Chasse à l'homme sur Internet : Running Man
Société

Chasse à l’homme sur Internet : Running Man

Aimeriez-vous être recherché par toute la planète? Être traqué vingt-quatre heures sur vingt-quatre? Devoir rester caché pendant près d’un mois? Gagner dix mille dollars si vous n’êtes pas découvert? Si oui, le jeu RealityRun est pour vous. Quand le divertissement dépasse l’entendement…

Avez-vous lu Running Man, de Stephen King? Ce bouquin raconte les déboires d’un paumé qui participe à un jeu très lucratif consistant à se cacher de traqueurs qui le poursuivent sans relâche. Aujourd’hui, cette fiction devient réalité. Inspirés par cette histoire, les stratèges d’une compagnie ont créé un jeu grandeur nature qui repousse les limites du divertissement. Et du bon goût, diront certains.

Avis à tous. La société internationale Game-Show-Company ExtraMile AG recrute. Pas pour engager des analystes informatiques ni pour dénicher des téléphonistes.
L’entreprise recherche des individus qui consentent à la mise à prix de leur tête. L’heureux élu n’aura qu’un but: se terrer. Car le monde entier le traquera via Internet dans cette chasse à l’homme intitulée RealityRun, une sorte de jeu du chat et de la souris version hardcore. La compagnie émet toutefois un avertissement sur son site Web www.realityrun.com : «Ceci n’est pas un jeu!»

Et pour cause. L’individu recherché, le RealityRunner, devra se cacher vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pendant vingt-quatre jours consécutifs, dans l’une des métropoles du globe, telle Berlin, ville choisie pour la première course qui se déroulera le 1er août prochain. Si l’individu en cavale ne se fait pas débusquer, il empochera dix mille dollars US (et même cent mille dollars US à la course de New York en août 2001!). S’il est découvert, cette somme sera versée au judicieux détective.

Course contre la montre
Le RealityRunner est poursuivi par toute la planète, autant dans la ville où il se terre que sur Internet. Le monde entier peut ainsi le rechercher en dépêchant en mission le chasseur de l’entreprise, le RealityHunter. Nommé subtilement Jack Black (lunettes fumées, air impassible et biceps de béton: le profil parfait du traqueur-emmerdeur), cet homme de main est un spécialiste en sauvetage et un ancien tireur d’élite (!). Sa seule fonction consiste à se lancer aux trousses du fuyard pour le compte des personnes qui désirent le localiser. Tout commentaire pertinent à la recherche peut aussi être envoyé au quartier général virtuel de RealityRun, animé par la charmante RealityBabe (jeune, jolie, blonde et athlétique: la poupée de luxe du jeu, quoi). N’importe qui peut découvrir le RealityRunner, soit par l’intermédiaire du RealityHunter, soit par lui-même.

«Vingt-quatre heures par jour de stress et d’épreuves physiques attendent le fuyard, explique Alan Wolan, porte-parole de la compagnie Game-Show-Company ExtraMile AG. Il devra s’orienter dans une ville inconnue et ne disposera d’aucun équipement, d’aucun logis ni d’aucun ami. À part une petite allocation, il devra se munir de tout ce qui lui sera nécessaire pour survivre par ses propres moyens. En outre, compte tenu de toutes les contraintes physiologiques et psychologiques, la personne choisie devra subir un examen médical approfondi avant le début de l’épreuve.» Of course…

Jeu dangereux?
Toutefois, le RealityRunner ne peut rester caché au milieu d’une forêt vingt-quatre jours durant. Trop facile. Il devra plutôt accomplir une tâche quotidienne qui l’obligera à se montrer en public. Comble de l’excès, le pourchassé portera toujours un micro. Les internautes pourront ainsi écouter ses propos (ou encore ses crises de panique au coeur du centre-ville, ses halètements en pleine fuite, ses cauchemars la nuit…). Tous les moindres détails de l’escapade du célèbre recherché (y compris sa vie privée) seront aussi disponibles sur le site Web.

Chaque année, plusieurs chasses à l’homme du genre auront lieu dans le monde. Les internautes peuvent voter pour désigner les villes hôtes des futurs RealityRuns et les candidats au titre de RealityRunner, poste très convoité si l’on en juge les centaines de souscriptions envoyées sur le site Internet du jeu. Désir de gloire, quand tu nous tiens…

Pour financer les Realityruns, la compagnie germano-américaine négocie présentement des doits de diffusion auprès de différentes chaînes de télévision en Europe et aux États-Unis. L’entreprise compte sur la course du 1er août (la première) pour prouver le potentiel de son produit.

Cette course deviendra-t-elle un appât sordide pour les sans-le-sou? Fera-t-elle place à des dérives? À des accidents? À toutes ces questions, les créateurs du jeu répondent: «Non!» En passant, le héros du livre Running Man, de Stephen King, meurt à la fin de la course.