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Droit de cité : Le retour du prophète
Éric Grenier
10 h
CINÉMA: MoïSE
(6) Can. 2001. Drame biblique réalisé et interprété par G. Tremblay, avec Georges Bossé, Vera Danyluk et Pierre Bourque. – Pour libérer son peuple de l’emprise des Forces des Ténèbres, un simple commerçant de "fragrances" agite une table de 10 promesses à l’aide de formules cabalistiques. – Scénario simplet et éculé. Effets spéciaux grossiers. Mise en scène conventionnelle. Jeu pittoresque de P. Bourque dans le rôle de Satan.
Démocratie circonstancielle
Avant même qu’il n’annonce sa candidature à la mairie, mardi matin, on savait déjà que Gérald Tremblay serait le candidat de la banlieue à la mairie du Grand Montréal. Alors, quand il s’est présenté mardi matin, plusieurs ont eu une impression de déjà-vu.
Normal, puisqu’il envoie des signaux en ce sens depuis deux mois, à commencer par une lettre qu’il a fait publier dans un quotidien montréalais, en début d’année. Une lettre moins analytique qu’intéressée, plus partisane que pamphlétaire, dans laquelle il convoquait les Montréalais à se donner un autre leader que Pierre Bourque. "Le futur maire devra savoir écouter autant les citoyens que ses collègues et ses conseillers, écrivait-il. En même temps, il devra exercer un véritable leadership, parce que le défi démocratique de Montréal l’exige."
Depuis cette sortie épistolaire, on savait que l’ex-ministre serait candidat. Entre-temps, tractations et jeux de coulisses lui ont donné le dessus sur un autre prétendant à la mairie, le président de l’Union des maires de banlieue, Georges Bossé.
En annonçant sa candidature dans son propre parti, Gérald Tremblay refuse l’invitation de Vera Danyluk et de Michel Prescott, le chef du RCM, à tenir une sorte de course à la chefferie, dans une coalition arc-en-ciel de partis qui se serait donné un candidat unique contre Pierre Bourque.
Gérald Tremblay met Prescott et Danyluk devant un fait accompli, les tenant déjà comme (presque) responsables de la victoire de Bourque s’ils ne se rallient pas à lui. C’est moins un appel au ralliement qu’à l’abdication.
On se serait cru revenu trois ans en arrière, quand un autre candidat, un certain Jacques Duchesneau, promettait une solution de rechange emballante à l’administration du moment. À l’instar de Tremblay aujourd’hui, Duchesneau était à l’époque la saveur du mois de la politique municipale. À l’instar de Tremblay, il n’avait pu faire consensus autour de sa seule candidature. Résultat: comme en 1998, nous nous dirigeons vers une fragmentation du vote anti-Bourque.
Pourquoi? Parce qu’on a usé du même processus qu’en 1998: on n’a pas créé un parti pour véhiculer des idées et des projets; on n’y a pas élu un chef pour faire avancer ces idées et ces projets; on a plutôt fondé un parti pour permettre l’élection d’un individu, et il a été nommé chef parce que c’est SON parti. On amalgame des gens autour de lui, et on lui écrit un programme qui lui va comme un gant. Une sorte de démocratie de circonstance.
L’entourage de monsieur Tremblay vous dira que tout cela est faux, qu’il a fait l’unanimité, qu’il jouit du plus grand appui, et que c’est parce qu’on le croit capable de réaliser une conception de la grande ville qu’on l’a choisi.
Ah oui! Qui ça, "on"? Quelle conception? Hormis une certaine caste, personne ne sait si Gérald Tremblay serait en effet le meilleur candidat de l’opposition contre le maire Bourque, laissant aux militants des autres partis d’autre choix que de les croire sur parole.
Le Tout-Montréal opposé à Bourque qui s’emmêle une fois de plus dans ses pinceaux et qui court sur des râteaux.
Mystères
Il faut contacter Mulder et Scully: il se passe des phénomènes étranges à Montréal, dans la banlieue proche de la quatrième dimension!
Les célèbres enquêteurs du FBI, affectés aux événements inexplicables par la science et/ou l’ivressomètre, pourraient peut-être expliquer pourquoi des candidats déclarés, mais non officiels, à la mairie d’une ville qui n’existe pas, peuvent faire campagne, sans faire campagne, à l’intérieur de partis politiques inexistants, et qui roulent sur des fonds réels, mais virtuels.
En effet, la loi électorale n’autorise pas la création de partis pour une ville qui n’existe pas: le nouveau Montréal ne verra le jour que dans huit mois. D’ici là, comment fait-on pour être élu? C’est là tout le mystère.
Au cabinet de Louise Harel, on déclare que c’est un oubli: on n’y avait pas pensé… Parce qu’il fallait faire vite pour voter la loi 170 créant la ville de Montréal, on a tourné les coins ronds. Combien d’autres surprises comme celle-là nous réserve la loi?
En attendant, seuls les partis déjà existants dans la ville de Montréal actuelle ont le droit de récolter des fonds, et de faire campagne. Pierre Bourque organise un souper-bénéfice à 500 dollars le couvert réunissant les grosses légumes, tandis que ses opposants doivent demeurer cois dans le coin, regardant passivement l’autre écrémer les ressources financières derrière des portes closes et des fenêtres barricadées, à l’abri des regards indiscrets des citoyens.
Diantre! que la vie est injuste.