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Les lignes érotiques 976 : Coup de fil, de foudre et d’argent
Pour les étudiantes ou les petits brasseurs d’affaires, un secteur d’activités demeure bien envisageable: les lignes érotiques 976. Elles représentent souvent un moyen facile de faire de l’argent. Portrait d’une PME qui compte plus de femmes que d’hommes.
Stéphanie Filion
Elles s’appellent Natasha, Christina ou Cynthia. L’une se dit grande et sensuelle avec des cheveux longs et soyeux. L’autre vend sa salade avec un accent exotique aguichant. Et la dernière est réservée aux audacieux, c’est la salope. Faites votre choix! Au bout du fil, des voix langoureuses vendent des corps qui n’existent pas, du sexe à 15 $ l’acte… solitaire. Chaque semaine, dans les tabloïds, des blondinettes siliconées invitent à composer un numéro 976. Ces lignes qui proposent quelques minutes de "divertissement" contre deux fois plus d’argent sont toujours très populaires au Québec, même à l’heure d’Internet. De l’amour vénal pour les uns, une entreprise au joli capital pour les autres.
Les lignes téléphoniques 976 ont été envahies par les services érotiques dès leur apparition en 1988. En échange de 15 $, le tarif le plus populaire aujourd’hui, il est possible de parler avec une femme pendant une dizaine de minutes. Contre un peu moins, le client se résigne à des messages enregistrés d’ébats amoureux mettant en vedette, au choix, des dominatrices, des femmes, des hétéros, en couple ou en groupe.
La ligne érotique 1-976-3XXX, une pionnière au Québec, attire à elle seule une centaine d’appels par jour. Un concurrent qui désire garder l’anonymat affirme quant à lui pouvoir en recevoir jusqu’à 300 certains jours. Des résultats qui permettent d’imaginer un chiffre d’affaires plutôt intéressant. Si l’entreprise facture le client 2 $ la minute, par exemple, et que son appel dure 6 minutes (donc 12 $ au total), le profit du propriétaire de la ligne s’élève à 9,75 $ avec Bell Canada. "Si ce n’était pas payant, nous ne serions pas là depuis sept ans", confirme la porte-parole de la ligne 3XXX.
Les lignes érotiques proposent une dizaine de téléphonistes, des femmes âgées de 20 à 45 ans qui travaillent à partir de leur domicile. Le patron leur offre un salaire variant entre 0,40 $ et 0,50 $ la minute ou 1,50 $ et 1,75 $ l’appel. "En trois ou quatre heures, je reçois une dizaine d’appels", indique Carla (nom fictif), 43 ans, qui arrondit ses fins de mois de secrétaire en jouant la jeune perverse de 24 ans. Calcul fait, une douzaine d’heures "branchées" chaque semaine rapportera plus ou moins 150 $. Le secret pour optimiser sa paye? Faire languir le plus longtemps possible le client au bout du fil.
Le commerce des fantasmes
Qu’est-ce qu’une ligne 976? Il s’agit d’un service tarifé à l’appel, qui permet d’offrir de l’information ou des services, moyennant des frais fixés à l’avance. Dans le cas d’un programme destiné à des mineurs, le prix plafond par appel est de 3 $; pour les lignes érotiques, de rencontre ou autres services pour adultes, il est de 15 $. "De plus en plus d’entreprises de télécommunication offrent ce genre de lignes", indique Caroline Trépanier, des relations avec les médias chez Bell Canada.
Lancer une ligne 976, c’est comme démarrer une entreprise. La compagnie de téléphone élue exige un plan d’affaires détaillé incluant une étude de marché, le nombre de lignes désirées selon l’achalandage prévu, et un solide programme publicitaire. "C’est un service accessible à tous, mais qui exige une bonne mise de fonds, poursuit Caroline Trépanier. Il faut, au minimum, 15 000 $ pour démarrer le programme et nous faisons des enquêtes de crédit."
L’activation de chaque ligne desservant un seul indicatif régional coûte 3500 $. Celui qui veut rejoindre les quatre coins du Québec devra donc multiplier sa facture par quatre, en plus de payer des frais mensuels d’utilisation. Le type d’équipement est aussi à considérer. Les appareils les moins coûteux, variant tout de même de 5 000 $ à 15 000 $, permettent seulement la diffusion de messages enregistrés. Pour des conversations en direct, les coûts oscillent entre 30 000 $ et 50 000 $. Avec un tel investissement de base, toutefois, il devient difficile pour une téléphoniste de posséder sa propre ligne. Carla y a déjà pensé, mais elle a dû reculer, faute d’argent.
