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Réactions : L’éducation des garçons
Les propos de Christina Hoff Sommers sur l’éducation des garçons, publiés dans notre édition de la semaine dernière, ont suscité de nombreuses réactions. Mais – à notre grande surprise – la plupart des messages que nous avons reçus… appuient Sommers et critiquent la position défendue par Geneviève Saint-Germain!
Richard Martineau
Les propos de Christina Hoff Sommers sur l’éducation des garçons, publiés dans notre édition de la semaine dernière, ont suscité de nombreuses réactions. Mais – à notre grande surprise – la plupart des messages que nous avons reçus… appuient Sommers et critiquent la position défendue par Geneviève Saint-Germain!
Certains lecteurs nous ont reproché d’avoir cautionné les propos de madame Sommers. C’est bien mal nous connaître. À plusieurs reprises (comme le 7 octobre 1999, sous la plume de Pascale Navarro et Nathalie Collard, entre autres), VOIR a pourfendu le discours "rétro-féministe" des idéologues qui, telle Sommers, plaident pour un retour des "vraies valeurs masculines".
C’est ainsi que dans ma chronique Ondes de choc du 28 octobre 1999, consacrée au "mal des mâles", j’écrivais: "Pensez-vous que les filles l’ont plus facile? Qui se fait plaquer avec les enfants sur les bras? Les filles. Qui prend congé lorsque le petit dernier est malade? Les filles. Qui accouche? Les filles. Qui se fait tasser dès la première ride? Les filles. Qui est moins payé pour un travail égal? Les filles. Qui se retrouve en tête du palmarès de la pauvreté? Les filles, toujours les filles. Pas besoin d’un fusil ou d’une paire de gants de boxe pour être un homme. Juste de prendre ses responsabilités, d’encaisser les coups et de savoir se relever quand on tombe en bas de son cheval."
Pourquoi avoir consacré la couverture à Christina Hoff Sommers, alors? Parce que son livre fait un énorme tabac. Parce qu’il est applaudi par plusieurs intellectuels nord-américains. Parce qu’il traite d’un sujet actuel (voir le reportage diffusé par Enjeux il y a quelques mois). Parce que les propos de madame Sommers, qu’on soit d’accord ou non, méritent d’être débattus et confrontés – ce qu’a brillamment fait Geneviève Saint-Germain, à notre demande.
La discussion serait-elle devenue suspecte? Faudrait-il maintenant tous pencher du même côté et tous penser pareil? (À ce propos, lire la Grande Gueule de Luc Boulanger, en page 9). On ne gagne rien à se fermer les yeux…
Voici un survol des messages envoyés par les lecteurs.
Richard Martineau
Pour lire l’entrevue avec Christina Hoff Sommers,
de Tommy Chouinard
Pour lire le texte sur L’échec scolaire des garçons,
de Nathalie Collard et Pascale Navarro, publié en octobre 99
Pour lire la chronique de Richard Martineau,
Tu seras un homme, mon fils publiée en octobre 99
Arrêtez la vendetta
Dans toute chose, il peut y avoir des abus. Nous avons depuis des siècles abusé des femmes et c’est pour combattre cela que le féminisme fut créé. Mais voilà, il y a quelque chose de malsain à toujours blâmer l’homme pour tous les malheurs qui accablent les femmes. Comprenez-moi bien: je n’ai aucun problème avec la revendication; mais tout ceci tourne en vendetta. Combien de temps encore devrons-nous écoper pour des crimes que nos ancêtres ont commis? Faut-il toujours revenir en arrière et se taper sur la tête? Je suis un jeune homme noir et s’il fallait que je retourne tous les jours en arrière, je crois que la plupart de mes collègues blancs en écoperaient.
Harold Azor, Montréal
C’est sûr qu’il y a un problème!
