La marijuana n’en finit plus de faire la manchette. Cette semaine, on apprenait que le procès de Boris Saint-Maurice, le chef du Bloc Pot accusé d’avoir fourni illégalement de la marijuana au Club Compassion, avait été remis à une date ultérieure (le principal intéressé accuse le pouvoir judiciaire d’avoir plié aux pressions du monde politique qui voudrait éviter un débat sur la légalisation en pleine campagne électorale). Au même moment, le Bloc québécois tient une conférence de presse pour montrer aux journalistes la présence de plants de pot dans les cultures agricoles québécoises. Quand on lui demande s’il a déjà été l’objet de menaces, le chef du Bloc, Gilles Duceppe, ne veut pas répondre. Par la suite, on apprendra que Duceppe a effectivement reçu des menaces et que sa conjointe se promène sous escorte de la GRC.
Enfin, pour nous prouver que le monde change, la nouvelle campagne publicitaire du quotidien La Presse nous montre une dame âgée en train de fumer son joint de chanvre.
Bref, le pot est un sujet chaud.
La Colombie-Britannique est le berceau de la lutte en faveur de la légalisation de la marijuana et Marc Émery en est le porte-parole le plus éloquent. Comme la plupart des stations de télé refusaient ses projets, Émery a décidé de créer Pot-TV, une station de télé accessible sur le Net, et dont la programmation est uniquement consacrée à la marijuana. Au menu: Marijuana News; Healing Herb Hour (une émission consacrée aux enjeux médicaux de la marijuana); Grow Show (qu’on pourrait qualifier d’émission de jardinage et qui explique comment cultiver le pot); The Burning Shiva Hour (une émission spirituelle qui présente ces jours-ci Marijuana in the Bible, une série de six épisodes expliquant les nombreuses références à la marijuana dans la Bible), et finalement Higher Ground, une émission culturelle qui présente cette semaine un extrait d’Eyes Wide Shut (dans lequel Tom Cruise et Nicole Kidman fument un joint), la chanson de Peter Tosh Legalize it, ainsi qu’un concert de Bob Marley enregistré au Zimbabwe en 1980. Planant.
Adresse: www.pot-tv.net
Le problème avec Tag
Qu’est-ce qui cloche avec Tag (Radio-Canada, lundi, 21 h)? Chaque semaine, je m’assois consciencieusement devant mon téléviseur en espérant vivre une bonne heure de télévision. Or, la magie n’opère pas. Je parle, je me lève pour aller prendre un verre d’eau, je feuillette un magazine. Bref, je ne suis pas du tout accrochée, alors que j’aurais raté les funérailles de ma mère pour ne pas manquer un épisode d’Omertà .
Visuellement, Tag est superbe. Et les acteurs (je pense entre autres à Gabriel Arcand, Fanny Mallette et, surtout, au jeune Lawrence Arcouette) sont vraiment excellents.
Mais malgré ses nombreuses qualités, la série s’étire et ennuie.
J’entends déjà les patrons de Radio-Canada et les créateurs de la série me répondre que Tag n’est pas une série comme les autres et qu’elle exige de la part des téléspectateurs un certain effort intellectuel. Je m’en doutais. Quand je m’assois devant Tag, je ne m’attends pas à regarder La Poule aux oeufs d’or ou la sitcom Catherine!
Mais différent ne doit pas être synonyme d’ennui.
On dirait que le réalisateur a hésité entre la série dramatique et le documentaire. Résultat: on a une série qui nous décrit très bien un milieu et un contexte social, mais qui oublie de nous raconter une histoire. Que sait-on des personnages de Tag après six semaines? Pas grand-chose. Après six épisodes, on devrait être attaché à Mélanie et à Tag. Or, on s’en fout royalement. Seul Kevin a réussi à nous arracher les larmes quand il a avoué son crime, lundi dernier.
Un de mes cinéastes préférés est le Britannique Ken Loach. La toile de fond des films de Loach est toujours la même: le milieu ouvrier anglais. Des gens qui en arrachent (alcoolisme, pauvreté, toxicomanie, chômage), et qui ont vécu des drames qui expliquent ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. Loach décrit ce milieu avec subtilité et intelligence, sans jamais sortir les violons ou jouer la carte du misérabilisme. Et tout ça en racontant une super bonne histoire qui fait qu’on s’attache à ses personnages. Voilà ce qui manque à Tag. Je vais regarder la série jusqu’à la fin mais, si ça continue, ce sera davantage par devoir que par plaisir. Dommage.
