Le Gala des Olivier: un long gag sans punch
Dimanche, TVA présentait la troisième édition du Gala des Olivier, une soirée visant à récompenser les humoristes qui, semble-t-il, ne se sentent pas suffisamment représentés au Gala de l’ADISQ.
Selon la firme Nielsen, plus de 1 800 000 téléspectateurs ont regardé cet interminable événement télévisuel pendant lequel on a remis huit trophées en 3 heures 11 secondes! (Ce qui fait environ un trophée toutes les 24 minutes.)
Des gags faciles sur Jean Chrétien, des présentations interminables (on pense à Dominic et Martin, un duo qui gagnerait à suivre quelques cours d’écriture), des imitations convenues et pas toujours réussies et, surtout, des textes bâclés et insignifiants. De la part d’humoristes, c’est plutôt embarrassant.
Au visionnement de presse de la sitcom Avoir su (une autre accident de l’humour québécois), le directeur des programmes de TVA, Philippe Lapointe, a revendiqué le droit à l’humour "épais" (dixit Louise Cousineau dans le quotidien La Presse). Eh bien, il a été servi dimanche! Seul Guy A. Lepage a fait bonne figure avec son numéro de madame Brossard, dans lequel il écorchait tous les grands noms de l’humour: Pierre Légaré, André-Philippe Gagnon, Daniel Lemire… Tout le monde y a goûté. À chaque apparition de Guy A. Lepage, une seule question surgit: où sont les descendants de Rock et Belles Oreilles?
Assis devant sa télé en compagnie de quelques amis, André Gloutney a, lui aussi, regardé le Gala des Olivier. Gloutney n’est pas un téléspectateur comme les autres. Il est archiviste au Musée Juste pour rire. C’est un maniaque d’humour qui collectionne tout ce qu’il trouve depuis l’âge de six ans. Il a débuté avec les bandes dessinées, mais l’arrivée du magnétoscope a changé sa vie. Depuis, il enregistre tout. Absolument tout.
Il était étudiant à l’École de l’humour quand Gilbert Rozon a entendu parler de lui. Le patron du Festival de l’humour lui a alors confié son centre de documentation. "À l’époque, nous étions 10 employés", se souvient André Gloutney. Sur le mur, une immense photo noir et blanc témoigne d’une époque plus faste. De l’équipe initiale, il ne reste plus que lui.
Son bureau est un véritable capharnaüm. Sa collection est évaluée à environ 30 000 cassettes. Au Musée, il dispose d’une antenne parabolique et de trois magnétoscopes. À la maison, il possède trois antennes paraboliques et 11 magnétoscopes, en fonction 24 heures sur 24.
"Je consomme environ 118 heures d’humour par semaine, dit-il. Je dors très peu, je regarde la télé toute la nuit."
Une des grandes qualités d’André Gloutney, c’est qu’il archive tout ce qu’il enregistre: talk-shows de fins de soirée, émissions humoristiques, sitcoms, dramédies (mélanges de drame et de comédie comme Sex and the City ou La Vie, la vie), numéros de stand-up comics… Il possède aussi les épisodes du Daily Show, l’émission humoristique qui a inspiré (le mot est faible) Stéphane Laporte pour La fin du monde est à sept heures.
Tout est répertorié dans un fichier informatisé.
Les concepteurs du Gala des Olivier lui ont demandé des images pour un numéro sur les Oscars. Il n’est pas rare que des auteurs ou des producteurs de télé lui s’adressent à lui pour obtenir des copies d’émissions. Et les humoristes le consultent pour savoir si un gag a déjà été fait dans le passé. André Gloutney est un trésor national. Et sa collection est internationale: Amérique du Nord, du Sud, Europe, Asie… Il peut compter sur le réseau de contacts du Festival Juste pour rire pour se procurer la dernière nouveauté russe ou pékinoise.
Même s’il se bidonne en regardant des Japonais se faire exploser des pétards dans le derrière, ses émissions préférées sont surtout américaines: Late Night with David Letterman, The Chris Rock Show, Dennis Miller Live, ainsi que certains petits bijoux britanniques qu’on ne peut malheureusement pas voir ici, à moins de posséder une antenne parabolique.
Il apprécie également le montage d’extraits d’émissions de télé signé André Lavoie et présenté dans le cadre de l’émission Infoman, les vendredis soir à 19 h à Radio-Canada.
Inutile de dire qu’André Gloutney s’est royalement emmerdé en regardant le Gala des Olivier. Il est assez critique à l’endroit de la télé humoristique québécoise.
"Nos émissions ont toutes le même style, remarque-t-il. On ne prend pas de risques, on n’est pas assez virulents. On rit de l’aspect physique d’un individu ou d’un politicien, on frappe sur les plus faibles, mais on n’ose pas faire de critiques sociales ou politiques. "
Récemment, le groupe TVA et ses partenaires obtenaient une licence pour l’exploitation du canal Ha!Ha!, une chaîne spécialisée consacrée à l’humour. Si j’étais patron de cette chaîne-là, je m’empresserais d’embaucher André Gloutney. Question de crédibilité.
Curb Your Enthusiasm
Les chanceux qui sont abonnés à The Movie Network peuvent voir Curb Your Enthusiasm, la nouvelle sitcom de Larry David, le créateur de Seinfeld. Aux États-Unis, l’émission est diffusée sur HBO, la chaîne câblée la plus audacieuse du pays.
À l’époque de Seinfeld, on disait que la sitcom avait été inspirée par la personnalité de Larry David. On en a la preuve avec Curb Your Enthusiasm. David parle, bouge et réagit comme Seinfeld.
La facture de l’émission, elle, ressemble davantage à The Larry Sanders Show: caméra à l’épaule, on suit Larry David dans son quotidien. La frontière entre la fiction et la réalité est d’autant plus floue que certains acteurs jouent leur propre personnage. On dit même que la série est tournée dans la maison de David.
Quant aux situations, elles sont très seinfeldiennes: malentendus, maladresses, relations interpersonnelles compliquées par une mauvaise communication. Ce sont là des thèmes chers à Larry David. Par contre, sa série est plus noire, plus sarcastique que Seinfeld, qui misait davantage sur des effets comiques. Bref, une des belles découvertes de ce début de saison 2001. Les vendredis à 20 h 30 sur The Movie Network.
Planète pub
La publicité a-t-elle plus de valeur quand elle est tournée par un cinéaste de renom? Jugez-en par vous-mêmes en regardant Planète pub, qui consacre son émission de cette semaine aux cinéastes. Au menu: des pubs signées David Lynch, Éric Zonca (La Vie rêvée des anges), Luc Besson, Tim Burton, Jean-Jacques Annaud et Étienne Chatilez (Tatie Danielle). La pub de la semaine: un message de 90 secondes pour le compte de la compagnie d’affichage JC Decaux, qui a demandé à des cinéastes de renom (dont Francis Coppola et Spike Lee) de livrer une vision de leur ville préférée en… 10 secondes. Anne-Marie Cadieux est invitée à donner ses commentaires. Dimanche 18 février, 16 h 30, en reprise vers minuit, sur TQS.