ces vignettes sur «notre Histoire» diffusées dans les salles de cinéma et sur les ondes de RDI (à titre de publicité), recevaient de l’argent de Patrimoine Canada, le ministère de Sheila Copps. Cette subvention, comme celle du BIC, n’était pas mentionnée au générique des minutes produites par nul autre que… Robert Guy Scully. Encore lui!
Cette fois, l’argent transigeait via la Fondation Bronfman, fondation où travaillait Robert Rabinovitch avant d’être nommé président de Radio-Canada.
Décidément, notre gouvernement fédéral a la générosité bien discrète.
C’est l’as enquêteur Normand Lester qui a découvert le pot aux roses mais ses patrons l’auraient empêché de sortir la nouvelle. Il l’a donc coulée aux médias écrits. Les patrons de Radio-Canada se méfient sans doute, car la plupart des informations qui circulent ces jours-ci à propos de Scully sont coulées par le Bloc québécois. Le patron de Normand Lester, Jean Pelletier, ne voudrait sans doute pas qu’on l’accuse d’être à la solde des séparatistes. Par contre, on peut le soupçonner de protéger ses amis fédéralistes, ça ne semble pas l’empêcher de dormir la nuit…

Coup d’oeil

Tôt ou tard
Début du nouveau magazine estival de TVA dont le concept est plutôt surprenant. La première édition est à 18 h 30 (tôt) et vise un public plus large: on y suggérera des sorties, des restos, des petites recettes d’été, etc. Deuxième diffusion à 22 h 30 (tard) en compagnie du même animateur (le comédien Charles Lafortune) mais visant un public plus jeune à qui l’on proposera une visite des lieux branchés (j’haïs cette expression), des bars et des raves quand il y en aura. Bref, un concept intéressant et original qui, croyez-le ou non, n’est PAS signé Stéphane Laporte. C’est rare… Début: lundi 12 juin TVA.

Sports 30 mag
Reniflez à fond. Ne sentez-vous pas la douce odeur de cambouis? Tendez l’oreille et vous entendrez l’excitant vroum vroum des Mercedes et des Ferrari (ou le «cabong» de la BAR Honda…). La caravane de la Formule 1 arrive en ville. Accrochez vos chapelets sur la corde à linge et priez pour qu’il fasse beau. En attendant de voir vos idoles défiler sur la piste, branchez-vous sur RDS, LA télé de la Formule 1 où les commentaires de Pierre Houde sont toujours intelligents et judicieux. Mercredi, le magazine Sports 30 Mag sera diffusé en direct de la rue Crescent. Invité: Christian Tortora. Question de se mettre dans l’ambiance. Mercredi 14 juin, 19 h. RDS.