Contenu canadien:
pour en finir avec la feuille d’érable
C’est cette semaine qu’ont lieu les 3es Rencontres internationales du documentaire de Montréal. Outre la présentation de nombreux films d’auteurs d’ici et d’ailleurs, cet événement permet de faire le point sur l’état de santé du documentaire canadien.
Point de départ de la discussion: la fameuse étude La Production documentaire au Québec et au Canada de 1991 à 1999, dont nous avons parlé plus tôt cette année.
L’étude réalisée par Michel Houle soulignait entre autres que si les séries documentaires se portaient plutôt bien, le documentaire long métrage, lui, était en difficulté.
En fait, ce type de documentaire (pensez à Tu as crié Let me go d’Anne-Claire Poirier) représente un peu plus de 1 % du volume global de la production documentaire. C’est très peu.
Par contre, les séries ou miniséries ont le vent dans les voiles. Les biographies du Canal D et les séries à petit budget ont la cote. Je ne dis pas qu’elles n’ont pas leur place à la télévision mais quand la majorité de la production documentaire d’une province ou d’un pays se résume à des portraits de personnages historiques sans grande originalité et sans point de vue, il y a un problème.
La même étude démontre que les budgets horaires des documentaires ont diminué de 28 % pour l’ensemble des productions. En d’autres mots, on produit plus de documentaires à plus petit prix. C’est l’usine à saucisses, quoi.
C’est de cela qu’on va discuter au cours du forum.
Parmi les invités qui participeront au panel, il y aura des représentants de la SODEC, de Téléfilm Canada, du Fonds de télévision, de Télé-Québec, de la CBC, de Radio-Canada, ainsi qu’une déléguée de l’Association des chaînes de télévision payante. Les organisateurs ont également invité des représentants du CRTC et du ministère du Patrimoine. "On va discuter de la création d’une enveloppe budgétaire séparée avec de l’argent neuf pour le documentaire unique", explique le producteur Paul Lapointe.
On va également débattre des fameuses exigences du gouvernement fédéral en matière de contenu canadien, ces règles ridicules qui sont en train de tuer la créativité des cinéastes canadiens.
"On voudrait que le contenu canadien se limite à la composition de l’équipe et à la propriété des droits d’auteur", explique Paul Lapointe, qui se dit confiant que ces demandes soient acceptées.
Les représentants des télédiffuseurs (dont Mario Clément de Télé-Québec) viendront expliquer comment fonctionne le financement des documentaires dans leurs boîtes respectives. On leur demandera sans doute d’y consacrer plus d’argent.
Bien sûr, il sera question des fusions dans le monde des médias. La création de grosses entités et de compagnies affiliées qui veulent, elles aussi, mettre la main sur l’argent public fait peur aux petites boîtes de production indépendantes.
Bref, si les différents invités laissent de côté la langue de bois et s’engagent à fond dans la discussion, ce pourrait être un rendez-vous important pour le milieu du documentaire québécois. Vendredi 17 novembre, de 13 h à 17 h 30, Holiday Inn, 420, rue Sherbrooke Ouest, salle Ambassadeur-C. Inscription: 10 dollars, par téléphone ou télécopieur (1 800 567-5560) ou par courrier électronique ([email protected]).
Le procès de Nuremberg
Cette semaine, la chaîne Historia présente en première francophone (CTV a déjà présenté la version originale) la mini-série Nuremberg, réalisée par Yves Simoneau et tournée à Montréal en 1999.
On y raconte les 11 mois du procès le plus important du XXe siècle, procès qui avait pour mandat de juger les crimes de guerre commis sous le régime d’Hitler. C’est le procès de Nuremberg, présidé par le juge américain Robert Jackson, qui a révélé au monde les horreurs du nazisme.
Alec Baldwin y tient le rôle du juge Jackson et, coproduction oblige, on retrouve quelques acteurs québécois… comme Julien Poulin dans le rôle d’un nazi!
Les dialogues sont tirés du verbatim du procès. Les deux premières heures sont un peu ternes; mais la seconde partie, au cours de laquelle on se livre à une réflexion brillante sur le bien et le mal, est beaucoup plus solide.
Samedi et dimanche 18 et 19 novembre, à 21 h. Historia.