Nouveaux médias : Naziland
Société

Nouveaux médias : Naziland

La saga judiciaire entourant la vente aux enchères d’objets nazis sur le site de Yahoo! vient de prendre fin cette semaine avec la décision d’un juge du Tribunal de grande instance de Paris. Verdict: Yahoo! dispose de 90 jours pour empêcher tout accès en France à leur site de vente aux enchères d’objets nazis.

Pour pouvoir appliquer ce jugement, Yahoo! devra installer un système de filtrage afin d’empêcher les internautes branchés à un serveur identifié par les lettres .fr (pour France) d’accéder aux contenus interdits en France. Si Yahoo! ne se plie pas à ce jugement dans les 90 jours, l’entreprise devra payer des amendes de près de 20 000 dollars par jour!

Déposée l’an dernier par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme et par l’Union des étudiants juifs de France, cette poursuite en justice contre le site de Yahoo! ne fait pas le bonheur de tout le monde. Pour les responsables de Yahoo!, cette "méthode de censure" n’est pas le bon moyen de "décourager les amateurs d’objets nazis".

Ce jugement, en plus de révéler qu’il n’existe pas de convention internationale pour encadrer juridiquement le commerce électronique (ni, par ailleurs, la diffusion de contenus haineux sur le Web), a suscité de nombreuses réactions: les uns brandissant l’étendard du respect de la libre expression; d’autres s’inquiétant du sort réservé au commerce électronique dans le monde. On attend toujours la réaction officielle de Jean-Marie Le Pen…

Réfugiés sur le Net
Si l’État palestinien n’existe pas encore, une Palestine virtuelle est en train de voir le jour sur le Net. Alors que le conflit israélo-palestinien fait de plus en plus de victimes, un site Web a été conçu pour donner une voix aux réfugiés palestiniens. Intitulé Dépasser les frontières www.acrossborders.org ce site a été mis sur pied dès juillet 1999 dans le camps de réfugiés de Dheisheh, près de Bethléem, en Cisjordanie.

Après le camp de Dheisheh, aujourd’hui en attente de matériel neuf à la suite de la destruction de leur serveur, d’autres camps ont été branchés à ce réseau de camps palestiniens au Proche-Orient: les camps de Khan Younis, dans la bande de Gaza, et de Chatila, au Liban. L’objectif de ce réseau de sites est de permettre aux réfugiés de maintenir un contact avec le reste du monde, mais aussi avec leurs familles.

Dans le climat politique actuel, le réseau vient aussi mettre un baume sur la question de la libre circulation des Palestiniens de la bande de Gaza. Plus souvent qu’autrement interdits de passage, "beaucoup d’étudiants n’ont pas vu leurs familles depuis des années, peut-on lire sur le site Acrossborders.org. Il est presque impossible pour des réfugiés habitant au Liban de rendre visite à des parents à Gaza ou vice-versa. Le voyage virtuel, permis par le réseau, aura un impact énorme sur la visibilité et la confiance de la communauté de réfugiés dans l’ensemble."

Financé en partie par le Canada et l’Université palestinienne de Bir Zeit, le site d’Across Borders se veut aussi une source alternative d’information sur le conflit. "L’histoire est toujours écrite par les vainqueurs, explique au quotidien Le Monde une responsable d’Ibdaa, le centre culturel à l’origine de ce réseau. Ce site nous permet de donner notre version des faits et de la faire connaître au plus grand nombre." Bien que la mise à jour des actualités commence à dater quelque peu, la dernière nouvelle affichée remontant au mois d’octobre, on y trouve plusieurs liens vers des sites d’information sur la situation au Moyen-Orient ainsi que de nombreux documents expliquant le point de vue historique des Palestiniens sur le conflit les opposant à Israël depuis 1948.

Hackers de films?
La production indépendante de films, qui connaît un essor phénoménal avec l’arrivée de technologies numériques abordables, est en voie de créer un phénomène inattendu. Imaginez un fan inconditionnel de Star Wars qui déciderait de créer un film de Star Wars qui présenterait l’histoire de ses personnages avant le début de la série. Imaginez qu’un réalisateur adolescent, dans son sous-sol, déciderait de pousser un peu plus loin l’histoire de Boba Fett, ce personnage qui fait quelques apparitions dans les films de Star Wars. Imaginez, surtout, que des millions de personnes puissent se rendre sur le Web pour voir ces films créés par des fans. Imaginez, finalement, la gueule de Lucas qui verrait son oeuvre triturée sur tous les écrans du monde…

Eh bien, ces films sont déjà offerts sur le Web: le premier, intitulé The Dark Redemption (theforce.net/theater/shortfilms/darkredemption), se présente comme une sorte de Star Wars 0.0 qui débute avant même que ne commence l’histoire de Lucas. Puis, il y a Bounty Trail (theforce.net/theater/shortfilms/ bountytrail) qui raconte, effectivement, la vie aventureuse de Boba Fett dans sa totalité.

Et la liste s’allonge, puisque vous pouvez trouver sans trop de peine des films amateurs basés sur les X-Files, Highlander, Star Trek, Batman et les X-Men, pour ne nommer que ceux-là. Ces films de fans, produits avec des budgets dérisoires, sont toutefois créés en tenant compte des différents aspects traditionnels de toute production, que ce soit la scénarisation, le casting, la création de décors, la postproduction, etc. Résultat? Un nouveau sous-genre est né.

Bon, vous pouvez tout de suite oublier les oscars, mais cette récupération de films n’est pas sans amuser des milliers d’ados à travers le monde. Et pendant ce temps, bien qu’ils utilisent des contenus qui ne leur appartiennent pas, ces producteurs nouveau genre peuvent respirer tranquilles puisqu’ils naviguent de facto "dans une zone grise entre la fiction amateur et la parodie, deux genres légalement protégés par les lois américaines", peut-on lire dans un article sur le sujet publié dans Salon.com. Que la force soit avec vous!