Le mâle supporte difficilement de voir sa supériorité séculaire se transformer en égalité et même parfois en infériorité. Cela dit, on l’a bien mérité. Depuis des siècles qu’on se comporte en dominateurs en s’appuyant sur la force, la violence et nos instincts primaires, il fallait bien qu’un jour il y ait un juste retour du balancier.
Quoi qu’il en soit, il faut admettre que ce n’est pas facile pour l’homme de cette fin de siècle de trouver sa place alors qu’il est issu de générations d’hommes qui affirmaient haut et fort qu’à part leurs mères et leurs filles, les femme étaient juste bonnes à écarter les jambes et à faire le ménage. Aujourd’hui, c’est au tour de l’homme d’être considéré comme un être veule et inutile ne servant qu’à donner un peu de plaisir avec l’engin qu’il a entre les jambes.
Il faudrait suffisamment de discernement et d’humilité des deux côtés pour que les femmes trouvent la place qui leur revient sans tomber dans des excès qui risquent, demain, de poser de graves problèmes sociaux. Malheureusement, à l’heure de l’abrutissement des masses et de l’avénement des fondamentalistes, je doute qu’on en soit capables…
Diego
Attention au backlash
Selon moi, la grande révolution du vingtième siècle est la révolution féministe. Le mouvement féministe a amené des bouleversements sans précédent dans plusieurs domaines. Tout a été remis en question et beaucoup d’aspects de la vie quotidienne ont été irrémédiablement changés par ce courant.
Après des décennies de lutte acharnée afin de rectifier un déséquilibre entre les hommes et les femmes, et après des victoires bien méritées, il fallait bien s’attendre à ce que certains groupes d’hommes (aidés en cela par des complices peu scrupuleuses) réagissent! Le backlash anti-féministe ne fait que commencer. Armons-nous de bons arguments afin de combattre ces nostalgiques du "bon vieux temps".
J’ai toujours revendiqué mon identité féministe, même si je ne milite pas de façon active au sein de groupes constitués. J’ai aussi toujours refusé la victimisation comme moyen de pression. Pour moi, seules les actions pro-actives sont valables. Revendiquons, soyons réalistes, demandons l’impossible. N’ayons pas peur de l’étiquette radicale. Être radicale, c’est aller à la racine du problème et l’éradiquer afin de planter d’autres graines plus saines qui feront naître des arbres forts qui produiront en abondance des fruits nourrissants, dont tous et toutes pourront profiter.
Certes, la compétition est saine, à condition de jouer à armes égales. Ce qui n’a pas toujours été le cas – surtout en matière d’accès à l’éducation supérieure, là où tout se joue.
Si les filles réussissent mieux à l’école, c’est peut-être qu’elles ont enfin compris et suivent à la lettre ce qu’on a toujours inculqué aux garçons, du moins dans certains collèges classiques: travaillez, appliquez-vous, faites des efforts et vous serez récompensés!
Les garçons auraient-ils perdu le goût de l’effort et "du bel ouvrage bien fait"? Il y a un temps pour catiner ses Barbies, puis vient le temps de travailler sérieusement. Les filles l’ont compris: les gars devraient le comprendre aussi! Et si les féministes n’ont pas la cote auprès des garçons, j’espère sincèrement qu’un gars va se lever et botter le derrière de ses congénères afin qu’ils cessent de se prendre pour des victimes et relèvent leurs manches, comme les filles l’ont fait!
Si les hommes se posaient les vraies questions, au lieu de jouer à "qui pisse le plus loin", ou d’accuser les "méchantes féministes radicales" de leur casser les couilles, peut-être alors trouveraient-ils des solutions. Mais il semble que certains d’entre eux préfèrent s’en tenir aux bonnes vieilles méthodes du "c’est pas de ma faute, ce sont elles, les méchantes".
Baby The Trans, Montréal
La vérité qui fait mal
Geneviève Saint-Germain n’y va pas avec le dos de la cuillère. Dans un article anti hommes, elle fustige l’auteure Christina Hoff Sommers; comme s’il était défendu de révéler les tares du féminisme, pourtant évidentes en ce début de troisième millénaire.
