Portrait : Un besoin physique

«Ça fait huit ans qu’on est ensemble. Dans notre entourage, on était en tête de liste pour avoir un enfant. Ce n’est une surprise pour personne», dit David. Il y a peu de temps, Annie et lui ont appris qu’elle est enceinte. Une grossesse désirée, loin d’être soigneusement planifiée. David détient un emploi stable – il est technicien dentaire – mais Annie a lancé son entreprise de rédaction-révision il y a moins d’un an. Ils ont cependant toujours voulu avoir des enfants. «Je n’ai pas une situation très stable, avoue-t-elle. Ce n’est pas mieux aujourd’hui qu’à un autre moment. Mais le côté matériel ne me dérange pas. C’est plus un besoin physique…»
«C’est égoïste de vouloir un enfant, poursuit Annie. Si je n’avais pas eu de chum et que j’avais voulu avoir un bébé, j’aurais pu. Je me serais organisée. Là, j’ai un chum depuis plusieurs années et j’ai envie de voir le mélange que ça va faire. Il va avoir ses cheveux ou mes yeux, c’est ça le miracle… Il n’y a aucun désir de peupler la planète ou de perpétuer la race, ça n’a aucun rapport!»
«C’est vrai que je veux donner la vie, mais pourquoi? C’est vraiment pour moi, pour voir comment c’est d’avoir un enfant dans mon ventre et d’accoucher. Tout ça, c’est moi que ça va satisfaire. On a tous souvent dit à nos parents qu’on n’avait pas demandé à venir au monde. Notre enfant non plus ne l’aura pas demandé. C’est vraiment notre choix.»
Future maman à 25 ans, Annie se sent un peu en marge de sa génération. «Les gens ont tellement peur de perdre leur liberté, de ne pas pouvoir faire ce qu’ils veulent, dit-elle. C’est comme ça aussi dans les relations amoureuses: ils ont tellement peur que ça dure! Si ça fait plus que cinq ans que tu es avec quelqu’un, tu croupis, tu n’évolues pas. Ça me révolte un peu. On dirait qu’ils ne veulent pas embarquer dans la vie, ils ne veulent pas tourner la page. Je ne renonce pas à ma liberté, mais il va y avoir autre chose dans ma vie. Notre trip de couple, on l’a vécu. Maintenant, j’ai envie qu’il y ait des efants qui courent autour de nous. C’est quand même épeurant de franchir cette étape. Je ne peux pas dire que je suis parfaitement sereine…»