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No Logo!
Nathalie Collard
No Logo!
Êtes-vous écoeuré de voir votre écran de télé envahi par des logos corporatifs et des informations de toutes sortes? Est-ce vraiment nécessaire de nous rappeler que nous regardons RDI, le canal D ou le Réseau des sports? Avons-nous vraiment besoin de connaître l’heure, la météo et les cotes de la Bourse à chaque heure de la journée? Et que dire des initiatives comme celle de Canal Vie, qui nous rappelle le nom et le sujet de l’émission en cours: "Vous regardez Éros et compagnie et nous parlons de sodomie…"
Si ça continue, on va regarder notre émission préférée dans un espace grand comme un timbre-poste. Serait-ce un complot pour nous vendre de plus grands écrans de télé?
Sur le Net, on retrouve au moins deux associations américaines qui luttent contre ce fléau. La première se nomme Kill the bug (www.illumina.net/default.htm) et invite les gens à envoyer des lettres de protestation aux différents réseaux de télévision. Dans le texte de présentation, on dénonce l’envahissement à outrance de la publicité et des commanditaires de toutes sortes et on se demande: à quand le logo de Miramax ou de Disney dans le coin inférieur droit de l’écran de cinéma? Personnellement, je ne suis pas certaine que les cinéphiles sauteraient au plafond. Ils se résigneraient sans doute, comme l’ont fait les téléphages avant eux.
Autre site dédié à la lutte contre l’omniprésence des logos à la télé, celui de la Society for a logo free TV (colossus.net/nologo.html). qui a même élu son porte-parole, Conan O’Brien, l’animateur de talk-show de fin de soirée sur NBC.
À quand une initiative du genre au Québec? Allez, tous unis pour un écran de télé propre, propre, propre…
Flash et la compétition
La compétition entre les médias atteint parfois des sommets… de ridicule. Un exemple: la semaine dernière, le magazine d’actualités artistiques Flash (TQS) présentait un reportage sur le concours Ça m’chante, concours organisé par la radio de Radio-Canada où les enfants sont invités à rédiger un texte de chanson. Les textes gagnants sont interprétés par des chanteurs connus comme Daniel Boucher ou Mara Tremblay, et se retrouvent sur un disque, au plus grand bonheur des lauréats.
Or, tout au long du reportage, le nom de Radio-Canada n’a pas été mentionné une seule fois, et la caméra a exécuté des prouesses pour ne pas montrer le logo de la télévision d’État qui avait organisé la conférence de presse. Résultat: les téléspectateurs n’ont pas eu droit à toute l’information concernant ce concours.
Quand on décide de faire un reportage sur un événement, on le fait jusqu’au bout; ou alors, on n’en parle pas du tout.
Alain Dubuc en campagne?
L’éditorialiste en chef du quotidien La Presse, Alain Dubuc, songerait-il à briguer le poste de Jean Charest à la tête du Parti libéral du Québec? On aurait pu le croire en lisant les pages éditoriales du quotidien ces derniers mois. Monsieur Dubuc a entrepris une série d’éditoriaux, ou textes de réflexion, sur des questions concernant la société québécoise, comme la langue et l’impasse constitutionnelle.
Un esprit tordu aurait pu y voir l’ébauche d’un programme politique…
Vérification faite auprès du principal intéressé: oui, Alain Dubuc s’interroge sur l’absence inexplicable de Jean Charest sur la place publique; mais non, trois fois non, il n’a jamais écrit cette série de textes dans le but de préparer un saut en politique active.
"Je n’aime pas la politique, déclare l’éditorialiste. Je suis fédéraliste mais je n’ai pas d’atomes crochus avec le Parti libéral du Québec. Pour des raisons culturelles – je suis journaliste -, mes amis personnels sont en général plus près du PQ que du PLQ."
En fait, l’idée de cette série d’éditoriaux aurait germé il y a plus d’un an, à l’époque où le nom d’Alain Dubuc s’est retrouvé sur la "short-list" comme éventuel successeur à Lise Bissonnette à la direction du Devoir. Cette information avait soulevé un tollé dans la salle de rédaction du Devoir qui était pratiquement prête à prendre les armes pour s’opposer à la nomination de Dubuc.
"L’opposition venait en partie du fait que j’étais fédéraliste et donc, qu’on craignait que j’étouffe les voix souverainistes à l’intérieur du journal, explique Alain Dubuc. À l’époque, je m’étais dit que le débat n’était pas là et que si je dirigeais Le Devoir, les luttes se mèneraient ailleurs. Du moment que j’ai décidé de rester à La Presse, je me suis dit alors que je pouvais faire la même chose dans ce journal. La Presse est fédéraliste, mais l’objectif du journal n’est pas de lutter contre la souveraineté. Je voulais briser ce carcan-là, élargir le débat."
Pourquoi ne pas avoir écrit un livre dans ce cas? La réponse ne se fait pas attendre: "Parce que je voulais être lu! Et pour réitérer ma foi dans mon médium, la presse écrite."
Finalement, Alain Dubuc aurait peut-être eu sa place au Devoir. Il est capable d’écrire des éditoriaux-fleuve encore plus longs que ceux qui ont fait la renommée de Lise Bissonnette…
Les 30 ans d’Informaction
La maison de production Informaction célèbre ses 30 années d’existence et, pour l’occasion, les Rendez-vous du cinéma québécois présentent deux documentaires produits par cette boîte: Trafiquants des civilisations perdues, de Jean-Claude Bürger, un film qui raconte les aventures d’un archéologue qui se bat contre les pilleurs de trésors au Pérou (vendredi 23 février à 17 h 15 à la Cinémathèque); ainsi que Barbeau, libre comme l’art, un portrait du peintre Marcel Barbeau par sa fille Manon, réalisatrice du célèbre film Les Enfants du Refus global (le samedi 24 à 15 h, au cinéma de l’ONF).
Enfin, le jeudi 22, dans le cadre des 5 à 7 des Rendez-vous, il y aura une discussion sur la production documentaire québécoise (on parlera sans doute des difficultés que vit l’ONF ces jours-ci) en compagnie de Nathalie Barton d’Informaction.
Le destin tordu de Richard Parent
Le franc-tireur Benoît Dutrizac fait cavalier seul dans ce documentaire réalisé par André Saint-Pierre, où l’on vise à réhabiliter l’illustrateur Richard Parent dans notre mémoire collective. Mort à 35 ans, des suites d’un cancer fulgurant, cet artiste de talent (dont certains tableaux rappellent le célèbre Cri de Munch) est pratiquement inconnu du grand public. Pourtant, si vous avez feuilleté un magazine québécois entre 1980 et 1990, vous avez sans doute été exposé à son travail. Ses dessins sombres, violents et pas politically correct pour deux sous n’ont pas toujours trouvé preneur chez les décideurs culturels québécois, qui les trouvaient un peu trop "heavy". Dutrizac et Saint-Pierre dépeignent Parent surtout comme un être complexe, entier, déterminé et extra-lucide. À découvrir, le dimanche 25 février à 21 h 30, Télé-Québec.