Paul Piché se fâche!
Société

Paul Piché se fâche!

Le 23 novembre, Richard Martineau, dans sa chronique Ondes de Choc, traitait des fusions municipales. Vers la fin de sa chronique, il écrivait:

"Les fusions ne transformeront pas Outremont en Pointe-Saint-Charles. Ce n’est qu’un changement administratif. Au lieu d’envoyer leur chèque à Jérôme Unterberg, les habitants d’Outremont l’enverront à Pierre Bourque. L’épicerie Cinq Saisons continuera de vendre ses produits deux fois plus cher qu’ailleurs; Marc Messier et Audrey Benoît continueront de prendre leur café au lait au Café Souvenir, et la petite fontaine du parc Outremont continuera de faire de jolis glouglous au printemps."

La référence à madame Benoît a fait bondir le chanteur Paul Piché, qui nous a envoyé cette missive:

Martineau à sa hauteur

Un bel exemple de journalisme de bas étage. Jugez par vous-même. "Les gens des municipalités, riches surtout, ne sont pas contents… Ils craignent comme la peste d’être soudainement envahis par la plèbe. Or, c’est du pur délire. Les fusions ne transformeront pas Outremont en Pointe-Saint-Charles… Marc Messier et Audrey Benoît continueront de prendre leur café au lait au Café Souvenir… La seule différence est que les gens d’Outremont, de ville Mont-Royal et de Wesmount (ceux-là mêmes qui discutent de l’importance de la solidarité en buvant un double latte crème pendant que leurs enfants habillés chez Deslongchamps se font garder par des nannies venues des Philippines) risquent de voir leurs comptes de taxes augmenter. Hon!"

Parlant de délire. Et là c’est moi qui te parle, et pour que tu m’entendes, je continuerai dans ton style. Allôo!… dans quelle banlieue tu l’achètes, ta drogue? Audrey Benoît ne vit pas à Outremont. Et là où elle vit, elle risque plus de la croiser, la plèbe, que toi. Et je te dirais, de s’y porter à sa défense concrètement, pas juste en paroles. Elle a publié un roman qui parle de solidarité? Ça n’a rien à voir avec ton article? Moi, je pense que ça te stresse. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi. Et puis, qu’est-ce que tu connais de l’opinion d’Audrey Benoît à propos des fusions municipales? De quel droit tu personnalises un débat en te prononçant à sa place? En son absence, je peux te dire que t’as plus de chances de la rencontrer à la Marche des femmes ou avec Médecins du monde qu’à côté de la mairesse de Sainte Foy. Es-tu journaliste? Ne devrais-tu pas vérifier tes informations plutôt que de les improviser au gré de tes frustrations personnelles? Ou peut-être que c’est moi que tu essaies d’atteindre en t’en prenant à mes amis. Ou encore, tenterais-tu de me faire faire un coming out de petit-bourgeois outremontais déguisé en chanteur contestataire qui ne veut pas payer ses taxes? Mon pauvre ami, t’enfonces des portes ouvertes. Depuis quatre ans, j’ai convoqué plusieurs fois des journalistes rue Bernard. J’y ai, en effet, un appartement tout près. Je ne m’en suis jamais caché, mais par professionnalisme, sans que je le leur demande, ils ont tous été plutôt discrets sur ma vie privée. Et à propos des fusions, je suis plutôt pour. Alors pourquoi cette mini-campagne de dénigrement?

Vous pensez que j’exagère? Transportons-nous sur les ondes de Radio-Canada où monsieur Martineau sévit encore une fois: "Ceux contre les fusions… Ils veulent surtout se protéger de la plèbe montréalaise qui va se pointer au Café Souvenir… Gardons-nous entre nous qu’on puisse se saluer entre Paul Piché et la ministre de si et Audrey Benoît…" Coudonc, t’as-tu avalé tes logiciels? Oui, oui, ceux-là mêmes qui font de toi un citoyen du monde. Et puis, encore le Café Souvenir. En tout cas!

