Debout! : Claude Benielli
Société

Debout! : Claude Benielli

Vous trouvez que le monde ne tourne pas rond? Participez à son redressement! Toutes les deux semaines, afin de vous inspirer, nous vous présentons un activiste qui remue ciel et terre pour changer les choses et améliorer la vie.

Claude Benielli
59 ans
Membre de l’Association des citoyens et citoyennes du Plateau-Mont-Royal

Sa cause:
la qualité de vie de son quartier
Claude Benielli n’est ni politicienne, ni lobbyiste, ni syndicaliste, ni même experte en relations publiques. Elle s’affiche plutôt modestement comme résidante de Montréal. Par "résidante", toutefois, elle n’entend pas être une citoyenne passive devant les décisions des autorités politiques qui la touchent. C’est pourquoi elle fait partie de l’Association des citoyens et citoyennes du Plateau-Mont-Royal, un jeune regroupement qui compte vingt-cinq membres, mais bien des sympathisants parmi la population du quartier. Comme le note Claude Benielli, cette association a été créée spontanément l’année dernière par "des bénévoles qui s’intéressent à la vie de la cité". Et qui tiennent à défendre les intérêts de leur quartier.
Deux événements majeurs ont canalisé les passions d’une poignée de citoyens frustrés pour former le noyau de l’association. Tout d’abord, madame Benielli et ses concitoyens ont décrié la construction des Habitats Chambord rue Saint-Grégoire, "un mégaprojet établi sans véritable consultation et qui bouleverse le quartier", souligne-t-elle. Ensuite, le projet d’agrandissement du Métro Chèvrefils a soulevé l’indignation des citoyens du quartier. Il n’en fallait pas plus pour consolider les fondements de l’association. "La Ville a transféré la propriété d’une ruelle du quartier au Métro pour favoriser son agrandissement. Pourtant, la ruelle est une propriété publique et la Ville ne peut agir sans le consentement des citoyens. Avec les conseils d’une avocate, nous poursuivons la Ville en cour. Nous avons obtenu une injonction pour faire cesser les travaux. Nous nous battrons jusqu’au bout."
Au-delà de ces cas précis, Claude Benielli et ses comparses pourraient s’attaquer à d’autres cibles qui ont un point commun: la mise en danger de la qualité de vie du Plateau. "Cela pourrait être les commerçants trop bruyants ou les écarts de conduite de la Ville. En fait, nous voulons réagir aux problèmes qui nous entourent."
Avec ses préoccupations plutôt locales et concrètes, madame Benielli s’inquiète avant tout du sort de l’environnement de son quartier. "Peu de décideurs s’en préoccupent. Sous prétexte de développement économique, de création d’emplois et de modernité, ils se font les complices d’intérêts financiers privés, négligent l’environnement et bafouent la démocratie citoyenne." D’où le but de sa lutte: réhabiliter la voix du peuple et sa place dans les décisions publiques.

Sa vision du militantisme
En juillet dernier, Claude Benielli et les membres de l’Association ont manifesté devant le Métro Chèvrefils pour empêcher le début des travaux. Rapidement, les manifestants ont été dispersés… par vingt-cinq policiers, casque sur la tête et matraque au poing! "Cet événement nous a marqués, indique-t-elle. C’était comme si nous étions vus comme des criminels dangereux. Est-ce que s’indigner est devenu un crime?"
Lettres de protestation, pétitions, tracts, manifestations, boycottage. Même si Claude Benielli avoue que l’Association dont elle fait partie ne représente pas un lobby puissant, elle affirme que ses membres prennent tous les moyens nécessaires pour se faire entendre. D’ailleurs, pour financer sa lutte en cour contre la Ville dans le dossier du Métro Chèvrefils, l’Association a organisé… une vente de garage! "C’est de cette façon qu’un groupe de citoyens peut survivre et se battre, note-t-elle. Nous ne pouvons pas juste chialer. Il faut aller plus loin, jusqu’en cour même!" Elle se désole aussi du fait qu’exprimer ses volontés comme citoyen est devenu difficile, surtout avec la tenue de simulacres de consultations publiques.
Certes, former une association de résidants peut paraître banal. Cependant, pour Claude Benielli, ce geste de regroupement constitue l’expression même d’une citoyenneté active, aussi indispensable que valorisante. "Il faut s’organiser en groupes pour devenir plus vigilants et agir avant que les choses se fassent, au lieu de les subir passivement. La qualité de notre milieu de vie en dépend. Ce travail demande des heures de bénévolat. Mais c’est devenu nécessaire, voire un devoir."
Pourtant, la célèbre réplique "ça ne sert à rien", lancée par des citoyens blasés, madame Benielli la connaît bien. "Au début, les gens nous disaient que notre action ne valait pas la peine, que nous nous battions contre des gens trop puissants. Petit à petit, devant notre ténacité, les gens se sont dit que c’était possible. D’ailleurs, il faut mettre un frein à la léthargie actuelle et avoir confiance en notre pouvoir de citoyens." Compris?