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Punk Planet
Nicolas Tittley
Longtemps considéré comme un mouvement foncièrement nihiliste, le punk est devenu, au fil des ans, un courant politisé capable de rassembler les forces vives du changement. C’est du moins ce que cherchent à illustrer les éditeurs du fanzine américain Punk Planet, qui viennent de publier We Owe You Nothing, une lumineuse anthologie de leurs meilleures interviews. Très punk dans son approche de la politique et très politique dans son approche du punk, le magazine vit selon des principes stricts, mais refuse le sectarisme des publications exclusivement musicales comme Maximum Rock’n’Roll. Car Punk Planet est un concentrée d’idées, et il ne refusera pas de parler à Thurston Moore, chanteur de Sonic Youth, sous prétexte qu’il enregistre des albums pour le compte d’une major. Ceci dit, Punk Planet s’attarde surtout aux indépendants, aux militants et aux atypiques. We Owe You Nothing propose des entrevues de fond avec des gens comme Jody Bleyle, chanteuse du groupe de punk lesbien Team Dresch, Ian MacKaye, de Fugazi, le plus grand représentant du Do It Yourself, ou Kathleen Hanna, de Bikini Kill, pionnière du courant punk féministe Riot Grrrl. On nous propose aussi des portraits d’activistes sociaux comme les membres de la Ruckus Society, du Central Ohio Abortion Access Fund, sans oublier le grand critique des médias Noam Chomsky, dont les journalistes de Punk Planet sont de brillants disciples. Que ce soit à travers la musique ou l’engagement politique, cette anthologie donne une voix cohérente à la génération de manifestants anti-OMC qui ont fait trembler Seattle bien après le passage de Nirvana. Punk’s not dead!
We Owe You Nothing
Punk Planet: The Collected Interviews
(Akashic Books, 2001, 346 pages)