S’il y a quelqu’un qui m’cherche, je serai pas dur à trouver. Est-ce une alerte générale aux médias ou quoi? Après les journaux et la radio, un mailing peut-être? Après leur avoir dit où je déjeune, tu pourrais leur dire où je nage pour qu’ils puissent observer mes bourrelets de bourgeois. En passant, on ne te voit plus beaucoup au Café Souvenir, ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle en soi, mais ça nous donne, là aussi, un indice de ton courage. Il nous a fallu attendre que tu déménages pour qu’on puisse enfin savoir ce que tu pensais d’un endroit que tu fréquentais quotidiennement. Bravo!

Donc t’as vendu ton condo. Avais-tu honte? Avais-tu peur qu’on te voie te promener avec un carrosse? Maintenant que tu as acheté une jolie maison bien à l’abri dans la banlieue cossue de Saint-Lambert, d’où tu nous faxes, aux gens qui habitent l’île, tes réflexions sur l’urbanité, j’imagine que c’est le recul, que tu as pris maintenant par rapport à la plèbe, qui te permet de nous faire la morale. Mais je t’en prie, avant de te prononcer à ma place contre les fusions municipales tu devrais m’appeler. T’as l’air de savoir où je reste,

j’imagine que t’as mon numéro de téléphone. Ainsi, que doit-on retenir de tes dénonciations de tous et chacun à la radio ou dans tes chroniques? Est-ce que tu inventes tout? Es-tu entrain de devenir le André Arthur de la contre-culture? D’ailleurs, mon invitation d’aller te rencontrer en direct à la radio a été déclinée. Dommage, on aurait pu s’expliquer de vive voix. Vous y recevez pourtant des invités chaque semaine.

À moins que ce ne soit ma personne que tu détestes. Si c’est ça, tu devrais le dire. T’as le droit. Même que ça serait mieux. Parce qu’en ce moment, quand tu prononces mon nom, on dirait toujours que t’as le dédain qui va t’sortir par le nez. Cela dit, t’es pas obligé de m’inventer un mode de vie pis une opinion pour ça. Et puis bon, chaque fois que j’ai voulu vous saluer au Café Souvenir, toi et ta femme, tu m’faisais un air de beu. Alors au moins, là, je ne t’achalerai plus.

Enfin, n’y aurait-il pas dans tout ça de la simple projection de ta part? Qui donc fuit la plèbe? Moi à Outremont dans mon appartement près du métro; ou toi dans ton petit palais sur la Rive-Sud? Parlant de bourgeoisie, et puisque nous sommes dans l’intimité, on m’a dit que tu avais donné à chacune de tes filles le nom d’une reine. Tu dois sûrement pas les couvrir de guenilles, ces enfants-là. Y a quelque chose qui m’dit que tu connais ça plus que moi, Deslongchamps.

Paul Piché

Réponse de Richard Martineau:
Monsieur Piché, de grâce, calmez-vous! Contrairement à ce que vous affirmez, je n’ai pas dit que madame Benoît était une "bourgeoise" qui "se coupait de la plèbe", ni qu’elle était contre oui pour les fusions. Il est étonnant de voir qu’un homme qui écrit si bien lise si mal.

J’ai écrit qu’Outremont ne changerait pas, malgré les fusions. Qu’on y trouvera toujours de jolis cafés, de beaux parcs, de belles boutiques. Et que Marc Messier et Audrey Benoît continueraient de prendre leur cappuccino au Café Souvenir. That’s it, that’s all. J’aurais pu dire Alvaro, Paul Piché ou Réjean Thomas: j’ai dit Marc Messier et Audrey Benoît. Que voulez-vous, j’ai vécu sept ans à Outremont, et, pour moi, monsieur Messier et madame Benoît faisaient partie du paysage de la ville – au même titre que Plume fait partie du paysage du Plateau. Il n’y a pas de jugement de valeur là-dedans: c’est une constatation. J’aurais pu écrire: "Le Plateau ne changera pas, Plume sirotera toujours sa bière à l’Inspecteur Épingle…" Franchement, il n’y a pas de quoi s’énerver. Je ne savais pas que le fait que vous demeuriez à Outremont était un secret d’État…

Pour ce qui est de vos attaques personnelles, je ne m’abaisserai pas à y répondre. Je me contenterai de vous dire que les Paul comptent dans leurs rangs un saint (saint Paul), six papes (Paul I à VI), deux rois (Paul 1er de Grèce et Paul 1er de Russie) ainsi qu’un dictateur (Pol Pot).

Passez de belles Fêtes.