Société

Droit de cité : Ça pue dans le cabinet

Parfois, l’à-propos et Pierre Bourque ont rendez-vous. C’est plutôt rare et, comme certains événements astronomiques (un alignement parfait des planètes, par exemple), ça mérite d’être souligné.

Malheureusement pour le maire, cette rencontre a eu lieu quand une étoile – un Rocket – nous a quittés pour le firmament. Manque de pot pour le maire, donc, qui a dû céder la manchette à plus brillant que lui. Life sucks, comme disent les actionnaires des Expos.

Toujours est-il que Pierre Bourque s’est permis d’accabler, avec une volée de bois vert, le chef libéral Jean Charest lors d’une commission parlementaire à Québec sur l’aménagement du territoire, où l’on discute, entre autres, de fusions municipales. Tiens, donc.

Le maire a traité Jean Charest de rétrograde et a qualifié sa vision du monde municipal de passéiste. «On recule jusque dans les années soixante avec une telle attitude, a dit le maire. Jean Charest ne comprend pas son propre parti et lui impose une vue rétrograde, a-t-il ajouté. Je pensais qu’il était plus ouvert d’esprit que ça.»

Imaginez, celui qui se prétend l’avenir fait homme, l’incarnation du Québec.com, se fait dire qu’il rappelle la joyeuse époque des Jérolas, de la télé en noir et blanc et de l’épidémie de polio! En public, en plus! Pif, paf et repaf.

La justesse du maire aura été d’avoir mis les libéraux québécois le nez dans leurs contradictions sur la question des fusions municipales, dont leur position sur le sujet pourrait se résumer ainsi: «Je t’aime moi non plus»; ou: «Je fume, mais je n’inhale pas»; ou encore: «Je suis pour le sexe après soixante-cinq ans, mais contre le Viagra.»

Les libéraux reconnaissent l’importance d’une réorganisation du monde municipal, et affirment qu’il devra y avoir des fusions de villes. Mais du même souffle, ils ont déposé une motion selon laquelle le gouvernement doit renoncer à forcer les fusions! Or, cela fait quarante ans que le gouvernement du Québec favorise les fusions municipales à l’amiable. Des 1400 municipalités au début des années soixante, il en reste encore 1300. Si on continue au même rythme, avant d’en arriver au nombre 700, l’Amérique aura le temps de dériver jusqu’en Asie.

Attention! Il n’y a eu qu’un grand maître capable de faire avancer les choses par l’immobilisme, et c’était Bourassa, dont l’indécision vous tranchait n’importe quel débat. Quiconque promettant d’en faire autant est un imposteur.

Un chef de cabinet tout neuf

Il y a du neuf à l’hôtel de ville: un tout nouveau chef de cabinet pour Pierre Bourque, le politologue Serge Gosselin, ancien conseiller de Stéphane Dion. Après les scénarios de partition, voilà qu’il devra jongler avec ceux des fusions.

Un peu comme son nouveau patron, Serge Gosselin a déjà eu des démêlés avec le Directeur général des élections (DGE). Trois constats d’infraction pour violation de la loi sur les élections municipales émis en novembre 98, pour un total de 870 dollars d’amende. C’était lors d’une campagne à la ville de Repentigny, où il travaillait à titre de conseiller pour un candidat à la mairie. On lui reprochait, entre autres, d’avoir «passé» illégalement une commande de services pour son parti à une vieille connaissance libérale.

Nous l’avons appris au cabinet du maire. «Mais ce n’était qu’un quiproquo, s’est défendu monsieur Gosselin, c’est pour ça que le DGE a laissé tomber les accusations.»

Le DGE a en effet laissé tomber les accusations six mois plus tard, à la suite d’un jugement de la Cour suprême invalidant certaines lignes de la loi québécoise sur les référendums. Aucun rapport, dites-vous? Non, mais craignant que le jugement ait aussi des effets dans la section relative aux élections municipales, le DGE a déchiré tous les constats d’infraction de même nature, plutôt que de s’embarquer dans un combat de coqs légaliste et ruineux devant les tribunaux.

Mais monsieur Gosselin maintient que le DGE a laissé tomber les accusations parce qu’elles découlaient d’un malentendu. «Un quiproquo? Pas du tout, rétorque Paul-Jean Charest, agent d’information au bureau du DGE. De notre point de vue, et de celui de l’avocate qui a piloté le dossier, la loi a bel et bien été enfreinte. Lorsque le DGE émet des contraventions, c’est l’aboutissement d’une enquête sérieuse où il ne pourrait y avoir de malentendus.»

Selon le bureau du DGE, rien ne laissait entendre que monsieur Gosselin n’avait pas commis les actes reprochés, et que l’avocate au dossier ait pu mal comprendre les intentions de monsieur Gosselin.

Bref, officiellement, le monsieur n’a été trouvé coupable de rien, mais il n’a pas été blanchi pour autant.

Cinéma

19 h 05. L’ARNAQUE.

(5) É.-U. 2000. Comédie dramatique de B. Selig (commissaire du baseball) avec Jeffrey Loria, David Samson et Jacques Ménard. – En 1999, un astucieux marchand d’art new-yorkais entreprend de voler un club de baseball canadien appartenant à de petits hommes d’affaires autochtones naïfs avec la complicité d’un commissaire du baseball ratoureux. – Mise en scène inventive de B. Selig. Scénario abracadabrant. Gags répétitifs.

Interprétation convaincante de J. Ménard dans le rôle du fou du village. (10 mois, 27 jours, 6 h 45)