Comment se fait-il que les résultats scolaires des garçons aient brusquement chuté depuis une vingtaine d’années? Est-il normal que les garçons carburent au Ritalin? Si oui (puisque la question semble se poser, à la lecture de la chronique de madame Saint-Germain), pourquoi maintenant et pas autrefois? Cela choque de constater qu’une féministe voit plus loin que le bout de son nez.
Les premiers mots (en caractères gras) de la chronique de madame Saint-Germain: "Pauvres p’tits gars", donnent le ton à ce qui suit. Imaginons un homme qui, dans un quotidien, ferait commencer son article par "Pauvres p’tites filles"… Il serait vilipendé de toutes parts et dénoncé dans tous les cercles féministes. Bien sûr, les femmes ont accumulé beaucoup de frustrations dans le passé: bien sûr, j’ai moi aussi été nourrie à la prose haineuse de Benoîte Groulx; mais il faut évoluer et essayer de voir comment nous pouvons réconcilier hommes et femmes et non pas exacerber les tensions entre nous.
Denise Lamarche, enseignante au primaire, Montréal
Réaction aux commentaires de Geneviève St-Germain dans le Voir du 10 au 16 août
Selon Geneviève St-Germain, les hommes qu’elle prend plaisir à surnommer des Pôvres ti-gars ou encore ces petites bêtes survivront aux bouleversements créés par le féminisme. À l’entendre rugir ainsi, j’ai plutôt tendance à croire le contraire. Son discours, soit disant fondé sur un désir d’égalité et de justice sonne de plus en plus méprisant pour les hommes. Ses paroles écrasantes à leur égard ne font que préparer le terrain pour une future révolte… des hommes!
Le défaut du féminisme québécois, c’est qu’il ne reconnaît pas, n’accepte pas et ne respecte pas les différences entre l’homme et la femme. Le conseil que je donnerais à Geneviève St-Germain ( et à tout son troupeau) serait de voyager un peu avant de parler afin d’ouvrir son esprit sur d’autres réalités. Elle constaterait alors qu’il existe de par le monde non pas une, mais plusieurs sociétés différentes de la nôtre et dans lesquelles les hommes et les femmes jouissent tous deux d’une identité pleinement épanouissante parce que distincte!
Anne
Pôvre tite fille!
Piquée au vif par l’excellente entrevue de Christina Hoff Sommers accordée à Voir (réf. Tommy Chouinard, L’homme blessé – Les féministes et l’éducation des garçons), Mlle St-Germain, n’écoutant que son coeur d’Amazone outré et impitoyable, a tenté de "lyncher" définitivement l’auteure-philosophe américaine avec toute l’impertinence, le mépris et la haine qui lui sont propre. Et de façon tout aussi tordue, avec cette même arrogance, elle n’a pu s’empêcher d’écorcher les jeunes garçons (ces p’tites bêtes là, comme elle les appelle) et les hommes.
Votre apprentissage de la "solidarité yo!" est teinté de sexisme et de ségrégationnisme aveugle et honteux, mlle St-Germain. Écrasant tout sur votre passage, vous légitimez votre attitude les deux yeux rivés dans le rétroviseur. Ayez plus de respect pour ces femmes et ces hommes qui ont heureusement un peu plus de discernement et d’envergure que vous, qui s’investissent totalement à reconstruire une société plus humaine, inclusive et équitable, sur ce qui reste de vos champs de batailles. Ne "lyncher" pas ainsi vos "pairs" qui ont cheminé bien au-delà de l’université et des vases clos du féminisme de droite. Elles n’ont pas soif de "pouvoir" comme vous voudriez le laisser croire, mais bien "d’équité". Et par conscience sociale, elles sont inconfortables, voire troublées, par les messages sociaux véhiculés à l’insu de nos enfants.
