

Médias : Guy A. Lepage: pari gagné
Nathalie Collard
On gueule souvent contre les galas télévisés – trop longs, ennuyants, répétitifs. Alors, quand un tel événement s’élève au-dessus de la mêlée, il faut le souligner. Le gala de l’ADISQ, présenté dimanche dernier dans le cadre des Beaux Dimanches à Radio-Canada, était de ceux-là. On dit que c’est l’animateur qui fait la soirée. Pas de doute, Guy A. Lepage a été à la hauteur. Après un début un peu hésitant et quelques gags mal fignolés, Lepage s’en est donné à coeur joie et a été aussi baveux que son nouveau statut social lui permet de l’être (avec le succès d’Un gars, une fille, il fait désormais partie de l’establishment).
Le meilleur gag de la soirée (les textes étaient écrits par Lepage et son vieux comparse André Ducharme, le "petit" de RBO) fut sans contredit le numéro racontant les péripéties de Chose (Chose représentant un artiste québécois), qui fait la promotion de son nouveau disque. Invité à un talk-show, on questionne Chose sur son enfance et on le fait jouer au ping-pong. Invité à une émission du matin à la radio, on demande à Chose de lire le bulletin météo et de faire la circulation.
Vous aurez compris que les artistes québécois en ont marre de faire les clowns dans les médias. Ils aimeraient bien qu’on leur parle de leur art à l’occasion. Inutile de dire que ça riait franc dans la salle du Saint-Denis. Guy A. Lepage, sachant qu’il avait dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, a lancé à l’assistance: "Vous êtes contents que je le dise à votre place?" Tu parles! (Je repensais d’ailleurs à ce sketch lundi soir dernier en regardant les "meilleurs" moments de Julie Snyder à Paris – aidez-la quelqu’un! – alors qu’elle demandait à Bruno Pelletier d’aller chanter dans le petit moulin de bois qui coiffe le toit du cabaret Le Moulin rouge. Pourquoi les artistes acceptent-ils de se plier à ces niaiseries? Mystère.)
Mais revenons au gala: il y avait une vague odeur de récupération politique dans l’air. Sheila Copps s’était même déplacée! La même Sheila Copps qui n’avait pas osé se montrer le bout du nez au gala des Gémeaux, sachant qu’elle allait se faire critiquer pour ses stupides règlements sur le contenu canadien. On est opportuniste ou on ne l’est pas. En guise de récompense, elle a eu droit à de beaux remerciements du président de l’ADISQ, Jacques Primeau. En campagne électorale, devant plus de un million de téléspectateurs, ça vaut de l’or.
Parlons maintenant de l’hommage rendu à Guy Cloutier. Je n’ai qu’une question: à quand la série télévisée? Produite par René Angelil, il va sans dire, avec Patrick Huard dans le rôle principal. Sans oublier un petit rôle pour Véro, qui rêve de jouer la comédie (avis aux mauvaises langues: Denys Arcand a dit qu’elle était très bonne, ça fait que…). Ce serait bien entendu diffusé sur Radio-Canada, où les Cloutier règnent de plus en plus en maîtres des lieux.
J’en conclus que les chanteurs sont également bons comédiens car il n’y a pas si longtemps, il était de bon ton de mépriser Guy Cloutier, qui passait pour le roi des quétaines. La mémoire serait-elle une faculté qui oublie? À moins que le fait que Cloutier soit producteur de La Fureur, une émission qui attire plus de un million de téléspectateurs par semaine, y soit pour quelque chose? Qu’est-ce qu’on disait déjà à propos de l’opportunisme?
Un dernier mot sur les retrouvailles de RBO qui me sont allées droit au coeur. Dieu, qu’on s’ennuie de ce groupe qui n’a jamais été remplacé dans l’espace culturel québécois. Il suffit de regarder TQS pour s’en convaincre. La nouvelle flopée de jeunes humoristes qui sévit sur les ondes du Mouton noir est nulle. Des textes bâclés, des blagues remâchées et surtout, un manque flagrant d’intelligence. Bref, tout le contraire du gala. Bravo Guy A.!
