Portrait : Un don de soi
Société

Portrait : Un don de soi

GAËLLE, 22 ans, et OPHÉLIE, 6 mois.

Gaëlle

n’a pas choisi de devenir mère. C’est un coup du destin. Elle fait désormais partie de l’infime pourcentage de femmes qui tombent enceintes malgré l’utilisation d’un contraceptif peu commun mais efficace, le Depo-Provera. Devant cette improbable grossesse, sa réaction fut des plus simples: «Cet enfant-là veut vivre, pourquoi ne pas l’avoir?»
«C’est un hasard que j’ai saisi, reconnaît-elle. Mais j’allais avoir des enfants de toute façon.» En choisissant de garder le bébé, elle a toutefois perdu le père, qui n’a même jamais vu la petite Ophélie. «C’est son choix, je le respecte», affirme Gaëlle.
«Avoir un enfant, c’est un don de soi, dit-elle. On se fait donner beaucoup de choses par nos parents lorsqu’on est jeune, il faut juste donner en retour. Pour l’instant je mets ma vie en veilleuse, je me concentre sur elle. Quand je lui aurai trouvé une place à la garderie, je vais pouvoir la vivre avec elle.»
C’est là où le bât blesse: les places en garderie se font rares. Gaëlle en a visité une vingtaine et aucune n’accepte les enfants en bas de 18 mois. Le problème semble si insoluble qu’elle songe à abandonner ses études. Pour elle, cela constituerait un non-sens: «On a besoin d’être beaucoup plus scolarisé qu’avant pour avoir un emploi potable. Les baby-boomers sont encore dans le système, remarque Gaëlle. On n’a déjà pas beaucoup de place dans la société, je me demande parfois quelle place il y aura pour mon enfant. En ce moment, ils prévoient des trucs pour les vieux, mais il faut prévoir pour les enfants aussi.»