Au risque de vous faire grincer un peu plus les dents, j’ajouterai que trop d’enfants sont privés du lien affectif et significatif avec leurs pères… Tous les jours devant les tribunaux, par des mères belliqueuses inconscientes et mal intentionnées. À ce propos, j’ajouterai que même en l’an 2000, l’État ne reconnaît au père que le statut de pourvoyeur d’argent, tout juste bon à offrir une pause à madame une fin de semaine sur deux (ou selon son bon vouloir). Voici un message clair pour nos enfants qui va bien au-delà des mots et de nos belles théories. De tels paradoxes sont légions dans les sphères du sociale et de l’éducation. Dans vingt ans, vous serez probablement sur les premières lignes à décrier et à condamner l’épidémie de décrochage de nos garçons en matière familiale, écoeurer ou convaincu par des personnes comme vous, de n’être que des "petites bêtes" tout juste bonnes à procréer et à payer.
Mais tout ça pour vous, mlle St-Germain, ne doit être que détails futiles et sans importance. Vous n’avez probablement même pas de "petites bêtes" à soigner et à éduquer. Vous avez des batailles bien plus importantes à livrer, des conquêtes plus grandes à réaliser… Bref, entre deux "lynchages", si vous êtes encore capable de redescendre sur terre, je vous invite à aller faire un tour à l’école de la vie (même si c’est pas crédité!). Allez observer et questionnez les "petites bêtes" dans les écoles, allez dans les familles, intéressez-vous aux parents, suivez-les au quotidien, allez voir les organismes sociaux qu’ils (ou qu’elles) fréquentent, vous pourrez peut-être ainsi vérifier la pertinence des propos de Mme Hoff Sommers (discernement 103 oblige). Mais le lynchage c’est plus expéditif et ça ne demande aucune remise en question…!
Normand Faust, père de deux petits garçons.
Guerre des femmes
L’expression et le phénomène "guerre des sexes" ne sont pas nouveaux. La domination et l’"oppression" masculines non plus. Ce qui est plus inédit, c’est cette guerre nouvelle entre femmes à propos des hommes et de ce que ceux-ci "devraient" être ou devenir. Qu’elles soient de gauche ou de droite, ces féministes ne recourent-elles pas par là au modèle très masculin et "viril" de la guerre (au sens large)? Où est la différence?
Les "arguments" de la philosophe (!) Sommers s’avèrent parfois on ne peut plus superficiels. "Pourtant, les hommes ont de bons côtés: le sens de l’honneur, l’énergie, la compétitivité, la créativité, le courage". Eh quoi: "l’énergie" serait-elle l’apanage de la masculinité? Sommers
n’a-t-elle pas remarqué à quel point les femmes se démènent – à maints
égards souvent plus que les hommes – dans nos sociétés occidentales contemporaines? Secondement, en quoi "la compétitivité" est-elle davantage une vertu que peut-être au contraire le plus grand mal de notre époque, ce qui fait le plus souffrir, mourir, se tuer et s’entre-tuer?… Très faible l’argumentation de Sommers.
Quant à la réplique de St-Germain: très "féminine", celle-là, i.e. plutôt hystérique. Il n’est vraiment pas nécessaire de monter sur ses grands chevaux pour démonter l’indigente argumentation de la philosophe. Elle tombera d’elle-même. Comme tomberont tous extrémismes ridicules. Qu’y a-t-il, en effet, de "génial" dans la thèse sommersienne de bienfaisance "des compétitions pour encourager [la] combativité" des garçons? Ah oui? Alors, si elle doit être "encouragée" (stimulée), elle n’est donc pas inhérente (immanente) au sexe masculin… On ne peut donc soutenir sensément qu’elle contrevient à sa nature. Enfin, est-ce donc là ce dont on
manque aujourd’hui – de la combativité? Ne serait-ce pas plutôt de non-violence à la Gandhi qu’on manque le plus?
