Droit de cité : Fusions: la fausse finale
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Droit de cité : Fusions: la fausse finale

Encore une fois, l’horaire politique me fera un pied de nez. C’est donc douze heures après l’heure de tombée de Voir, et douze heures avant l’apparition des journaux dans les présentoirs, que Louis Bernard, le mandaté de Québec pour réorganiser l’administration de Montréal, déposera son très attendu rapport.

C’est comme manquer la finale par deux millionièmes de seconde. Dans ce cas-ci, certains parlent même de la finale du siècle.

Désolé, pas que je veuille me consoler, mais ça ne sera pas la finale, ni du siècle ni de quoi que ce soit. La vraie finale aura lieu en décembre, peut-être un peu avant, avec le dépôt du projet de loi sur la question, par la ministre des Affaires municipales, Louise Harel.

Je peux déjà présumer malgré tout que le rapport Bernard suggérera à la ministre de réorganiser les pouvoirs entre les différents vecteurs de développement économique sur deux paliers politiques sans paradigme, pour une efficacité structurelle bonifiée et dont la CUM élargie et élue au suffrage universel sera le pivot décisionnel pour une légitimité politique accrue auprès du client-citoyen.

On vous entend déjà maugréer: "De quossé? Comment ça, suggérera? Ce n’était pas déjà fait?"

Peu importe le résultat des cogitations de Louis Bernard et de son comité, on est en droit de se demander en quoi le comité Bernard aura été utile. Pas que ses travaux aient été un exercice de style sans fond: il y a eu des débats intéressants, des suggestions séduisantes, d’autres qui demandaient plus de réflexion.

Le problème, c’est qu’avant Bernard, il y a eu le Livre vert, le Livre beige et tout le reste de la palette des couleurs. Il y a eu le rapport Bédard, le rapport Pichette, le rapport Machin Truc dont je ne me souviens plus le nom, mais ça n’a pas d’importance. C’est comme si on les fabriquait en série. D’un comité de sages à un autre, le gouvernement cherche le consensus. Comme si nous étions plus près de la franc-maçonnerie que de la démocratie. Ou, si vous préférez, la dictature de l’expert.

Avait-on vraiment besoin d’un énième comité pour déterminer ce qui est bon et ce qui est mauvais pour Montréal? On ne le savait pas déjà? Si on avait sondé l’âme humaine comme on a sondé l’avenir municipal de Montréal, on vendrait les rêves en conserve aujourd’hui.

Et croyez-vous vraiment que la ministre Harel ait attendu les conclusions du rapport pour commencer la rédaction de son projet de loi? C’est à se demander si la ministre n’a pas demandé à Louis Bernard de recalculer la masse de l’univers (ce qu’on connaît déjà) pour le compte des maires de banlieue. La ministre n’aura qu’à feindre de prendre acte de la quatrième dimension dévoilée, pour retourner ensuite à ses travaux déjà bien entamés.

Si c’est cela qui nous attend, ce n’est pas la finale, pas plus que sa répétition, ni même une demi-finale. C’est une manoeuvre de diversion. Une ficelle pour permettre à Louise Harel de compléter dans la paix et la sérénité son difficile projet de réforme municipale (entre autres pour le fortifier contre toute attaque juridique, laissant à Louis Bernard l’odieux des ballons d’essai, des jérémiades des insatisfaits, voire de la décision finale.

Si c’est ça, l’astuce, elle aura eu au moins le mérite de dissiper les dernières illusions des maires de l’île. Elle aura aussi le mérite de leur faire saisir que les frontières municipales ne sont pas des fossés tectoniques engendrés par la dérive des continents; et que de tenter de les éliminer n’équivaut pas à s’attaquer à plus puissant que soi.

Elle aura eu aussi le mérite de leur apprendre que c’est une chose d’être à contre-courant, et de s’opposer à la mode des fusions. Mais que c’en est une autre d’être à contre-sens, et de s’opposer à ce qui était déjà convenu comme une aberration bien avant la mode des fusions: l’iniquité fiscale, au profit des plus riches.

À quand les Anges de l’Enfer?
À Las Vegas, capitale mondiale du jeu, des mariages instantanés et des steppettes aquatiques de Sylvie Fréchette, la majorité anglophone est victime des outrages des riches et puissants venus du froid. En effet, elle doit supporter les affiches du Cirque du Soleil!!!!

Nous réclamons donc, au nom de la diversité culturelle et du droit des populations locales à vivre dans leur langue, que la succursale américaine du Cirque du Soleil porte la raison sociale de The Sun Circus.

Par ailleurs, nous serions très enchantés, cette fois-ci au nom de la réciprocité entre les deux groupes linguistiques du Canada, que les activités du Bloc québécois à Ottawa se déroulent sous la dénomination de Quebecer Bloc et que les bureaux torontois de la Caisse de dépôt et placement du Québec s’affichent sous la raison sociale de The Deposit & Investment Cashbox of Quebec.

De plus, Droit de cité accorde sa voix à celle de la Société Saint-Jean-Baptiste et désapprouve tout groupe de défense du français "malhabile, mais sincère et angoissé" qui attenterait au moyen de coktails Molotov – pardon, de queues de coq incendiaires – les vitrines de l’entreprise dûment enregistrée Hells Angels Motorcycle Club inc., afin de les encourager à respecter le désir des Québécois de vivre en français. Merci.