Médias : Le palpitant gala des Gémeaux
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Médias : Le palpitant gala des Gémeaux

Si l’on mettait bout à bout les deux Galas des prix Gémeaux (celui de l’après-midi, diffusé sur RDI et celui du soir, diffusé sur Radio-Canada), cela totaliserait environ sept heures de remise de prix. Sept heures! La télévision québécoise serait-elle narcissique?

Le palpitant gala des Gémeaux

Si l’on mettait bout à bout les deux Galas des prix Gémeaux (celui de l’après-midi, diffusé sur RDI et celui du soir, diffusé sur Radio-Canada), cela totaliserait environ sept heures de remise de prix. Sept heures! La télévision québécoise serait-elle narcissique?

Cette année, le gala du soir (le plus regardé) s’est déroulé sous le signe du cynisme et de l’humour grinçant. LA tête de Turc de l’événement: Sheila Copps. Son nom fut à peine mentionné mais sa nouvelle politique – qui oblige les créateurs à beurrer épais sur le contenu canadien s’ils veulent obtenir une subvention du Fonds du câblodistributeur – a été tournée en ridicule. Pour l’occasion, on avait même réalisé de faux épisodes de téléromans dans lesquels Normand Brathwaite, l’animateur de la soirée, apparaissait déguisé en castor. Assez drôle.

Les concepteurs du gala se sont également payés la tête de Radio-Canada en blaguant sur l’affaire Scully. Récapitulons rapidement: le reporter de Radio-Canada Normand Lester (Monsieur Scoop) enquête sur les fameuses Minutes du Patrimoine produites par Robert Guy Scully et découvre, ô horreur!, qu’elles sont financées en partie par le gouvernement canadien via la Fondation Bronfman. Il dévoile également que la série Le Canada du millénaire est, elle aussi, financée par Ottawa. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire "Propagande", la direction de l’information de la SRC fout Scully et sa série d’émissions à la porte… et "tablette" en douce Normand Lester.

Or, qui est soudainement sur scène avec Brathwaite au gala des Gémeaux? Lester lui-même! "Que fais-tu là? lui demande l’animateur.

-Je fais maintenant les voix-off le week-end, de dire Lester, ironique.

-Tu n’aurais peut-être pas dû parler des Minutes du Patrimoine, lance Brathwaite.

-Ne parle pas de ça à Radio-Canada, rétorque Lester, ils n’aiment pas ça…"

Wow!
Un journaliste qui monte sur une scène pour ridiculiser une décision de son patron, c’est assez culotté, non? Juste au moment où le syndicat des employés de la SRC fait circuler un communiqué critiquant l’enquête de l’ombudsman…

La caméra n’a malheureusement pas montré le patron de l’information, Claude Saint-Laurent, au moment où Normand Lester apparaissait sur la scène. Se tapait-il les cuisses en riant? Avait-il été mis au courant de la participation de Lester au gala? Sinon, j’imagine qu’il caresse de beaux projets d’avenir pour le reporter Lester, genre: chiens écrasés, les week-ends, à RDI…
Un mot sur les prix pour dire que certains d’entre eux n’avaient tout simplement pas de bon sens et ont suscité de nombreuses questions:

Le prix de la meilleure réalisation à Alain Chartrand pour Chartrand et Simonne? Voyons donc! Le contenu de la série était excellent mais la réalisation était on ne peut plus banale, pour ne pas dire didactique. Le prix revenait plutôt à François Gingras ou à Érik Canuel, les deux réalisateurs de la série Fortier.

L’Académie a-t-elle remis un Gémeaux à Sophie Lorain pour se faire pardonner d’avoir boudé la série Fortier?

Marc Labrèche a-t-il volontairement "oublié" de remercier Stéphane Laporte lorsqu’il a accepté le Gémeaux du meilleur animateur pour La fin du monde est à sept heures?

Que faisait Enjeux dans la catégorie des émissions à caractère social, aux côtés de Claire Lamarche et des Francs-Tireurs? N’est-ce pas une émission d’information?

À la fin de la soirée, Normand Brathwaite avait l’air fripé et sa chemise aussi. Avec un manque flagrant de décorum, il ne se gênait même pas pour dire qu’il avait hâte d’aller se coucher. Dans la hâte d’en finir (Pourquoi? Pour diffuser l’ennuyant Téléjournal du dimanche soir?), on a décidé de ne pas montrer les extraits des séries en nomination pour le Gémeaux de la meilleure série dramatique. Un geste sans doute apprécié par les producteurs desdites séries qui doivent payer pour inscrire leur émission ET pour assister à la soirée…

Le fantôme de Radio-Canada
L’ombre de Pierre Elliott Trudeau n’a pas fini de planer sur la salle de nouvelles de Radio-Canada. C’est à croire que l’ancien premier ministre a fortement marqué certains patrons de l’information, du moins, si l’on se fie à certaines décisions récentes.

Première erreur: la SRC n’a produit aucune émission d’envergure pour souligner les trente ans de la Crise d’octobre. De la part d’un service d’information qui se targue d’être le meilleur et le plus important au pays, c’est tout de même surprenant.

Deuxième erreur: la couverture en long, en large et en travers des funérailles de Trudeau. I-n-t-e-r-m-i-n-a-b-l-e. (À souligner, toutefois, l’échange passionnant entre Jeffrey Simpson et Pierre Godin sur les relations entre Trudeau et Lévesque, à l’émission Le Point). La machine a perdu le contrôle et personne n’a su l’arrêter.

Enfin, que penser de la publicité exagérée entourant la diffusion d’un entretien avec le président cubain Fidel Castro? Ce dernier s’est payé une info-pub sur le bras des contribuables canadiens. Quand on sait les connaissances qu’ont la majorité des Québécois en histoire et en sciences politiques, on se demande pourquoi Radio-Canada n’a pas complété cet exercice de propagande avec une entrevue ou une analyse qui aurait remis les propos de Castro dans leur contexte. Le prétexte de cette entrevue ratée? Castro aimait tellllement Trudeau. Il a tellllement eu de peeeeiiiine. Est-ce une raison pour lui donner le crachoir pendant une heure sans jamais le confronter?

Le fait que Jean Pelletier, numéro deux de l’information à Radio-Canada, soit le fils de feu Gérard Pelletier, ex-complice de Trudeau, a-t-il pesé dans la balance de ces trois décisions discutables? La question vaut la peine d’être posée.

Le retour de Kramer
À surveiller cette semaine, le début de la série The Michael Richards Project, une nouvelle sitcom mettant en vedette… Michael Richards, l’hilarant interprète de Kramer dans Seinfeld. On dit que le personnage principal (un ex-agent de sécurité qui ouvre sa propre agence de détective privé) est un mélange de l’inspecteur Clouseau et de Kramer. L’émission arrive en ondes précédée d’une foule de rumeurs concernant les nombreux pilotes ratés, les problèmes d’écriture et de réalisation. La sitcom passera-t-elle l’automne? Début mardi 24 octobre à 20 h. NBC.