Denis Beaulé, Montréal
Les Batardes de Voltaire
Je suis un jeune homme castré, comme tous les autres; je ne peux pratiquement rien dire, je suis foul ball. On m’a catalogué: violent, malappris, orgueilleux, et en plus, en crise d’identité. Du plus bas de ma crédibilité, je vais quand même oser émettre quelques commentaires sur une situation qui me concerne un peu.
Actuellement, on blâme l’école pour les maux des garçons. Or, combien de facteurs indépendants de celle-ci agissent pour pousser un adolescent au suicide par exemple? Une multitude. Pensons à la drogue, à la solitude, à la détérioration du tissu social, au bris de la famille, au manque de repère, et , j’insiste, à l’ennui. Admettons-le, les jeunes ont des divertissements qui sont tout à fait inadéquats pour la fougue qui les anime. S’asseoir devant un ordinateur de 16 heures à 22 heures n’aide pas un adolescent à exprimer sa révolte légitime et son énergie unique. L’école est un coupable facile, mais en tant qu’enseignant, je sais combien d’événements distraient les garçons de mes excellents cours!
Il y a donc un problème complexe avec le sort de nos futurs hommes, tout le monde s’entend là-dessus. Cependant, les excès des féministes comme des rétro-féministes (telles que désignées par G. St-Germain) dans les ébauches de solution lassent. D’une part, ce ne sont pas tous les hommes (45% des universitaires sont encore de sexe masculin). Mon père (eh oui! Cette espèce décriée) m’a souvent dit d’éviter les généralisations. C’est difficile, mais quand on y arrive, les jugements sont beaucoup plus éclairés. D’autre part, ce n’est pas le fanatisme qui nous aidera ici.
Je n’aime pas l’attitude des rétro-féministes, qui prennnent pour du cash quatre ou cinq faits divers comme symbole d’une lutte à finir. Les Américains, je suis désolé, ceux-là même qui poursuivent en justice pour dommages et intérêts des compagnies pharmaceutiques parce qu’elles vendent du "contraceptive jelly" sans indiquer sur la boîte qu’il faut la répandre sur les organes génitaux et non sur une tranche de pain, ces Américains ont l’habitude des excès.
La démagogie des rétro-f. me pue au nez, et quand je les entends prôner un retour aux classes séparées, les cheveux me dressent sur la tête. C’est un conservatisme déguisé, une attitude rétrograde et très conne qui ne tient pas compte de l’environnement social et qui pourrait marquer le retour de ce qu’on tente tous de chasser depuis trente ans: la misogynie.
En ce qui concerne les féministes, leur défaut principal, à l’instar de tous les révolutionnaires (remarquez que l’égalité de la femme est un combat juste), est de hausser en vertu un systèmes dont les principes se défendent bien, mais qui ne se se satisfait jamais que de l’absolu. Aujourd’hui, des clauses légales défendent l’égalité de la femme, elle a une place de choix dans le Travail, et même si les mentalités ne suivent que lentement l’esprit des lois, beaucoup a été fait en peu de temps.
Et en plus, c’est cette façon d’acculer les hommes au mur, de les démoniser en quelque sorte, qui m’horripile. Encore cette semaine, suite à une agression sexuelle d’une femme par un adolescent, une manifestante féministe est venue dire qu’avec les game boys et les jeux violents qui circulent, ce n’était pas surprenant que T O U S les hommes soient maniaques. Eille chose, ce cas est grave, mais ce n’est pas une raison pour nous démolir en entier. La seule chose que vous démolissez, par ailleurs, c’est votre crédibilité. Franchement, comme si nous approuvions tous d’un oeil complice en disant: "Bien fait pour elle". Quand je dis que je suis castré, je veux dire qu’on assimile les hommes ensemble dans un tabou général, lequel, est, évidemment, inattaquable par les hommes, ces bêtes féroces, et je me retrouve sans voix.
