Société

La semaine des 4 jeudis : Espace politique

Cet espace est mis gracieusement à la disposition des partis politiques canadiens.

Ce soir vous lirez un membre du Parti conversateur du Canada.

Chers amis, chères amies,

bonsoir.

On me dit que, même en ces temps d’élection, la population n’a que peu d’intérêt pour la chose politique. Que le débat démocratique qui nous occupe laisse désormais jeunes et vieux indifférents. Eh bien si cela est vrai ou même si certains – que je ne nommerai pas – veulent nous le faire croire, il faut tout de même secouer cette apathie nocive.

Comment? C’est simple: en parlant enfin des vrais enjeux!

À ce sujet, permettez-moi de porter à votre attention une situation qui met en lumière une fois de plus les carences du système et l’incompétence du gouvernement actuel autant en matière sociale qu’économique.

En effet, nous apprenions lundi dernier, à la stupeur générale, que nos collègues du Commonwealth viennent de nous infliger une cuisante défaite en dérobant au Canada le record de la saucisse la plus longue.

Rappelons ici les faits: établi en 1995 grâce à une superbe saucisse pur porc de 45 kilomètres, le record canadien a été battu de plus de 13 kilomètres – oui 13 – par une équipe de cuisiniers bénévoles de la ville de Sheffield au Royaume-Uni.

Une fois passé le choc et cette honte que nous n’avons même pas ressentie dans la défaite olympique, cette saucisse de 58 kilomètres soulève une multitude de questions:

En ces temps de mondialisation où chaque nation se doit d’être compétitive sur les marchés internationaux, comment se fait-il que nous ayons pris un retard de 13 kilomètres sur d’autres pays industrialisés sans réagir? Est-ce à dire que nos investissements dans le secteur de la recherche en technologies alimentaires (particulièrement le boyautage) restent insuffisants?

Cet échec doit-il remettre en question notre soutien direct aux producteurs agricoles, ou, bien au contraire, les mesures de protectionnisme abandonnées dans le cadre des négociations de libre-échange et bientôt de la ZLEA l’ont-elles été au détriment de l’intérêt national?

Sur le plan constitutionnel:

En centralisant à Ottawa ses activités et en conférant au CCS (Conseil canadien de la saucisse) des pouvoirs décisionnels, aurait-on pu éviter que d’improductives guerres de juridiction entre le gouvernement central et les provinces viennent pourrir la situation? Aurait-il fallu instaurer un organisme impartial d’arbitrage afin de coordonner les quotas de porcs dévolus à chaque province dans la confection de notre saucisse nationale?

Hasard ou complot délibéré, en décidant de nous planter un coup de fourchette dans le dos, le Royaume-Uni pratiquait-il quelque mesure de représailles rétroactives contre le rapatriement de la Constitution, quelques jours après le décès de son instigateur; Pierre-Elliot Trudeau?

Et, si les suspicieux soupçons qui pèsent sur cette saucisse-ci s’avéraient fondés… Sur le plan militaire:

Devrait-on remettre en question la participation du Canada à l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord?

Et ce qu’il convient maintenant d’appeler l’affaire Sausage ne risque-t-elle pas d’avoir des répercussions sur le moral et la sécurité de nos troupes en Bosnie qui doivent quotidiennement collaborer avec les forces armées britanniques?

Enfin, serait-il opportun de manifester notre opposition en fermant nos missions de Belfast, Birmingham, Édinbourg et Londres, et de rappeler notre ambassadeur pour consultation?

En ce qui concerne la santé:

A-t-on mesuré si, dans cette saucisse anglaise, les taux de nitrate et d’autres produits potentiellement cancérigènes, qui perdurent dans les aliments à base de viande séchée ou fumée, étaient conformes aux normes internationales en vigueur?

Et avant d’homologuer ce record, la communauté internationale a-t-elle pris le temps de vérifier si une partie des 19 tonnes de viande nécessaires à la fabrication de la chose contenaient quelque trace de l’encéphalite spongiforme (mieux connue sous le nom de maladie de la vache folle), au moment même où le ministère de la Santé du Royaume-Uni prévoit 1 000 cas de contamination humaine cette année et 63 000 décès d’ici 2040?

Au Québec, l’affaire Sausage risque d’avoir des répercussions jusque dans l’épineux dossier de la langue. En effet, après une évaluation qualitative de 130 institutions scolaires québécoises, il s’est avéré que la majorité de nos jeunes (et même de nos universitaires) sont incapables de prononcer correctement «Cette saucisses super-sinueuse-ci serpente sur cinq millions neuf cent mille savoureux centimètres.» Apprenant la nouvelle, le ministre de l’Éducation en appelle déjà à un resserrement des mesures d’évaluation de l’apprentissage du français. Il s’est avéré en outre que, selon l’Office de la langue française, l’emploi du mot sausage, comme dans l’expression: «Je vais faire un p’tit "sausage" dans ma piscine», serait un anglicisme. Il faudrait donc plutôt dire: «Je vais faire une petite saucisse dans le fleuve.» Soyons vigilants. N’attendons pas que Second Cup serve des petits déjeuners pour réagir.

Enfin qu’en est-il des communautés ethniques qui mangent cachère?

Solidaires dans la défaite et dans l’épreuve, les Canadiens et les Canadiennes ainsi que les Québécois et les Québécoises veulent savoir. Je presse d’ailleurs ici solenellement les différents partis libéral, bloquiste, allianciste et néo-démocrate d’afficher rapidement des positions claires sur ce dossier qui nous préoccupe tous.

Écrivez à votre député. Interpellez vos candidats locaux. Ne faites pas l’andouille! Exigez des réponses!