Médias : Big Brother: la fin (enfin!)
Société

Médias : Big Brother: la fin (enfin!)

Je l’avoue, je fais partie du 0, 000087 % de Canadiens qui ont suivi Big Brother cet été. Résumons brièvement: on a réuni dix personnes dans une maison préfabriquée, installée dans le stationnement de CBS. Les concurrents devaient passer trois mois dans cette habitation meublée IKEA (c’est le côté "sport extrême" de l’émission), truffée de micros et de caméras. Toutes les deux semaines, deux personnes étaient susceptibles d’être bannies. Les téléspectateurs votaient pour l’une d’entre elles, et ainsi de suite jusqu’au dernier concurrent qui a remporté un demi-million de dollars.

Six soirs par semaine (il fallait avoir la foi!), on a pu observer une mère de famille hystérique fumant cigarette sur cigarette et annonçant sur le réseau de télé national qu’elle allait plaquer son mari; une reine de beauté obsédée par son image; un unijambiste raciste qui passait son temps à péter et à roter, ainsi qu’une adepte de l’abstinence sexuelle qui changeait de couleur de cheveux tous les deux jours (on se défoule comme on peut).

En Europe, d’où origine le concept, Big Brother est rapidement devenu une émission-culte. Les Européens étant ce qu’ils sont, l’émission a donné lieu à des confrontations, à des crises de nerfs, et à des scènes olé olé (grâce aux caméras infrarouges). En Allemagne, où l’émission était diffusée sur une chaîne de type Canal Plus, les producteurs ont même invité une actrice porno très connue à venir passer une journée avec les concurrents.

Aux États-Unis, rien de semblable. Les concurrents à la personnalité la plus explosive (un Noir un peu extrémiste, une ex-danseuse topless et la mère de famille hystérique) ont vite été exclus. Résultat: l’émission a pris un rythme de croisière archi-pépère. Pendant que les concurrents de Survivor bravaient la tempête et dépeçaient le rat pour survivre, les concurrents de Big Brother lavaient la vaisselle, apprenaient des rimes par coeur et jouaient aux dominos. De l’anti-télévision, quoi.

Big Brother a beau être un concept européen, c’est une émission caméléon qui prend les couleurs du pays qui la présente. Aux États-Unis, c’est la pruderie et l’immaturité émotive des participants qui ont caractérisé l’expérience.

Et comme l’écrivait l’essayiste Neal Gabler dans le Los Angeles Times il y a quelques jours, Big Brother a opposé deux traits marquants de la société américaine: l’esprit communautaire et l’individualité. Les concurrents ont fait front commun dans un esprit de famille que les producteurs de CBS n’avaient sans doute pas prévu. Résultat: toutes les tentatives de CBS pour semer la zizanie parmi les participants (et mettre un peu de piquant à l’émission) ont échoué. Toutefois, l’attrait de la célébrité et de la fortune aura été le plus fort puisque cette belle solidarité s’est effritée à la fin (comme nous sommes aux États-Unis, c’est quand même le candidat handicapé qui a gagné…).

Les cotes d’écoute de Big Brother ont été satisfaisantes puisque CBS pense déjà à Big Brother 2. Et l’on sait déjà que Survivor 2 prendra l’affiche en janvier. En attendant, les téléspectateurs américains câblés peuvent regarder Castaway, présentée sur la chaîne BBC America. Castaway, c’est la version hard de Survivor. L’expérience a débuté le 1er janvier dernier sur Taransay, une île au large de l’Écosse, inhabitée depuis les années soixante-dix. Pendant un an, trente-six individus doivent repartir à zéro et "bâtir une nouvelle société". Cette nouvelle communauté est composée de vingt-huit adultes et… de huit enfants, dont le plus jeune n’a que deux ans (beau test d’endurance). Ensemble, ils doivent construire des maisons, cultiver la terre et élever des animaux. Et tout ça pour le plaisir puisqu’il n’y aura aucun gagnant et aucune somme d’argent allouée à la fin de l’émission. Tiens, voilà un concept qui prendrait difficilement aux États-Unis…