Le féminisme est rendu à l’extrême de sa logique, et il est normal que des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour tenter de le rendre acceptable aux personnes qui trouvent qu’il va trop loin. C’est comme le militantisme gay contre Pinard, ou les Black Panthers contre Martin Luther King… Il est sain de remettre en cause, et il ne s’agit pas de rejeter l’héritage ou le passé, mais bien d’adapter les idéaux, les volontés d’un groupe de pression aux nécessités actuelles, qui ne sont pas celles que pouvait laisser prévoir la lutte d’origine.
J’implore donc la raison et la tolérance, comme Voltaire. En ce sens, il faudrait constater le chemin accompli et ne pas être tenté par des retours au passé qui seraient désastreux. Si les féministes se servent de l’histoire pour justifier une ségrégation positive à l’endroit des femmes, nous pouvons nous demander si elles veulent réellement l’égalité ou si elles préfèrent la vengeance qui créera une nouvelle distorsion sociale. La raison dit qu’il y a actuellement un problème, et sans surchauffe, constatons que ce n’est pas seulement l’école ou la prétendue barbarie innée des hommes qu’il faudrait accuser, mais toute la société de consommation qui a fait de nos garçons de tristes produits assourdis par le conformisme politique et les a conduits à la solitude, et tout ce qui en découle fatalement.
Daniel Deschênes, Montréal
Une réaction
J’aimerais réagir à l’article de Mme St-Germain et apporter un propos un peu plus nuancé quant à la finalité du mouvement féministe. Celui-ci ne saurait être vu comme une entité homogène et puise ses sources à même les philosophies libérale, marxiste, radicale et socialiste. La thèse de Mme Sommers ne saurait représenter le point de vue des "féministes" (j’emploie ce mot sous toute réserve car il n’y a pas de féministes comme telles) mais s’identifie plutôt à un courant bien précis. La situation est déjà assez compliquée sans y ajouter des biais.
Nathalie Durand
L’homme est un mâle nécessaire !
J’ai 45 ans. Je fais partie d’une génération qui a remis les rôles sexuels en question en croyant fermement que le féminisme, dans son expression modérée, était un humanisme. De façon naïve, je pensais que la société, dans son ensemble, aurait profité de ce mouvement en s’affranchissant de vieux stéréotypes de pouvoir, de dominations et d’asservissement.
Pourtant non. On dit que les jeunes garçons sont en danger, on accuse les écoles de sexisme, on pointe du doigt les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Les discours sur la question sont empreints de démagogie et d’esprit de clocher… pendant que reviennent en force, les pires stéréotypes : la femme et l’homme objet, la femme Clin d’oeil et l’homme Canadian Tire, la femme aux biceps huilés et son compagnon épilé, l’homme et la femme, narcissiques, bien emballés, prêts à être consommés. Ce dernier mot, d’ailleurs, me fait plus peur que bien des enseignantes tendancieuses (voir le texte de Tommy Chouinard). Le culte de l’objet, le culte du corps, le cyber-sexe et la religion Consommation font bon ménage. Un ménage qui accouche de l’individualisme schizoïde et du perfectionnisme maladif. Il me semble que ce n’est pas l’idéal pour favoriser la maturité et l’authenticité dans nos relations interpersonnelles.
Je suis père de deux enfants et compagnon d’une femme depuis un bon bout de temps déjà. Concernant l’éducation des enfants, sachez que les parents existent encore et qu’il faut s’adresser à eux et les responsabiliser dans leurs rôles et modèles adultes. Car, avant les enseignants, les spécialistes et les médias, ce que les enfants ont devant les yeux, ce sont leurs parents. Enfin, j’espère qu’il y en a encore qui croient en cet idéal humain (et non discriminatoire!) qu’est l’union égalitaire de l’homme et de la femme, dans leur mouvance respective, incertaine et, heureusement, dissemblable.