Et ce n’est pas tout. Le secret pour faire sonner la caisse, c’est la pub. Sans elle, la ligne n’existe pas. Chaque semaine, il faut s’afficher dans différents médias, et ce, même si la ligne existe depuis des années et que son numéro est bien connu. Chez 1-976-3XXX, on estime dépenser au minimum 4 000 $ mensuellement pour avoir son nom dans des hebdos. "Si tu as un bon budget de pub, c’est là que ça peut devenir payant", confirme la porte-parole de la ligne.
En bout de ligne, qui se met quoi dans les poches? Sur la facture du client de 12 $ (2 $ la minute multiplié par les 6 minutes de l’appel), Bell Canada impose des frais de perception de 10 % (donc 1,20 $) et des frais à la minute de 0,30 $ pour la première et de 0,15 $ pour chaque minute supplémentaire. Bell Canada empoche donc 1,05 $ pour cet appel alors que le propriétaire de la ligne retire 9,75 $.
Depuis que Bell Canada a perdu le monopole des services téléphoniques, il est difficile de connaître le nombre d’utilisateurs des lignes 976. L’entreprise demeure vague, question de ne pas faire de cadeaux à la concurrence. Toutefois, par le passé, certains chiffres ont été avancés. En 1994, par exemple, elle estimait à 5,6 millions le nombre d’appels érotiques réalisés annuellement. À cette époque, le Québec et l’Ontario comptaient un total de 45 compagnies offrant 100 programmes 976. Un chiffre qui n’a cessé d’augmenter.
Histoires cochonnes
Carla était au chômage quand elle a vu une petite annonce indiquant un besoin de téléphonistes roses. À 40 ans, elle a tout misé sur sa belle voix pour gagner sa croûte. "J’ouvre et je ferme le téléphone quand je veux, dit celle qui travaille maintenant de jour comme secrétaire. C’est un bon sideline. Tu écoutes la télé, prends ton bain ou fais le ménage en attendant la prochaine sonnerie!" C’est un travail qui n’est toutefois pas sans inconvénients, surtout pour la vie de couple. À force de gémir sans y croire, sa libido a diminué. Malgré tout cela, Carla recommande ce travail qui n’est ni exigeant ni fatigant.
Sabrina (nom fictif) s’est aussi lancée dans cette aventure pour l’argent, alors qu’elle n’avait que la jeune vingtaine. Aujourd’hui, cette femme célibataire de 28 ans en retire encore son seul revenu et assure adorer son boulot. "Je trouve ça très plaisant de parler avec des gens différents. Il y a des hommes qui appellent juste parce qu’ils ont de la peine, parce qu’ils ont besoin de compagnie. Et moi, je peux faire un peu de tout pour eux." Selon les téléphonistes, environ la moitié des clients recherchent essentiellement une voix réconfortante pour chasser l’ennui; les autres veulent bien sûr réaliser leurs rêves et leurs fantasmes, comme promis dans la publicité.
Selon Sabrina, son travail ne se résume pas à haleter sans arrêt comme après un sprint de 100 mètres! Non, il nécessite un peu de psychologie et beaucoup d’imagination… surtout après des milliers d’appels reçus. "C’est un art, tu l’as ou tu ne l’as pas, explique celle qui se classe, bien sûr, dans la première catégorie. Il faut que tu aimes le monde, que tu sois capable de parler ouvertement, que tu sois chaleureuse de nature et capable de comprendre les gens."
Et pas question de répondre aux demandes les plus étranges. "La chose la plus bizarre qu’un homme m’ait demandée, ç’a été de japper, confie-t-elle. Je lui ai fait comprendre que ce n’était pas un truc normal et que s’il ne le faisait pas avant, je ne le ferais pas." Résultat: il ne l’a pas fait. La ligne de cette téléphoniste est ouverte pratiquement 24 heures sur 24. Elle sonne entre six et 30 fois par jour. Lorsqu’elle revient de faire l’épicerie, elle dépose ses paquets et remet l’appareil en fonction. Dès qu’il retentit, Sabrina décroche… et vend sa salade.
J’aimerais bien faire se travail.
Où est ce que je peux trouver les informations pour postuler ? ?ça fais longtemps que j’y pense
J’aimerai bien recevoir des appels… Comme je n’arrive pas à trouver un emploi et que j’ai besoin d’argent…..
Oui j’aimerais bien faire des appels érotiques. J’ai déjà de l’expérience pour massage donc je sais exactement quoi dire. J’écris aussi un livre érotique ….