Nouvelles de South Park
Fans de South Park, réjouissez-vous. Matt Stone et Trey Parker travaillent présentement à l’écriture d’une série dont l’action se déroulera dans le décor de télé le plus à la mode ces jours-ci: la Maison-Blanche! Cette fois, les deux auteurs délaissent les personnages animés pour s’entourer de vrais acteurs. Family First, qui sera diffusée sur Comedy Central mais qui sera sans doute achetée par un grand réseau canadien, racontera la vie intime et personnelle de la première famille, puisque "leur vie politique est plate à mourir", expliquent les auteurs. On devrait voir le résultat dès l’an prochain.
Goosehead
Autre phénomène à surveiller: l’univers d’Ashley, une ado de 15 ans qui est à la tête d’une véritable PME, le site pour adolescents goosehead.com
Son histoire est le genre de contes de fées qu’Hollywood adore. Une jeune fille conçoit son petit site Internet qui grossit, grossit, grossit, au point que le père d’Ashley a même laissé son boulot afin de travailler pour sa fille. Dans le site goosehead, on trouve une websérie intitulée Whatever. C’est cette série, qualifiée de croisement entre American Pie et My So-Called Life, qui intéresse les producteurs américains, toujours "willing" pour conquérir le marché des jeunes.
Quant à Ashley, elle qualifie son site de centre nerveux de la contre-culture. Et n’allez pas croire que la contre-culture est incompatible avec le marketing. Goosehead ressemble au travail de fin de session d’un étudiant en marketing, option branding. Construit comme un village virtuel, on y retrouve une galerie d’art, une chronique sur la sexualité des jeunes, un chat room, un babillard, tous les épisodes de la série Whatever et, bien sûr, une collection de produits dérivés. La série télévisée sera probablement diffusée sur WB ou Fox, aux Etats-Unis.
Cette histoire, c’est le genre d’anecdotes qui irrite sûrement les auteurs à l’origine d’un recours collectif pour le moins inhabituel à Hollywood. La semaine dernière, deux douzaines de scénaristes télé ont déposé une poursuite de plus de 200 millions de dollars à l’endroit des principaux réseaux de télé américains, des producteurs et des agences de talents. Objet de la poursuite? Discrimination basée sur l’âge. Les auteurs âgés de 40 ans et plus se disent boudés par l’industrie de la télé qui n’en aurait que pour les jeunes. Tout le contraire du Québec, en somme.
En effet, on vient d’apprendre que TVA retire le soporifique Rue L’Espérance des ondes. Ce téléroman, écrit par des auteurs d’âge mûr, avait pour but de rejoindre les jeunes et de parler de sujets qui les touchent. Morale de toutes ces histoires: ce n’est pas l’âge qui compte, mais le talent.
À surveiller
Cette semaine, l’émission Planète Pub est consacrée entièrement à la publicité électorale. On se demandera si les gens votent encore pour des idées ou si c’est tout bêtement l’image des candidats qui prime. Il y aura débat entre Jean-Marc Léger (Léger marketing) et Yves Dupré (président de la firme de relations publiques BDDS). Un petit moment de réflexion avant le jour J. Dimanche 12 novembre, 16 h 30, en reprise à 23 h 30. TQS.
Télé-Québec présente les deux derniers épisodes de l’excellente série consacrée à la Révolution tranquille réalisée par Jacques Cossette-Trudel. Dans l’épisode présenté le 15 novembre, on traitera des années 70 à 76, soit de l’élection de Robert Bourassa à l’élection du PQ, sans oublier (comment pourrait-on?) la Crise d’octobre. Le 22 novembre, le dernier épisode couvrira la période 76 à 80, le règne de René Lévesque ainsi que la question de l’avenir du peuple québécois. De l’histoire intelligente quoi ! Télé-Québec, les 15 et 22 novembre, à 20 h.
De son côté, la chaîne Discovery présente Skin Deep, un documentaire en quatre parties consacré à l’histoire des cosmétiques. Les réalisateurs/producteurs, Cliff Lonsdale et Jane Hawkes, deux Canadiens de Toronto, ont parcouru le monde et recueilli les propos de parfumeurs, mannequins, fabricants de cosmétiques, historiens, etc. Lundi à jeudi, 21 h, sur Discovery.