Marc Boucher
Témoin du pouvoir des jeunes femmes
Scène : Près de la rue St-Laurent et de l’avenue du Mont-Royal. La soirée de jeudi s’achève, il est 1h30 am. Je suis réveillé par les voix riantes de trois jeunes femmes assises en face dans l’entrée d’un multi-condos. L’une pense vomir sous peu en se lamentant sur son amour bâclé de la soirée pendant que ses consoeurs la réconfortent, d’ailleurs deux grands types très bien viennent les rejoindre sur le trottoir et tentent une dernière séduction sans conviction. Ce qu’ils ne réalisent pas, c’est que le coin bien que désert n’en abrite pas moins une centaine de personnes déjà au pieu.
Ce qui devait arriver, arrive. Un gars à peine plus âgé qu’eux, légèrement plus petit, sort d’un des appartements les poings en l’air en menaçant les filles des pires sévices corporels. Il vocifère qu’il quitte à l’instant son lit et qu’il travaille au lever du jour. Un des filles se lève et s’en va côté cour. Une autre compose illico le 911 sur son cellulaire. En demandant même, calmement, au type, le nom de la rue… et son numéro d’appartement. Les deux gars s’esquivent estimant sans doute que la venue des policiers n’est pas bon pour eux.
Les deux grandes filles se lèvent et celle armée de son cellulaire, en lui répondant du tac au tac, repousse l’agresseur qui retraite dans son bloc-appartement. Une voiture de police 33 arrive. La jeune femme n’a qu’à expliquer l’histoire à sa façon au jeune policier en devoir qui satisfait que la paix soit revenu à ce coin, salue les filles qui s’engouffrent dans un taxi.
Le respect et la tendresse sont essentiels aux valeurs féminines. La colère et son courroux se doivent d’être maîtrisés. Si mon voisin avait expliqué poliment aux filles qu’elles le dérangeaient dans son sommeil un pas de plus vers la civilisation eut été accompli.
Serge Bergevin, Montréal
Féminisme radical 101
En réaction au texte " Solidarité 101 " de Geneviève St-Germain qui réagit aux propos de Christina Hoff Sommers qui s’attaque aux féministes radicales concernant leur vision de l’éducation des garçons.
En lisant le texte de Mme St-Germain, je n’ai pu m’empêcher de relever plusieurs aberrations typiques d’une féministe radicale.
De la déformation : elle accuse Mme Hoff Sommers de " …mépris profond envers les qualités de tes féministes " alors qu’elle dénonce plutôt la répression des qualités dites masculines (nuance importante);
Du mépris envers les hommes : comme quand elle les traite de " petites-bêtes ";
De la démagogie : face à certains problèmes typiquement masculins (piètres résultats scolaires, le décrochage, la criminalité, etc.), elle affirme que les hommes " …s’en remettront s’ils acceptent de se questionner avec un minimum d’honnêteté;
Le traditionnel deux poids, deux mesures : elle accepte volontiers la discrimination faite aux hommes alors qu’elle est contre celle faite aux femmes;
Etc., etc.
En fait, les féministes radicales, comme Geneviève St-Germain, ne veulent pas l’égalité, elles veulent plutôt se venger en faisant la guerre contre les méchants hommes, qui, selon elle, ne cherchent " qu’à acquérir ou conserver quelques pouvoirs ". C’est pour cela qu’elles luttent en faveur de la castration psychologique des jeunes garçons en milieu scolaire, afin de les empêcher d’être ce qu’ils sont, des garçons.
François Jetté
Pour en finir avec les rétro-féministes.
Solidarité 101
La réaction de Geneviève St-Germain aux propos de Christina Hoff Sommers (La rééducation des hommes, article de Tommy Chouinard) est intéressante car elle illustre et résume en quelques paragraphes l’impasse dans laquellede nombreuses femmes se trouvent aujourd’hui. Une impasse qui tient moins àla pensée féministe qu’à ses dérapages dogmatiques. Que l’on soit d’accordou non sur le fond importe peu en effet dans ce cas-ci car chaque camppossède son arsenal d’arguments et sa grille d’analyse.
