Portrait : Investir dans l'espoir
Société

Portrait : Investir dans l’espoir

CAROLINE, 24 ans, et ANTOINE, 21 jours

Caroline

est une très jeune maman. Elle a 24 ans, mais son petit garçon, Antoine, a à peine trois semaines… «Les statistiques disent que je suis parmi les rares jeunes à avoir un enfant? Pourtant, j’en connais pas mal de mon âge qui en ont, réplique-t-elle, un brin narquoise. Je pense qu’il y a un retour du balancier. Ce n’est pas tout le monde qui veut attendre à 35 ans pour avoir un enfant.» Est-ce la pratique du zen qui lui donne cette assurance légère? Caroline, qui prévoit s’inscrire au doctorat en linguistique, ne semble pas s’en faire avec la vie. Sa situation actuelle n’est pourtant pas des plus réjouissantes: son mari, Hébert, vit en République dominicaine et n’a jamais vu leur fils. Vu les moyens financiers dont elle dispose, la petite famille ne sera pas réunie de sitôt. «C’est un choix difficile qu’on a fait, mais on a confiance», dit Caroline.
Antoine est le fruit de l’amour… et de la spontanéité. «On a parlé d’avoir un enfant et on l’a fait. C’est comme ça qu’on s’est marié aussi: on s’est levé un samedi matin et on s’est dit qu’on pourrait se marier. Avoir un enfant, pour moi, ne fait pas partie d’un standing social. On n’a pas fait un bébé parce qu’on a la maison, l’argent et l’âge qu’il faut. C’est juste que, dans la relation, on avait besoin de ça.»
Caroline croit que prendre la décision de devenir parent revient toujours à faire un saut dans le vide, peu importe la situation. «Je pense que les gens qui planifient trop se font rattraper dans le détour. On planifie, c’est sûr. On se dit qu’on va être responsable de quelqu’un et qu’il faudra tout faire pour son bien, c’est ça, la décision. Quand tu dis «oui», tu te lances. Les choses arrivent, tu les prends et tu t’adaptes. De penser à tous les petits détails matériels ne fait pas de toi un parent. Ton rôle de parent, c’est quelque chose que tu n’avais pas prévu de toute façon…»
«Faire des enfants, c’est aussi investir dans l’espoir», affirme Caroline. Dans sa bouche, la formule n’a rien d’un voeu pieux: Hébert et moi, on vient de deux mondes différents. Faire un enfant, c’est aussi faire un pont entre les deux. Là-bas, c’est un symbole important. Les gens mettent beaucoup d’espoir en nous, car notre enfant représente le mélange de deux cultures.»