CISM change de ton
L’arrivée de COOL FM a secoué les puces de CISM, la radio de l’Université de Montréal, qui a toujours voulu être LA radio alternative des étudiants. Voilà que les dirigeants de la station viennent de se livrer à une sérieuse remise en question et les constats sont loin d’être encourageants. Premièrement, la radio ne rejoint que 14 % de l’auditoire étudiant, comparativement à la radio de l’Université de Laval qui a un taux de pénétration de 34 %. Or les étudiants contribuent au financement de CISM par le biais de leur cotisation étudiante. Qu’écoutent-ils donc? "Buzz et CKOI", répond Frédéric Bourgeois, directeur de la programmation, qui ajoute: "Les moments où nous avons eu le plus de feed-back, c’est lorsqu’une équipe ne se présentait pas pour son émission et que le réceptionniste mettait de la musique!" Autre moment fort de l’année pour CISM: le Festival de Jazz de Montréal, alors que la station cédait ses ondes à Radio Jazz. Une claque en pleine face, avec ça?
Tout ça pour dire que CISM a décidé de changer de ton et de devenir la radio urbaine de Montréal. Concrètement, cela veut dire moins de blabla et plus de musique, moins de rock et plus d’électronique. Les émissions phares comme La Rumba du samedi, de 12 h à 16 h, et Les Samedis électroniques, de 16 h à 22 h, demeurent à l’horaire et, une fois par mois, le vendredi soir, CISM diffusera des performances de D.J. en direct du Jaï, boulevard Saint-Laurent. Reste à voir si les étudiants seront à l’écoute.

Action
Vous souvenez-vous de la série Action, diffusée l’an dernier sur le réseau américain Fox? Satire bête et méchante de la production cinématographique, Action racontait l’histoire d’un producteur agressif et macho (genre: Jerry Bruckheimer et Don Simpson, producteurs de Top Gun et autres Con Air) qui s’associait à une pute de luxe pour lancer sa boîte de production. À l’époque, on présentait Action comme le nouveau Larry Sanders Show. Fox l’a retirée de sa grille-horaire au beau milieu de la saison et Action est rapidement devenue une série-culte. Et qui dit série-culte dit Bravo!, qui présente Action dès le vendredi 6 octobre à 22 h 30. On verra si c’est meilleur la deuxième fois.

On fait ça seulement le samedi soir!
Après Le Grand Blond avec un show sournois, voici le deuxième rejeton de La fin du monde est à sept heures. Point commun de ces trois émissions: la longueur des titres. Et dans le cas d’On fait ça…, la présence de Stéphane Laporte, monsieur Concept en personne. Dans le milieu de la télévision, la réputation de monsieur Laporte est la suivante: il pond des concepts, il les vend puis, après quelques semaines, se désintéresse de la chose et va brasser de grosses affaires ailleurs. On a vu le résultat avec Les Gingras-Gonzalez. Les patrons de Radio-Canada vont-ils attacher Laporte sur une chaise pour l’empêcher de se sauver? La présence de Bruno Blanchet, Sylvie Moreau, Alexis Martin et Pierre Lebeau est-elle un gage de qualité? C’est avec impatience qu’on attend la première de cette émission casse-gueule (car elle est diffusée en direct) qui débute samedi, 22 h 30, sur Radio-Canada.

Lions de Cannes
Après avoir lu (et adoré) 99F, de Frédéric Beigbeder, comment peut-on aller s’asseoir dans une salle de cinéma pendant plus d’une heure trente pour regarder défiler des publicités? Mais avec un sens critique, bien entendu! Certains de ces films publicitaires sont de véritables petits bijoux (n’oublions pas que de grands réalisateurs "s’abaissent" parfois à tourner des pubs) avec une histoire, une direction artistique époustouflante et souvent beaucoup, beaucoup d’humour. Rien à voir avec les annonces des magasins Brault et Martineau. D’ailleurs, comme le souligne Beigbeder dans son livre, les pubs primées à Cannes ne passent pratiquement jamais à la télévision. Au Cinéma Égyptien, du 6 au 12 octobre, à 13 h 30, 16 h, 19 h et 21 h 30.