Ce qui est par contre manifeste, et révélateur de ce malaise, est le tonadopté par Madame St-Germain, ton qu’adoptent beaucoup de féministes dèsqu’on questionne leur doctrine. Il est fait de dénigrement, de caricatureexagérée et, en fin de compte, de violence.
Prenons des exemples. Son texte commence par un sarcasme à relent provençal(Pôvres ti-gars!) alors que Hoff Sommers s’inquiète tout simplement du sortdes garçons à l’école en s’appuyant sur des faits. Des garçons queSt-Germain appelle juste après et de façon dérisoire "mâles pré-pubères".Vient ensuite l’appellation « vicieuses féministes radicales » visant àmaquiller les propos de Hoff Sommers en insulte à l’encontre de celles quine partagent pas son point de vue. Nul ne sait ensuite d’où elle sort leterme par trop familier « moumounifier ». Elle poursuit avec « ChristinaHoff Sommers et sa gang », « les féminos tendance viragos », « cettebouillie pour les chats », etc…
La liste continue et la technique est bien connue : il s’agit d’ériger unedéfense en insistant sur son propre sentiment d’outrage et en déformant lespropos de l’autre soit par leur teneur émotive, les exemples mentionnés lemontrent, soit par leur exagération (je pense aux expressions glanées dansle même texte : « des siècles de culture dominante », dont le gonflement semesure aux « 30 petites années de féminisme » ou encore la phrase « Ce quim’écoeure… c’est la condescendance, le mépris, la malhonnêteté de cespseudo-intellos… » qui transforme le tenant de la thèse opposée enusurpateur).
Cette technique, abondamment utilisée contre les hommes, vise à fascinerl’autre afin de le neutraliser. Ce dernier se voit transporté du champrationnel du dialogue dans la sphère irrationnelle de la caricature où sonlangage n’est plus légitimé.
En simplifiant : je suis malheureuse. Dans le temps (depuis des siècles),dans le monopole (tu ne me comprends par car tu ne partages pas mon sort,et je peux ainsi moduler mon malheur au gré de ma fantaisie) et dansl’universalité (le genre féminin). Cette attitude est imparable et nelaisse le choix à autrui que d’endosser la culpabilité de façon cumulative(dans le temps, depuis des siècles), exclusive (si tu as le monopole de lasouffrance, il ne me reste plus qu’à avoir celui de la culpabilité) etuniverselle (au nom de tous les hommes). Il peut également se retirer (lasolution adoptée par exemple par certains qui sont tentés par l’identitégaie, trouvant les femmes trop compliquées et les reléguant au rang degrandes soeurs) ou réagir aveuglément et souvent violemment.
La lutte victorieuse que tant de féministes clament de façon triomphalen’en est une qu’à court terme. Plus loin, elle ne fait que renforcer sonidéologie sous-jacente et caricaturer les identités au point de provoquerune réaction. Et c’est justement là la grande faiblesse de cette techniquede non-dialogue qui, poussée dans sa logique extrême, prive l’autre detoute légitimité et le fait basculer tôt ou tard dans un univers où avoirtout à fait tort ou avoir tout à fait raison s’équivalent. Et lorsqu’ils’agit d’un homme et d’une femme, le phénomène peut être circonscrit, maislorsqu’il s’agit d’une idéologie (un féminisme manichéen et dogmatique) quicrée deux classes d’êtres, la réaction ne peut en être que plus radicale(contre-idéologie).
Que Madame St-Germain pense une chose ou l’autre est de son droit. Maisqu’elle applique alors le conseil qu’elle donne aux hommes de « sequestionner avec un minimum d’honnêteté », ce qui suppose normalement audépart une argumentation sobre et posée. Sinon, et l’histoire le prouveabondamment, toute prise de position qui ne respecte pas ces règles risquede provoquer un effet diamétralement opposé.
Jean-Philippe Trottier, Montréal