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Spécial Halloween : L’exterminator
Quand le car port est envahi par les perce-oreilles, quand une colonie de fourmis s’établit sous le plancher du salon, quand des bestioles à pattes et à poil courent dans la noirceur du sous-sol, il n’y a plus qu’une solution: l’exterminator!
Alexandre Vigneault
L’être humain et les insectes vivent généralement en harmonie. En fait, tout va pour le mieux jusqu’à ce qu’une de ces bibittes à antennes, à ailes et à pattes ne passe les frontières psychologique et physique de notre intimité. Cas vécu no 1: enfant, j’ai trouvé un perce-oreille vivant dans les fibres humides de ma brosse à dents. Je l’ai écrasé avec mon poing… après l’avoir recouvert d’une bonne couche de kleenex. Cas vécu no 2: adolescent, j’ai vu un gros rat – de loin ou de proche, les rats paraissent toujours gros – dans l’escalier menant à la cave. J’ai refermé la porte sans lui demander d’où il venait…
Des gens paniqués, Jean-Luc Desbiens en a croisé plusieurs. Directeur du bureau régional d’Adalia, une compagnie spécialisée dans les services antiparasitaires, il exerce le métier d’exterminateur depuis cinq ans. Armé de ses pièges collants, de ses trappes à souris et de tout un éventail de pesticides chimiques en granules, en poudre ou en pâte, il est ce guerrier des temps modernes qui affronte les petites bêtes et ramène la tranquillité dans nos chaumières et nos esprits.
Vous trouvez que j’exagère? Vous avez un peu raison… Le métier d’exterminateur n’est pas aussi spectaculaire que dans les films américains. Les spécialistes des parasites sont rarement confrontés à des infestations dramatiques et à des situations d’urgence propres à susciter la panique générale. Ils passent le plus clair de leur temps à conseiller les entreprises et à contrôler des pièges déjà installés. Leur travail ressemble beaucoup plus à celui du pompier s’assurant que la pile du détecteur de fumée est bien en place qu’à celui du valeureux pompier combattant un brasier au 37e étage d’un gratte-ciel.
Cas d’espèces
Quels sont les ennemis des quartiers résidentiels de Québec? Les fourmis et les perce-oreilles. Rien de bien dangereux. Surtout que la plus répugnante de ces bestioles ne se retrouve dans la maison que par accident. "Les gens pensent que les perce-oreilles percent vraiment les oreilles, que ça rentre dans les oreilles, que ça mord… C’est juste des rumeurs, assure M. Desbiens. Même leurs petites pinces sont inoffensives."
Les immeubles à logements sont confrontés à des bestioles encore plus insignifiantes, le poisson d’argent. Qu’en est-il de la coquerelle, phobie naturelle de tout citadin qui se respecte? "Il n’y en a presque pas à Québec", affirme M. Desbiens. Presque pas, ça veut quand même dire un peu… Les quartiers à risque se trouvent dans des zones fortement urbanisées, généralement défavorisées, où il y a beaucoup de mouvement de gens et de marchandises. Même si M. Desbiens hésite à délimiter un périmètre, on comprend qu’il fait référence au secteur de la Basse-Ville. "Il peut y en avoir en Basse-Ville comme en Haute-Ville et sur la rive sud, rétorque-t-il. On peut acheter des bananes à l’épicerie et, s’il y a un oeuf dans les bananes, on va en avoir… Ce n’est pas une question de propreté."
On craint les coquerelles parce qu’elles se reproduisent à une vitesse phénoménale. "On a déjà vu des cas de coquerelles où il y en avait beaucoup. Des milliers. On a avancé un frigo encastré et il y avait tellement de coquerelles sur le mur qu’on ne voyait plus la peinture", raconte M. Desbiens.
"La coquerelle se cache dans toutes les fissures, alors on en retrouvait aussi dans les fissures du micro-ondes, derrière le poêle, dans la tuyauterie. On a aussi ouvert une porte qui ne servait pas souvent et des coquerelles tombaient du cadrage." Les gens paniquaient-ils? "Non… Quand il y en a à ce point, ils en ont déjà vu passer sur le comptoir en début de soirée, c’est sûr."
M. Desbiens a une aversion particulière pour les rats, ces bestioles coriaces qu’on retrouve dans les égoûts de toutes les villes. Des histoires de rats, il en a plusieurs. Souvent, les gens rénovent leur maison à la va-vite et omettent de reboucher un tuyau condamné. Résultat: un rat peut débarquer entre les murs. Encore? Il y a des rats capables de percer un tuyau de plastique de l’intérieur…
M. Desbiens a aussi déjà vu des fermes infestées de centaines de rats. Inutile d’envoyer le matou au front: "J’ai déjà vu un cas où un chat avait été tué par des rats", raconte-t-il. Que dire de la légende urbaine voulant qu’un rat puisse survenir dans la cuvette de toilette? Euh… ce n’est pas une légende. La chose est cependant très rare et ne peut se produire que dans les maisons anciennes. Pas de quoi faire un film d’horreur dans le coin…