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Temptation Island : L’hypocrisie made in USA
Depuis l’apparition de Temptation Island sur le réseau de télévision Fox, les Américains sont déchaînés. Comment peut-on tomber aussi bas?
Nathalie Collard
Depuis l’apparition de Temptation Island sur le réseau de télévision Fox, les Américains sont déchaînés. Comment peut-on tomber aussi bas? se demandent-ils à propos de ce reality show qui soumet des couples à la tentation de la chair en les larguant sur une île en compagnie de beaux célibataires minces et bronzés, à la libido déchaînée.
Cette émission arrive dans les salons alors que les Américains viennent tout juste d’élire un président on ne peut plus moral, George W. Bush, qui s’est empressé de couper les vivres aux cliniques d’avortement et d’ouvrir ses coffres aux groupes religieux qui l’ont porté au pouvoir.
Pas de doute, Temptation Island est le dernier symbole de l’ère Clinton au pays de Monsieur Propre. C’est la mise en scène des plus bas instincts de l’être humain. Et vous savez quoi? C’est une des émissions les plus regardées par les téléspectateurs âgés de 18 à 49 ans, la tranche d’âge la plus convoitée par les publicitaires.
Les annonceurs devraient se frotter les mains devant la manne. Or, certains d’entre eux lèvent le nez sur ce divertissement de bas étage, de peur de s’aliéner une partie du public qui trouve cette émission moralement condamnable, car mettant l’accent sur la sexualité débridée et les décolletés vertigineux, au détriment de valeurs plus importantes comme l’amour et la fidélité.
Quelle hypocrisie! Avez-vous regardé Survivor II: The Australian Outback dimanche dernier? L’émission a déjà un surnom: The Australian Baywatch. Où est la réalité dans ce jeu de survie où la plupart des participants sont beaux, sexy et sans une seule once de cellulite? Désolée, mais ça ne correspond pas à la réalité observée dans les rues de la plupart des villes américaines. Peut-on encore parler de réalité quand on sait que l’équipe technique dort à quelques kilomètres du site, dans un camp équipé d’électricité, d’eau courante et d’antennes paraboliques? Mais de quelle réalité parle-t-on quand on nous montre les concurrents réunis sur une montagne en carton, dans des décors qui rappellent les pires épisodes de Perdus dans l’espace?
Je ne dis pas que Temptation Island est une bonne émission, mais en quoi est-elle davantage répréhensible que le soporifique Big Brother qui passait son temps dans les chambres à coucher dans l’espoir qu’il se passe quelque chose entre deux concurrents? Et que dire des producteurs de l’émission qui sont allés jusqu’à demander à l’une des concurrentes d’exécuter un stip-tease, question de mettre un peu de piquant dans une émission qui n’a jamais levé?
Les Américains crachent leur dégoût sur Temptation Island mais la regardent. Ils parlent de valeurs morales mais ont fait de Who Wants to Be a Millionnaire, la quintessence de l’appât du gain, l’émission la plus populaire des dernières années.
Hypocrites et remplis de paradoxes, les Américains ont, à l’endroit de leur télévision, la même attitude qu’à l’endroit de leur président.
Malgré ses frasques sexuelles, Bill Clinton aura été le président le plus populaire de l’histoire des États-Unis. Il est remplacé par un homme de droite qui exécute les détenus la semaine et s’agenouille à l’église le dimanche.
Vive la contradiction!
Enjeux
L’an dernier, j’ai écrit trois fois plutôt qu’une que l’émission Enjeux était tombée au plus bas, dans la catégorie des émissions-poubelles, aux côtés des Dateline et autres produits américains basés sur le sensationnalisme.
Surprise! Depuis le début de la saison, l’équipe semble s’être ressaisie. Dans le choix des sujets tout d’abord, qui sont plus pertinents (clonage, hommes à la maison, effets du divorce sur les enfants). Et dans le traitement aussi. C’est moins "je veux vous faire brailler à tout prix". C’est d’ailleurs le grand défi du human interest. On ne niera pas l’importance du genre, il est désormais incontournable. Mais à la base du human interest, il doit y avoir ce souci d’informer tout en rapprochant la nouvelle des téléspectateurs. L’an dernier, Enjeux était à côté de la track. Cette année, on a renoué avec une certaine qualité. Pourvu que ça dure.
Le mardi à 21 h. Radio-Canada.
Sexe à New York
Dès le 6 février, Séries+ présentera la troisième saison de Sexe à New York (la version française fort acceptable de Sex and the City). Au programme: obsession du prince charmant, parties de jambes en l’air et réflexions sur le couple, l’image des femmes et l’estime de soi. Avec un retour marqué du très séduisant Big, qui viendra donner un accent un peu plus dramatique à cette comédie toujours aussi jubilatoire. En attendant la quatrième saison dont le tournage doit débuter bientôt et dont on pourra voir les épisodes originaux dès juin sur Bravo!.
Le mardi à 21 h sur Séries+.